FERNIE, C.-B. — Une société minière canadienne de charbon fait face à la plus lourde amende imposée en vertu de la Loi sur les pêches après avoir plaidé coupable de contamination des voies navigables dans le sud-est de la Colombie-Britannique.
Teck Coal, une filiale de Teck Resources, doit payer 60 millions $ après qu’un juge a accepté vendredi une soumission conjointe d’Environnement Canada et de l’entreprise.
Le charbon est extrait à Elk Valley en Colombie-Britannique depuis des décennies. Teck Coal a acheté les mines en 2008.
Le tribunal a appris qu’il y avait déjà à ce moment 2,2 milliards de mètres cubes de déchets de roche stérile pouvant atteindre 100 mètres.
Les roches laissent s’échapper du sélénium et de la calcite.
Indispensable à la vie à petites doses, l’élément sélénium en grande quantité peut provoquer des déformations des poissons et des échecs de reproduction. La calcite est un minéral qui détruit l’habitat dont la truite a besoin pour se reproduire en recouvrant le fond des cours d’eau.
«Avant 2009, Teck Coal savait que le sélénium et la calcite pouvaient être nocifs pour l’environnement», a déclaré le procureur fédéral Alexander Clarkson au tribunal de Fernie, en Colombie-Britannique. «Teck Coal n’avait pas de plan global pour résoudre le problème du gisement de déchets des mines de charbon.»
Les enquêteurs d’Environnement Canada ont découvert en 2012 que les concentrations de sélénium atteignaient 90 microgrammes par litre dans la rivière Fording et jusqu’à 177 microgrammes dans les bassins de décantation des mines. Les deux relevés sont plusieurs fois plus élevés que les niveaux considérés comme sûrs pour les écosystèmes fluviaux.
En amont des mines, les concentrations de sélénium étaient d’environ un microgramme par litre.
En 2020, les enquêteurs ont conclu que Teck n’avait pas agi de manière suffisante pour résoudre le problème et ont donné des instructions à l’entreprise sur la qualité de l’eau. Des accusations ont été portées mercredi.
La rivière Fording et d’autres cours d’eau de la région abritent la truite fardée versant de l’ouest, une espèce indigène considérée comme en voie de disparition. En 2020, les propres recherches de Teck ont montré que ces populations de poissons s’étaient presque effondrées.
Vickie Thomas, de la première nation Ktunaxa, a déclaré que son peuple accorde encore de l’importance à ce secteur, mais que la contamination a fait des ravages.
«Le fait de savoir que l’habitat du poisson est touché par ces eaux polluées suscite des inquiétudes pour la sécurité de tous les poissons ainsi que pour la nation Ktunaxa», a-t-elle déclaré devant le tribunal. «Le résultat est une aliénation de notre peuple de nos terres et de nos eaux.»
Teck Coal a dit au tribunal avoir dépensé près d’un milliard de dollars depuis 2011 dans le but de maîtriser le sélénium et a affirmé prévoir de dépenser 655 millions de dollars supplémentaires au cours des quatre prochaines années.
L’entreprise a déclaré avoir agrandi et amélioré les installations qui peuvent traiter jusqu’à 20 millions de litres d’eau par jour et éliminer 95% du sélénium.
«À la première nation Ktunaxa… et à nos collectivités d’Elk Valley, nous regrettons profondément ces impacts et nous nous excusons», a déclaré une lettre ouverte du président de Teck Resources, Don Lindsay.
«Vous avez mon engagement que nous ne faiblirons pas dans nos efforts pour relever ce défi et travailler pour garantir la protection de l’environnement.»
La quasi-totalité de l’amende, 58 millions de dollars, est destinée au Fonds fédéral pour dommages à l’environnement pour soutenir des projets qui profitent à l’environnement. Les deux millions de dollars restants sont destinés aux revenus généraux.