Un ex-policier témoigne au procès qu’il croyait que George Floyd allait bien

SAINT PAUL, Minn. — Un ancien policier de Minneapolis accusé d’avoir violé les droits civils de George Floyd a témoigné lundi qu’il croyait que le suspect allait bien alors qu’il était menotté, face contre terre dans la rue avec le genou de l’agent Derek Chauvin pressé contre son cou – jusqu’à ce que les ambulanciers arrivent et retournent la victime.

Thomas Lane, âgé de 38 ans, a déclaré lors du procès en Cour fédérale que c’était alors la première fois qu’il voyait le visage de M. Floyd depuis que la police avait mis l’homme noir de 46 ans au sol, tout en luttant pour l’arrêter. Avant cela, alors qu’il tenait les jambes de M. Floyd, l’agent Lane pensait avoir vu la poitrine de Floyd monter et descendre, a-t-il témoigné, et croyait que l’homme avait toujours une tension artérielle, en se basant sur les veines dans son bras.

M. Lane est le troisième des ex-policiers de Minneapolis à témoigner lors de leur procès. Thomas Lane, Tou Thao et J. Alexander Kueng sont accusés d’avoir violé les droits constitutionnels de l’Afro-Américain George Floyd lorsque l’agent Chauvin a pressé son genou dans son cou pendant 9 minutes et demie. M. Floyd est mort par la suite. 

L’agent Lane tenait les jambes de M. Floyd, alors que son collègue Kueng était agenouillé sur le dos de la victime et que l’agent Thao maintenait les passants à distance.

Les trois policiers sont accusés d’avoir privé M. Floyd de son droit à des soins médicaux. Les agents Kueng et Thao sont également accusés de ne pas être intervenus pour arrêter leur collègue Chauvin. L’agent Lane ne fait pas face à cette accusation: il avait suggéré à deux reprises de tourner M. Floyd sur le côté.

Ce drame, survenu le 25 mai 2020, a déclenché des manifestations dans le monde entier et une réflexion majeure sur le racisme et la police.

Devoir d’assistance 

Lors du contre-interrogatoire, M. Lane a admis à la procureure Samantha Trepel que sa formation de policier l’obligeait à intervenir et fournir des soins médicaux si nécessaire. Il a déclaré que lorsque quelqu’un n’a plus de pouls, la réanimation cardio-respiratoire (RCR) doit être amorcée dès que possible, «dans des situations idéales» — mais il a ajouté que ce n’était pas toujours possible dans l’exercice des fonctions policières. 

Plus tôt, l’ex-agent Lane a témoigné que M. Floyd avait résisté lorsque les policiers tentaient de le faire monter dans une voiture de police. Les policiers répondaient à une plainte selon laquelle M. Floyd avait utilisé un faux billet de 20 $ dans un dépanneur. M. Lane a indiqué au tribunal qu’il avait appelé une ambulance parce que M. Floyd saignait.

Une fois que les policiers ont plaqué M. Floyd au sol, a déclaré l’agent Lane, ils ont envisagé d’utiliser des contentions qui auraient permis que le suspect soit allongé sur le côté et puisse respirer plus facilement. Mais selon l’agent Lane, il a été suggéré de ne pas utiliser cette méthode, car les sangles auraient dû être retirées à l’arrivée des ambulanciers, qui étaient en route.

M. Lane a aussi déclaré qu’il avait suggéré de relever les jambes de M. Floyd, car il donnait des coups de pied, mais que «l’officier Chauvin a dit: « Non, tout va bien »».

M. Lane a par ailleurs indiqué que M. Floyd avait cessé de résister après environ quatre minutes plaqué au sol. Il se souvient avoir demandé si on ne devrait pas le coucher sur le côté, mais l’agent Chauvin aurait refusé.  

Massage cardiaque

Lorsque l’ambulance est arrivée, un technicien paramédical a vérifié le pouls dans le cou de M. Floyd. Étant donné que l’ambulancier n’a pas agi avec urgence, M. Lane a cru que M. Floyd allait toujours bien.

Mais une fois qu’il a vu le visage de M. Floyd, le policier dit qu’il est monté dans l’ambulance pour donner un coup de main et on lui a demandé de faire des compressions thoraciques, a-t-il dit.

Les procureurs ont fait valoir que les policiers n’avaient pas respecté ce qu’ils avaient appris en formation en ne couchant pas M. Floyd sur le côté ou en ne lui faisant pas de réanimation cardio-respiratoire, et que même les passants pouvaient voir que la victime avait des ennuis. Les avocats des policiers ont plaidé la formation inadéquate du service de police et ont mis en évidence une culture qui, selon eux, mettait l’accent sur la déférence envers les officiers supérieurs comme Chauvin.

M. Lane a convenu avec Me Trepel qu’il avait été formé pour ne pas laisser un suspect couché, si possible. Il a également reconnu que dans une déclaration aux enquêteurs de l’État environ six jours après le drame, il a estimé que la situation «aurait pu être gérée différemment».

Les agents Kueng et Thao ont déjà témoigné dans ce procès, la semaine dernière. L’ex-policier Kueng a déclaré qu’il s’en était remis à son collègue Chauvin, l’officier supérieur sur les lieux. L’agent Thao a déclaré qu’il comptait sur les trois autres pour répondre aux besoins médicaux de M. Floyd, pendant que lui était affairé à contrôler les badauds et la circulation.

Lane, qui est Blanc, Kueng, qui est Noir, et Thao, qui est Hmong-Américain, feront également l’objet d’un procès distinct en juin pour avoir aidé et encouragé le meurtre et l’homicide involontaire de George Floyd.

Chauvin, qui est Blanc, a été reconnu coupable de meurtre par un tribunal d’État et condamné en juin dernier à 22 ans et demi de prison. Il a plaidé coupable en décembre à une accusation fédérale de violation des droits constitutionnels de George Floyd.