Terre-Neuve-et-Labrador rapporte un sommet dans les décès survenus à l’urgence

SAINT-JEAN, T.-N.-L. — De premiers intervenants de Terre-Neuve ne sont pas surpris que la province ait enregistré un sommet en cinq ans du nombre de personnes décédées dans les services d’urgence en 2022.

Jamie Budden, le chef des pompiers de Whitbourne, affirme que les personnes malades ou blessées de sa région doivent voyager beaucoup plus loin depuis que la salle d’urgence locale a fermé «temporairement» le 27 juin 2022 et n’a jamais rouvert.

La distance occupe les ambulances plus longtemps, et M. Budden dit que cela peut signifier que les victimes d’accidents de véhicules attendent parfois plus de 30 minutes pour une ambulance.

Avec l’attente et les distances supplémentaires, il se demande souvent si la personne qu’il a placée à l’arrière d’une ambulance survivra.

«Si papa ou maman commence à avoir mal à la poitrine, vers sept heures le soir, ils vont devoir attendre avant d’arriver à l’urgence, souligne M. Budden en entrevue. Est-ce qu’ils vont survivre? Est-ce qu’ils vont mourir? Il faut agir rapidement dans ces cas-là, pas deux heures plus tard parce que l’ambulance était prise dans une tempête de neige.»

Selon les chiffres du ministère de la Santé, 326 personnes sont décédées dans les services d’urgence de la province en 2022, contre 262 au cours de chacune des deux années précédentes.

En 2019 et 2018, il y a eu 266 et 283 décès aux urgences, respectivement. Les données «pourraient» inclure ceux qui ont été déclarés morts aux urgences, mais qui sont décédés avant leur arrivée.

La plus grande autorité sanitaire de la province, Eastern Health, qui comprend l’hôpital de Whitbourne, a refusé de commenter ces données.

Les patients arrivent plus malades

Le président de l’association médicale de la province, le docteur Kris Luscombe, affirme quant à lui que de nombreuses personnes ne subissent pas de dépistage régulier pour des problèmes de santé parce qu’elles n’ont pas de médecin de famille.

Le docteur Luscombe, qui est psychiatre, explique que cela fait en sorte que les personnes qui se présentent aux urgences pour des soins psychiatriques sont les plus malades qu’il a vues depuis une décennie.

«Donc je me demande si ce problème est vraiment répandu», se questionne-t-il.

Cette hausse des décès aux urgences à Terre-Neuve-et-Labrador est inquiétante selon lui. Il note aussi que la pénurie de médecins de famille dans la province pourrait aussi avoir un rôle à jouer pour expliquer ces chiffres.

Non seulement les gens ne subissent pas d’examen régulier en raison du manque de médecins de famille, mais ils peuvent aussi attendre plus longtemps avant de consulter un professionnel de la santé lorsqu’ils sont malades et que l’urgence, où les temps d’attente sont extrêmement longs, devient leur seule option.

«Et encore une fois, il faut se demander si cela augmente les risques pour les patients avec des problèmes de santé importants et s’il peut y avoir d’autres effets négatifs», ajoute le docteur  Luscombe.

Un problème dans les provinces voisines aussi

La Nouvelle-Écosse a également connu un sommet en cinq ans de décès aux urgences en 2022, avec un bond de 10 % à 558 contre 505 personnes.

Le Réseau de santé Vitalité du Nouveau-Brunswick a fourni des chiffres montrant un pic en 2021, avec 267 décès. Le Réseau de santé Horizon de la province n’a fourni aucun chiffre.

Les données des responsables de la santé de l’Île-du-Prince-Édouard montrent que la province a connu un sommet en cinq ans en 2018, avec 49 décès. En 2022, 48 décès aux urgences ont été signalés, comparativement à 32 l’année précédente.

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