Trois des quatre principaux partis ontariens promettent de modifier le système électoral. Selon une politologue, l’objectif est bien noble, mais difficile à atteindre.
Le NPD et les Verts réclament une forme de représentation proportionnelle tandis que le chef libéral Steven Del Duca promet de démissionner de son éventuel poste de premier ministre s’il n’a pas réussi en un an à faire adopter un système à bulletin préférentiel.
Le chef progressiste-conservateur Doug Ford n’a rien dit à ce sujet, mais il a déjà indiqué ne pas être enclin à modifier le système électoral.
«Nous avons besoin de politiciens et de dirigeants qui doivent plus collaborer et de travailler au-delà de la ligne des partis au lieu de répéter la même vieille politique, a lancé M. Del Duca au cours d’un arrêt de campagne à Thunder Bay, dimanche. Doug Ford veut un retour en arrière, mais nous voulons nous assurer que notre système politique, notre démocratie, la façon dont nous élisons les partis et les dirigeants, suivent l’évolution du temps.»
Cristine de Clercy, une professeur agrégée de sciences politiques de l’Université Western, rappelle que s’il est facile de parler de réforme électorale au cours d’une campagne, il est plus difficile de passer à l’action une fois au pouvoir.
«Si on examine l’histoire des réformes électorales au Canada au cours des 20 dernières années sur le plan provincial, on peut conclure qu’il est improbable qu’un parti y parvienne, même au cours des 20 prochaines années.»
Plusieurs référendums ont été organisés en Colombie-Britannique sur cette question, mais la Pre de Clercy observe que les partisans des réformes les ont souvent perdus.
L’organisation progressiste-conservatrice n’a pas immédiatement répondu aux questions portant sur la réforme électorale.
Selon la Pre de Clercy, il existe de bonnes raisons pour préférer maintenir le système en place.
«Un système multipartite concurrentiel existe en Ontario, dit-elle. Si on adopte une réforme penchant vers un système plus proportionnel, il sera très improbable de former un gouvernement majoritaire. Nous aurons toujours des gouvernements minoritaires, lesquels sont par définition instables, car une coalition peut tomber à tous instants, amenant le déclenchement de nouvelles élections.»
Elle dit comprendre les hésitations de M. Ford sur la réforme électorale compte tenu de la nature de son parti.
«Les conservateurs sont idéologiquement parlant, le parti de la tradition sur la scène politique canadienne», fait-elle valoir.
Les trois autres partis disent que le système actuel n’est pas acceptable.
Le NPD d’Andrea Horwath favorise un système proportionnel mixte, donnant une certaine forme de stabilité à un gouvernement issu d’un tel scrutin. Dans un tel système, certains députés seraient élus dans des circonscriptions et d’autres sur des listes fournies par les partis.
Ce système avait été proposé par un comité de citoyens ontariens sur la réforme électorale, mis sur pied par un ancien gouvernement libéral en 2006.
«C’est la population de l’Ontario, au cours d’assemblées constituantes, qui a recommandé un système proportionnel mixte. C’est la raison que nous l’avons adopté», a déclaré Mme Horwath, samedi.
Toutefois, quand la proposition avait été rejetée par les électeurs lors d’un référendum qui s’était déroulé en même temps que les élections de 2007.
De son côté, le Parti vert aimerait mettre en place un système complètement proportionnel, mais laisse entendre dans son programme qu’il formera des assemblées de citoyens dont le mandat sera de proposer des recommandations contraignantes.
Les libéraux, les néo-démocrates et les verts souhaitent permettre aux municipalités de choisir le bulletin préférentiel, comme en 2018.
Mais le gouvernement progressiste-conservateur a annulé cette possibilité en 2020, une mesure qualifiée de «brutale» par Mme Horwath.
– Avec la collaboration de Jessica Smith et de Maan Alhmidi.