Trois ministres ont été défaits lors des élections au Nunavut

IQALUIT, Nunavut — Trois ministres du Nunavut ont été défaits lors des élections générales de lundi, les cinquièmes à se tenir dans ce territoire de l’est de l’Arctique depuis sa création en 1999.

Il n’y a pas de partis politiques au Nunavut, qui a adopté le système de gouvernement de consensus: les députés élus se réuniront dans quelques jours pour choisir parmi eux les personnes qui seront premier ministre et ministres. Une chose est sûre: il y aura un changement à la tête du gouvernement, puisque le premier ministre sortant, Peter Taptuna, n’était pas candidat cette fois-ci.

Selon le bureau du Directeur général des élections, la météo favorable de lundi a permis l’ouverture en continu des 72 bureaux de scrutin. Le taux de participation a atteint 81 pour cent dans certaines circonscriptions, et ne dépassait pas 50 pour cent dans quelques-unes seulement.

Somme toute, le premier ministre Taptuna laisse en bon état le territoire de 36 000 habitants, qui faisait partie autrefois des Territoires du Nord-Ouest. L’équilibre budgétaire est maintenu, trois mines sont présentement en production et plusieurs autres sont en chantier, et le Conference Board du Canada prévoit une croissance de 4,9 pour cent cette année, un taux supérieur à la moyenne nationale. Le gouvernement a aussi adopté une loi linguistique qui assure que les services pourront être offerts en inuktitut.

Par ailleurs, des problèmes sociaux persistent, notamment une pénurie de logements, responsable en partie d’un taux de prévalence de la tuberculose 50 fois plus élevé que dans le reste du pays. Le suicide, un fléau qui touche plusieurs communautés autochtones au pays, n’épargne pas le Nunavut. Le gouvernement Taptuna avait décrété l’état de crise et nommé un haut fonctionnaire pour superviser une nouvelle stratégie de prévention, qui prévoit notamment une veille sur les médias sociaux.

Le système d’éducation, partagé entre l’anglais et l’inuktitut, forme des jeunes gens qui se débrouilleraient mal dans les deux langues, selon plusieurs observateurs. Le gouvernement Taptuna n’a pas réussi à faire adopter un projet de loi sur l’instruction publique qui aurait instauré l’enseignement en inuktitut.

Le nouveau gouvernement du Nunavut devra par ailleurs négocier avec Ottawa une nouvelle entente qui accorderait au vaste territoire les pleines compétences sur ses terres et ses ressources, à l’instar des provinces. Des discussions ardues avec Ottawa sur la tarification du carbone sont aussi à prévoir: M. Taptuna plaidait jusqu’ici que cette stratégie nationale est inéquitable pour les citoyens du Nord.