Abandon du 3e lien: «Comme une gifle en plein visage»

QUÉBEC — Bellechasse ne décolère pas. Le recul de la Coalition avenir Québec (CAQ) sur le troisième lien autoroutier continue de provoquer l’insatisfaction des élus et des acteurs de la MRC située dans la région de Chaudière-Appalaches. Et la rencontre qu’ils ont eue jeudi avec la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, n’a rien fait pour arranger les choses. 

«C’est comme une gifle en plein visage pour le milieu rural et les régions», lance le directeur général de l’organisme Développement économique Bellechasse, Alain Vallières, au sujet du recul de la CAQ. 

C’est lui qui a invité la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, à une rencontre avec des élus et des acteurs économiques de la MRC pour discuter du troisième lien. 

«Ce qu’on a entendu ne répond pas à nos attentes. Ce qu’on retient, c’est un discours urbain (…) On s’est senti très lésé par les promesses depuis 2018 qui n’ont pas été respectées», a-t-il ajouté.

La discussion s’est tenue à Saint-Lazare-de-Bellechasse, située à 65 km au sud-est de Québec.

Le préfet de la MRC Bellechasse, Yvon Dumont, également présent lors des discussions, doute du fait que Mme Guilbault n’était pas au courant au moment de l’élection qu’un scénario de troisième lien consacré au transport en commun était à l’étude. 

«Et quand on voyait M. Legault nous dire: ‘‘coûte que coûte, peu importe le résultat des études, on va le faire le troisième lien’’, ça me fait suer», lance-t-il.

Les acteurs présents lors de la rencontre demandent un lien à l’est qui permettrait aux véhicules lourds qui transportent des marchandises de traverser d’une rive à l’autre. 

Or, Mme Guilbault a fermé la porte à cette demande. «En ce moment, il n’est pas question de faire un troisième lien routier, que ce soit à l’est ou au centre-ville», a-t-elle affirmé au sortir de la rencontre. La ministre a reconnu qu’il y avait «beaucoup de déception».

La précédente mouture du projet de troisième lien avec deux tunnels de centre-ville à centre-ville aurait exclu le transport de marchandises lourdes. 

La ministre a été accueillie de pied ferme à Saint-Lazare-de-Bellechasse. À l’entrée de la municipalité, une affiche indique: «Lien autoroutier Rive Sud/Rive Nord, ON Y TIENT!». 

Mme Guilbault a proposé la création d’une «structure de communication» pour maintenir un canal de discussion avec les représentants de Bellechasse et échanger sur des «enjeux précis de mobilités entre les deux régions».

La députée caquiste de la circonscription, Stéphanie Lachance, était également présente lors de la rencontre. 

«Ils nous ont tenus dans le noir»

Cette rencontre survient la même journée où Radio-Canada rapportait que le ministère des Transports avait demandé une analyse sur un scénario d’un troisième lien consacré au transport collectif le 30 juin 2022, soit quelques mois avant les élections. Or, le cabinet du ministre des Transports de l’époque, François Bonnardel, ne peut assurer clairement s’il savait.

Pour le député solidaire Sol Zanetti, il ne fait pas de doute que la CAQ a caché des informations aux électeurs au sujet du troisième lien.

«Ils le savaient avant la dernière élection. Ils envisageaient des choses et ils nous ont tenus dans le noir et ça, c’est la chose qui me choque le plus, peu importe qu’on soit d’accord ou non avec un tunnel autoroutier», a tonné le député solidaire jeudi matin en point de presse. 

«On avait le droit de savoir et aujourd’hui la CAQ paie le prix de son manque de transparence», a-t-il ajouté. 

«Je ne le crois pas»

Le chef de l’opposition officielle, Marc Tanguay, croit que François Bonnardel était nécessairement au courant. «Je n’ai pas la preuve, mais moi, personnellement, je ne le crois pas, a-t-il dit en mêlée de presse jeudi matin. Vous ne pouvez pas être ministre des Transports de la CAQ en 2022 et ne pas être au courant de ce qui se passe concernant le troisième lien dans votre ministère.»

Selon le péquiste Pascal Bérubé, qui a été ministre par le passé, il est certain que l’actuelle ministre des Transports, Geneviève Guilbault, avait été informée du scénario également. 

«La première chose qu’on apprend, c’est la responsabilité ministérielle. La deuxième, c’est que le sous-ministre va faire en sorte que toute information majeure, et on peut penser que c’est un dossier majeur, sera portée à l’attention du ministre. Alors à moins de faire de l’aveuglement volontaire, de la rétention d’information ou des affirmations sélectives, la ministre savait», a-t-il soutenu. 

L’abandon du troisième lien autoroutier, une promesse phare de la CAQ, continue de hanter le gouvernement Legault. La ministre Guilbault a affirmé que la pandémie et le télétravail ont réduit l’achalandage entre Québec et Lévis. Résultat: un tunnel pour les voitures n’est plus justifié.

Or, depuis cette annonce, de nombreux faits sont venus miner la crédibilité des explications de la ministre.

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« « Mme Guilbault a proposé la création d’une «structure de communication » pour maintenir un canal de discussion avec les représentants de Bellechasse et échanger sur des « enjeux précis de mobilités entre les deux régions ». »

Mais ailleurs lit-on qu’aurait-elle dit à propos de ladite structure de communication:
« Je sens que c’est un besoin [chez/pour X Y] d’avoir l’impression de participer directement aux discussions, et on va leur donner cette possibilité-là. »
= va-t-on leur donner… l’impression… de participer ou d’avoir participé…

On a déjà vu mieux en fait d’invitation ou d’acceptation que « le monde »
puisse participer au(x) «processus» – (qu’elle chérit plus que quiconque)

Après, donc, en avoir décidé, eux seuls, puis avoir fouèré avec et l’avoir
oblitéré, seuls aussi; voilà que la même ‘game’ ou même « processus »
se voit repris de plus belle; savoir qu’on ignore ce qu’on va faire, ignore
comment on va le faire, combien il en coûtera; mais, mais, mais, certes
le fera-t-on! Pas de discussion(s)! Pas question d’en jaser avec vous…

Pas question, encore moins, de mettre la chose sur pause un instant…
Quoique serait-ce ce qui s’impose à ce moment-ci. Question de laisser
refroidir les esprits et le climat, considérant qu’une année de plus ou de
moins – concernant une oeuvre de si grande envergure tablant pour un
siècle…, serait-ce démesuré?

Serait-ce inconcevable, irrationnel que la ‘population’ puisse en délibérer
à fond, en long et en large, tout le monde, du devenir, de la conception,
de l’organisation, de la structuration et de l’infrastructuration des (modes
ou moyens de) transports et déplacements autour de et à Québec ? ? ?

À les entendre, ces deux-là [PM & v.-PM], il semblerait que non, ce ne
le serait pas – concevablenvisageable – que le peuple puisse avoir un
mot à dire là-dedans. Seuls eux pourraient en décider, avec ou sans
analyse sérieuse ou délibération préalables. Ainsi procède-t-on à la
CrAQ, on décide de faire qqch, on jure que ça se fera indépendamment
d’études a posteriori en invalidant la souhaitabilité, faisabilité ou logique;
ensuite informe-t-on que non on ne le fera point mais qu’fera-t-on certes
autre chose; suivant même « ‘algorithme’ » que précédemment, i.e. par
impulsion ou intuition priministérielles ou/et vice-priministérielles, hein?

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S’il n’y avait que « les oppositions [qui] ne croient pas » !…

De plus en plus de gens ne peuvent maintenant ne pas se demander
quel est le « problème » de ce gouvernement; si c’en est un de manque
d’intelligence et clairvoyance, ou de mauvaise foi, de duplicité, de duperie.

Chose certaine, l’écoute et la sensibilité ne sont pas ses valeurs premières.
Des milliers sont en deuil et la ministre trouve moyen de s’amuser pendant
une séance de questions.

Et la crise n’advient pas n’importe où; dans le château fort d’électeurs partisans
affichés, «mordus» de ce gouvernement; ah, mordus, oh oui, ils viennent d’l’être
‘mordus’…

Il sera intéressant d’entendre — (oh oui, ça aussi, à Québec on y parle…) —
comment se dénouera tel imbroglio
au pays de l’oralité

lieu des plus historiques, Québec, en Amérique
néanmoins n’est-ce pas là qu’y fait-on oeuvre d’écriture
témoin/témoignage millénaire le plus classique de l’Histoire

non, à Québec, on parle; la radio demeure maîtresse
si bien que lorsqu’arrive LA Maîtresse d’école avec sa pile
de milliers et milliers de pages d’écritures, mais quel désarroi!

Jusqu’à ce que monsieur r’vire complètement sa veste de bord
après avoir taclé les Montréalais qui regarderaient Québec de haut
et leur avoir donné raison sur le fond en accréditant leur lecture de la chose…

hum, eh bien, le citoyen « ‘moyen’ » a de plus en plus de bonnes raisons de
se poser des questions / oui, de se les poser à/en soi, car inutile de les poser
au gouvernement même, qui n’accepte pas d’être questionné ou remis en question

Qui eût cru qu’en reviendrait-on si vite au Couillard ‘way’, qui avait perdu sa
place justement en très grande partie en raison de son obstination à ne pas
vouloir reconnaître avoir proféré une bête sottise en prétendant qu’on puisse
faire la semaine, une famille de quatre (avec ados), avec une épicerie de 75$!

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