OTTAWA — Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que des renseignements venant de multiples sources indiquent que l’avion ukrainien qui s’est écrasé près de Téhéran, mercredi, aurait été abattu par un missile iranien.
Il a ajouté qu’il est possible que cela ait été fait involontairement.
Les nombreuses questions entourant la cause de cette tragédie confirment la nécessité de mener une enquête «approfondie, crédible et complète», a répété M. Trudeau, ajoutant que le Canada travaille avec ses alliés dans ce sens.
«À la lumière de ces nouvelles informations, il est plus important que jamais que nous sachions comment une telle tragédie a pu arriver. Les familles des victimes et tous les Canadiens veulent des réponses. Je veux des réponses», a-t-il martelé lors d’une conférence de presse jeudi après-midi à Ottawa.
L’écrasement a tué tous les passagers à bord de l’avion, dont 138 personnes qui se dirigeaient vers le Canada. Au moins 63 passagers étaient des citoyens canadiens.
L’écrasement est survenu quelques heures seulement après que l’Iran a lancé une frappe de missiles contre des bases militaires irakiennes abritant des troupes américaines, après l’assassinat ciblé par les États-Unis d’un important général iranien en Irak.
«Je pense qu’il y a beaucoup de questions auxquelles les gens vont réfléchir et on va chercher des réponses. Pour l’instant, ça souligne tout simplement l’importance d’avoir une enquête complète, crédible, pour qu’on ait les faits sur lesquels on va pouvoir ensuite pencher nos réflexions et notre analyse», a-t-il répondu.
Comme la veille, M. Trudeau a esquivé les questions sur la responsabilité des États-Unis dans l’escalade de ces tensions dans la région.
«Je pense qu’il est trop tôt pour tirer des conclusions ou adresser un blâme ou une responsabilité de quelque proportion. En ce moment, nous concentrons nos efforts pour soutenir les familles endeuillées à travers le pays et fournir les réponses que nous pouvons de façon préliminaire», a-t-il assuré.
Le ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, s’est entretenu avec son homologue iranien tard en soirée mercredi.
M. Champagne soutient qu’il y a une «ouverture» de la part de l’Iran pour l’octroi rapide de visas afin d’offrir un meilleur accès à des services consulaires, afin d’aider à l’identification des victimes et pour assister dans l’enquête en cours.
Des employés sont déjà en route vers Ankara, en Turquie, afin d’assurer des services consulaires sur le terrain.
Le Canada ne sait toutefois pas encore quelle sera sa part de responsabilité dans cette enquête ou si des experts canadiens pourront examiner les boîtes noires, ces dispositifs qui servent à déterminer les causes d’un écrasement d’avion.
«Pour l’instant, l’Iran a indiqué qu’il allait garder les boîtes noires chez eux, mais ils ont indiqué au président (Volodymyr) Zelensky de l’Ukraine que les enquêteurs ukrainiens auraient au moins accès à ces boîtes noires», a répondu M. Trudeau.
Le Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) a dit jeudi avoir été «invité à se présenter sur le site de l’accident par le bureau d’enquête sur les accidents d’aéronefs de la République islamique d’Iran», en vertu de la Convention relative à l’aviation civile internationale.
«Nous avons accepté cette invitation et prenons des dispositions pour se rendre sur le site. Le BST collaborera avec les autres groupes et organisations qui sont déjà sur place», a indiqué le BST par communiqué.
Mais ce processus d’enquête pourrait prendre du temps. À la lumière de la tragédie de Malaysia Airlines, il pourrait se passer des années avant que les familles des victimes obtiennent des réponses à leurs questions.
«Quand on a regardé d’autres tragédies aériennes, on reconnaît que ces enquêtes complètes prennent un certain (…) temps. On est au deuxième jour et on est déjà en train de partager des conclusions préliminaires pour donner plus de réponses et plus de clarté aux citoyens et aux familles (…) qui souffrent énormément», a souligné M. Trudeau.
Il n’a pas voulu s’avancer sur les possibles répercussions si l’Iran refuse de coopérer. «Ce seront des conversations et des étapes que nous devrons contempler au fur et à mesure que les choses avancent s’il appert qu’il n’y a pas une enquête complète», a-t-il dit.
Le Canada n’a plus d’ambassade en Iran depuis la rupture diplomatique entre les deux pays en 2012.