Trudeau n’écarte pas des élections anticipées, blâmant l’obstruction au Parlement

OTTAWA — Le premier ministre Justin Trudeau n’écarte pas une élection au printemps, citant les manoeuvres d’obstruction des conservateurs au Parlement. Les partis d’opposition, eux, refusent de porter l’odieux de cette décision qui enverrait des millions de Canadiens aux urnes avant qu’ils soient tous vaccinés. 

En entrevue à l’émission de radio de Paul Arcand, mercredi, M. Trudeau a ouvert la porte un peu plus grand à des élections fédérales dans les prochains mois, sous prétexte qu’il a besoin d’un Parlement qui «fonctionne» pour aider les Canadiens à passer à travers la pandémie. 

«Si les autres partis refusent de passer les projets de loi qui vont aider les gens, et on se voit limités à cause des jeux comme ce que les conservateurs sont en train de jouer maintenant avec l’aide médicale à mourir, je ne peux pas écarter toute possibilité», a déclaré M Trudeau, sur les ondes du 98,5. 

«Ma priorité, c’est d’aider les Canadiens, c’est de passer à travers cette pandémie. Mais pour ça, j’ai besoin qu’un Parlement fonctionne», a-t-il ajouté. Et à l’animateur qui lui demandait si un scrutin pouvait survenir d’ici le mois de juin, M. Trudeau a répondu: «Je n’exclus absolument rien». 

Ces propos de M. Trudeau ont fait bondir les chefs du Bloc québécois et du Nouveau Parti démocratique (NPD). 

«Si M. Trudeau considère que le Parlement n’est pas fonctionnel, il n’a que lui à blâmer», a lancé Yves-François Blanchet, lors d’une conférence de presse à Ottawa.

«Il me semble que le gouvernement libéral et Justin Trudeau cherchent une excuse pour déclencher une élection», a renchéri à son tour Jagmeet Singh, sur une plateforme virtuelle.

Tous les partis d’opposition, dont les conservateurs, jugent que ce n’est pas le temps de déclencher des élections tant et aussi longtemps que tous les Canadiens n’auront pas été vaccinés. Mais ils reconnaissent tous que le processus législatif est au ralenti. 

Les conservateurs rejettent les accusations d’obstruction parlementaire à leur endroit et soutiennent que les libéraux sont à blâmer. 

«Le fait est que les libéraux font plus pour ralentir leur propre ordre du jour législatif que le ferait tout parti de l’opposition», a déclaré leur leader parlementaire Gérard Deltell dans une récente déclaration. 

«Avec chaque obstruction, chaque retard dans la production des documents demandés par la Chambre et la mauvaise gestion de l’ordre du jour législatif, il devient de plus en plus évident que les libéraux tentent de préparer une élection», a poursuivi M. Deltell. 

Le chef du Bloc québécois soutient que «le travail de l’opposition ne se limite pas à être de l’obstruction» et que «la réalité, c’est qu’on peut ne pas être d’accord avec Justin Trudeau et avoir quand même le droit à une opinion, à se lever dans un Parlement, à l’exprimer et à voter». 

M. Blanchet reproche à M. Trudeau d’essayer «selon l’humeur du jour, de se bidouiller une fenêtre électorale» et lui a servi un avertissement. 

«Si vous voulez vraiment porter l’odieux, face à 38 millions de personnes, que vous préférez défendre vos petits intérêts partisans plutôt que de protéger les Québécois et les Canadiens contre la pandémie, il y a une facture qui va venir avec», prévient M. Blanchet.