Ukraine: frappe de missiles russes sur un centre commercial bondé

SLOVIANSK, Ukraine — Des dizaines de civils auraient été tués ou blessés, lundi, lors d’une frappe de missiles russes sur un centre commercial bondé de la ville centrale de Krementchouk, en Ukraine, ont déclaré des responsables ukrainiens.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré dans un message sur Telegram que le nombre de victimes était «inimaginable», citant des informations selon lesquelles plus de 1000 civils se trouvaient à l’intérieur au moment de l’attaque. Les images de la scène montrent d’énormes panaches de fumée noire provenant d’un centre commercial englouti par les flammes, alors que les équipes d’urgence se précipitaient et que les spectateurs regardaient la scène.

Au moins 13 personnes sont mortes et plus de 40 autres ont été blessées, selon le gouverneur de la région, Dmytro Lunin, qui a dit que les secours effectuaient encore tard lundi des recherches dans les débris.

M. Zelensky a dit que la cible ne présentait «aucune menace pour l’armée russe» et n’avait «aucune valeur stratégique». Il a accusé la Russie de saboter «les tentatives des gens de mener une vie normale, ce qui met les occupants très en colère».

Selon l’armée ukrainienne, le centre commercial a été frappé par des missiles lancés par des bombardiers russes à longue portée Tu-22M3 depuis le ciel au-dessus de la région de Koursk en Russie.

La présumée frappe de missiles russes a fait écho à des attaques, plus tôt dans la guerre, qui ont fait un grand nombre de victimes civiles – comme une en mars sur un théâtre de Marioupol où de nombreux civils s’étaient terrés, tuant environ 600 personnes, et une autre en avril sur une gare dans l’est de Kramatorsk, qui a fait au moins 59 morts.

«La Russie continue de faire valoir son impuissance sur les civils ordinaires. Il est inutile d’espérer la décence et l’humanité de sa part», a déclaré M. Zelensky.

Le maire Vitaliy Maletskiy a écrit sur Facebook que l’attaque «a touché une zone très peuplée, dont il est certain à 100 % qu’elle n’a aucun lien avec les forces armées».

L’attaque est survenue au moment où la Russie a lancé un assaut total contre le dernier bastion ukrainien dans la région orientale de Louhansk, «déversant du feu» sur la ville de Lysychansk depuis le sol et les airs, a déclaré lundi le gouverneur local, alors que les dirigeants occidentaux se réunissaient pour discuter des moyens de renforcer le soutien envers Kyiv.

Le gouverneur de Louhansk, Serhiy Haidai, a indiqué que les forces russes pilonnaient Lysychansk après avoir capturé la ville voisine de Sievierodonetsk ces derniers jours. Cela fait partie d’une offensive russe renforcée pour arracher la région élargie du Donbass au contrôle du gouvernement ukrainien, dans ce que les experts occidentaux disent être devenu le nouvel objectif principal de la guerre du président Vladimir Poutine en Ukraine, qui en est maintenant à son cinquième mois.

«Ils tirent sur la ville à la fois depuis les airs et depuis le sol. Après la prise de Sievierodonetsk, l’armée ennemie a concentré toutes ses forces sur la capture de (notre) dernier bastion dans la région de Louhansk : Lysychansk », a expliqué M. Haidai à l’Associated Press.

Les Russes tentaient de bloquer la ville depuis le sud, «détruisant tout ce que leur artillerie et leurs lance-roquettes multiples peuvent atteindre», a dénoncé M. Haidai.

Au cours de la semaine dernière, l’armée russe a capturé plusieurs villages et villes au sud-est de Lysychansk.

Le bureau du président Volodymyr Zelensky a révélé qu’au moins six civils avaient été tués et 31 autres blessés dans le cadre d’intenses bombardements russes contre diverses villes au cours des dernières 24 heures, dont Kyiv et les principales villes du sud et de l’est du pays.

Il a indiqué que des attaques à la roquette russes avaient fait deux morts et cinq blessés dans la nuit à Kharkiv, la deuxième plus grande ville d’Ukraine, et ses environs. Les forces russes ont également continué de cibler le port clé d’Odessa, dans le sud du pays, une attaque au missile détruisant des bâtiments résidentiels et blessant six personnes, dont un enfant, a-t-il ajouté.

La ville méridionale de Mykolaïv a également vu des obus russes toucher des infrastructures civiles, dont un jardin d’enfants, a indiqué le bureau de presse du président. Il n’a donné aucun détail sur les victimes.

À Lysychansk, au moins cinq immeubles de grande hauteur de la ville et le dernier pont routier ont été endommagés au cours de la dernière journée, a déclaré M. Haidai. Une autoroute cruciale reliant la ville au territoire contrôlé par le gouvernement plus au sud a été rendue impraticable à cause des bombardements – mais elle n’a pas été capturée, a-t-il dit.

Ces bombardements rendent également l’évacuation des civils de plus en plus difficile, a prévenu M. Haidai. La ville avait une population d’avant-guerre d’environ 100 000 habitants, dont environ la moitié subsistent.

Les analystes disent que l’emplacement de Lysychansk sur les rives de la rivière Siverskiy Donets, ainsi que sa vaste zone parsemée de collines, donnent un avantage majeur aux défenseurs ukrainiens de la ville.

«C’est une noix très difficile à casser. Les Russes pourraient passer de nombreux mois et beaucoup d’efforts à prendre d’assaut Lysychansk», a estimé l’analyste militaire Oleh Zhdanov.

La rivière Siverskiy Donets entoure Lysychansk du nord et de l’est, tandis que l’armée ukrainienne continue de détenir un territoire à l’ouest de la ville, qu’elle utilise pour fournir des armes et de l’aide humanitaire. Moscou s’est maintenant déplacé pour tenter de bloquer Lysychansk par le sud.

A l’ouest, dans la ville de Sloviansk contrôlée par le gouvernement, les autorités locales ont accusé les forces russes d’avoir tiré une bombe à fragmentation, affirmant qu’elle avait touché un quartier résidentiel lundi après l’aube.

Les autorités disent que le nombre de morts et de blessés reste à confirmer; l’AP a vu un décès. Le corps d’un homme gisait penché sur le cadre d’une portière de voiture, son sang coulant sur le sol à cause de blessures éparses à la poitrine et à la tête. Une femme, couverte de sang et de pansements, était assise au bord de la route, attendant l’arrivée des médecins.

L’onde de choc de l’explosion a soufflé la plupart des fenêtres des immeubles environnants et les voitures garées en dessous, jonchant le sol de verre brisé.

«La semaine dernière, nous avons constaté une augmentation de l’utilisation de ces bombes à fragmentation, a déclaré le maire de Sloviansk, Vadim Lyakh, qui aidait à coordonner l’intervention d’urgence. Comme vous pouvez le voir, il n’y a pas de base militaire ici. C’était un quartier résidentiel où il n’y avait que des civils.»

AUTRES DÉVELOPPEMENTS :

– Le ministère britannique de la Défense a prédit que l’armée russe s’appuiera de plus en plus sur les forces de réserve pour sa guerre en Ukraine.

Le principal objectif des opérations russes reste dans la région de Sievierodonetsk-Lysychansk, mais Moscou «essaye maintenant de reprendre de l’élan sur l’axe nord d’Izium», a indiqué le ministère britannique de la Défense dans sa mise à jour quotidienne des renseignements.

Le gouvernement russe reste «réticent à ordonner une mobilisation générale», indique le communiqué.

Les analystes ont déclaré qu’un tel appel en Russie pourrait modifier considérablement l’équilibre de la guerre, mais pourrait également avoir des conséquences politiques pour le gouvernement du président Vladimir Poutine – qui appelle toujours l’invasion de la Russie une «opération militaire spéciale» en Ukraine.

– Dans les Alpes bavaroises allemandes, les dirigeants des pays du Groupe des Sept semblaient prêts à répondre à l’appel de M. Zelensky pour plus de systèmes de défense aérienne après que les troupes russes ont frappé Kyiv avec des missiles à longue portée dimanche. Les États-Unis semblaient prêts à annoncer l’achat d’un système de missile sol-air avancé pour l’Ukraine.

M. Zelensky s’est exprimé lundi par liaison vidéo au sommet du G7, mais les détails immédiats étaient peu nombreux lors de la session à huis clos.

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Qu’en dire? Reste-t-il des surprises sur cette terre?
Rien de bien nouveau. Toujours aussi décourageant, déconcertant, répugnant et révoltant.
Des gens peuvent tout faire sur terre, d’autres peuvent tout se faire faire. Ceux-ci sans recours ou secours, ceux-là sans encourir la moindre peine ou sanction (sérieuse!).

Que faire? Ah, il y aurait à faire. Mais on ne fait point. Il y aurait à dire. Mais on ne dit pas.
Sauf l’inutile ou ce qu’il ne faudrait.
Des mots tuent, des mots tus aussi.
Word mightier than sword, word peut mieux ou pire que sword, parce que word EST sword.

Il paraît — (de fort bonnes gens aussi le disent) — que cette guerre ne saurait trouver d’issue autre que sur terrain même de combats armés. Si acharnés soient-ils. Sans quoi, incomplète, inachevée, à ‘reprendre’ resterait-elle.
On est rendus loin, hein, humanité terrestre? Gloire, honneur à l’humaine intelligence compatissante incapable d’aide à l’endroit d’innocents aussi cruellement qu’indignement, qu’ignoblement, qu’injustement agressés, tués, torturés, délogés, dépossédés de tout, y compris de nourriture, chez eux où vivaient-ils jusque-là sans déranger personne.

Impossible de « régler à l’amiable », surtout pas en mots, ceux-ci mêmes étant objets de discorde, quand ce n’est pas guerre, ne signifiant pas même chose pour les uns et les autres. « Société distincte »? N’a résolument pas même extension en Q français et C anglais. Impasse, donc. Sans compter que mots servent, souvent, à tromper ou cacher.

La paix devra attendre. S’entendre ne faisant pas partie des finalités de l’existence humaine terrestre. Et pour cause : « L’humain veut l’union d’abord, et il se croit sage; mais la nature sait mieux que lui ce qui lui convient : elle veut la guerre. »