Un Canadien membre de Daech condamné à la prison à vie par un tribunal américain

WASHINGTON — Le département américain de la Justice a annoncé qu’un citoyen canadien, né en Arabie saoudite, avait été condamné à la prison à vie vendredi pour avoir conspiré afin de soutenir l’organisation terroriste du Groupe armé État islamique (Daech), causant des décès.

Selon le communiqué, Mohammed Khalifa était un haut responsable de la propagande de Daech ayant notamment servi de narrateur en anglais dans plus d’une douzaine de vidéos violentes.

On mentionne également que le prévenu a été capturé en Syrie, en 2019 et qu’il avait servi comme combattant de Daech en plus d’avoir lui-même procédé à l’exécution de deux soldats syriens, au nom du groupe terroriste.

Toujours d’après le département américain de la Justice, on peut entendre la voix de Mohammed Khalifa à titre de narrateur de deux des vidéos les plus violentes de Daech, intitulées «Les Flammes de la guerre». Ces deux vidéos montraient des exécutions de prisonniers ainsi que des attentats terroristes contre les États-Unis.

Affaires mondiales Canada n’a pas réagi pour le moment à nos demandes de commentaires sur cette condamnation.

«Pendant la période où M. Khalifa était un membre important de Daech, l’organisation terroriste menait une violente campagne de prises d’otages et de demandes de rançons contre des journalistes et des travailleurs humanitaires s’étant rendus en Syrie en provenance d’un peu partout sur la planète», peut-on lire dans la déclaration officielle du gouvernement des États-Unis.

«Entre le 19 août 2014 et le 6 février 2015, Daech a tué huit citoyens américains, britanniques et japonais en Syrie dans le cadre de ce stratagème», indique-t-on.

Les procureurs réclamaient une peine d’emprisonnement à vie contre le prévenu de 39 ans. Dans une note accompagnant la sentence, les procureurs ont souligné que M. Khalifa avait joué un rôle majeur dans la campagne de recrutement de l’organisation terroriste qui a réussi à enrôler des dizaines de milliers de combattants étrangers pour défendre son califat autoproclamé en Irak et en Syrie.

Dans les deux vidéos de propagande intitulées «Les Flammes de la guerre», on peut voir Mohammed Khalifa exécuter des soldats syriens en leur tirant une balle derrière la tête après qu’ils eurent été forcés de creuser leur propre tombe.

Les avocats de la défense suggéraient une peine de 20 ans pour leur client lors de l’audience tenue vendredi à Alexandria, en Virginie. Ils ont plaidé que sa responsabilité était moindre que celle de deux autres membres de Daech nés au Royaume-Uni — Alexanda Kotey et Shafee el-Sheikh, surnommés «les Beatles» par leurs otages. Les deux hommes ont battu et torturé des prisonniers occidentaux.

Ces deux individus ont aussi été condamnés devant un tribunal d’Alexandria. L’un d’eux a reçu une peine de prison à vie et l’autre devrait aussi se voir imposer la même peine le mois prochain.

Les avocats de M. Khalifa ont aussi plaidé qu’il était injuste d’imposer une peine aussi sévère à un citoyen canadien qui n’a pas été condamné pour avoir directement causé la mort ou blessé des citoyens américains. Selon eux, l’accusé aurait pu simplement être extradé vers le Canada.

Mohammed Khalifa a plaidé coupable, l’an dernier, à des accusations de terrorisme. Dans une lettre adressée au juge T.S. Ellis, écrite en prévision du prononcé de la sentence, le prévenu a déclaré s’être senti forcé de venir en aide au peuple syrien dans sa révolte contre le dictateur Bashar al-Assad, mais qu’il avait commis une erreur en choisissant de devenir un combattant plutôt que de rejoindre un organisme humanitaire.

«En suivant les événements en Syrie, je me suis senti dégouté de rester assis à ne rien faire», a-t-il écrit.

Dans une déclaration sous serment rédigée par des agents fédéraux américains, M. Khalifa aurait affirmé au FBI qu’il s’attendait à être envoyé dans un camp d’entraînement de Daech après avoir rejoint le groupe à la fin de 2013. Au lieu de cela, il a été recruté pour faire partie de l’équipe des communications en raison de sa capacité de parler anglais. Il a passé près de cinq ans parmi les hauts dirigeants de l’équipe de propagande.

Mohammed Khalifa a révélé aux agents du FBI qu’il avait été capturé en janvier 2019 après avoir désobéi à un ordre de Daech de se replier. Il a plutôt décidé de lancer une attaque en solo contre l’armée syrienne. Il a été contraint de se rendre lorsque son arme de type AK-47 s’est enrayée.

– Avec l’Associated Press