Un designer se fait dire qu’il ne peut reproduire le stade sur ses chandails

MONTRÉAL – Le Stade olympique de Montréal figure parmi les édifices les plus emblématiques du Canada, mais cela ne signifie pas que quiconque peut le reproduire sur un t-shirt, s’est fait dire un designer de Montréal.

Pier-Luk Bouthillier a indiqué avoir reçu une note le 13 septembre l’informant qu’un chandail à manches courtes montrant des dessins de divers éléments emblématiques de Montréal violait les lois sur les droits d’auteur au Canada et pourrait enfreindre les droits de la personne ayant conçu les plans du stade il y a plus de 40 ans.

La note, envoyée par la Société du droit de reproduction des auteurs, compositeurs et éditeurs au Canada (SODRAC), réclame la cessation de la production des chandails, qui incluent des images du stade et de «L’homme», sculpture d’Alexander Calder, que l’on peut admirer au parc Jean-Drapeau.

M. Bouthillier a indiqué que l’organisation lui réclamait aussi des compensations pour avoir reproduit les deux oeuvres sans autorisation. Il a affirmé que la lettre soutenait qu’il violait les droits des auteurs — soit M. Calder et Roger Taillibert, l’architecte français ayant conçu le stade pour les Jeux olympiques de 1976.

M. Bouthillier a dit avoir été ébranlé en lisant la note, disant n’avoir jamais pensé que ses chandails pourraient poser problème, et estimant que la SODRAC était «un peu de mauvaise foi». Il a dit avoir consulté des avocats, mais ignorer pour l’instant ce qu’il ferait pour la suite des choses.

Gilles Lessard, porte-parole de la SODRAC, a confirmé l’envoi de la note. Bien qu’il n’ait pas voulu parler spécifiquement du cas de M. Bouthillier, il a indiqué que les lois au Canada protègent les droits des auteurs sur leur travail, à moins d’une entente particulière indiquant autre chose.

Une exception existe pour les édifices publics qui fait en sorte qu’ils peuvent être dessinés, peints, photographiés ou filmés, mais cela n’inclut pas le droit de les reproduire à des fins commerciales, a dit croire le porte-parole.

«Il peut y avoir différentes interprétations de cette loi, et c’est de cette manière que nous l’avons interprétée», a-t-il affirmé en entrevue téléphonique avec La Presse canadienne.

M. Bouthillier a affirmé plutôt s’être fait dire que des «oeuvres d’architecture ou artistiques comme une sculpture, dans un espace public de façon permanente» pouvaient très bien être dessinées ou prises en photo et reproduites sans violer les droits d’auteur.

Il a souligné que son chandail «j’aime Montréal» représentait le stade et la sculpture en «petits symboles graphiques, ressemblant à des logos», sans «aucun détail d’architecture».

Joint par téléphone depuis son domicile en France, M. Taillibert a dit ne pas être au courant du cas particulier de M. Bouthillier, mais a confirmé qu’il avait encore les droits sur l’usage de l’image du stade.

L’architecte âgé de 90 ans a affirmé qu’obtenir l’autorisation n’était généralement pas compliqué, et a dit qu’il pourrait aider M. Bouthillier à relayer sa lettre aux personnes compétentes.