Une fondation veut cartographier la haine au Canada

La Fondation Morgane Oger, basée à Vancouver, a lancé un appel à des volontaires pour aider à bâtir l’Atlas canadien de l’extrémisme populiste, connu sous le nom de CAPE.

Photo : La Presse canadienne

VANCOUVER — L’intention d’une organisation de cartographier la haine et la discrimination au Canada suscite des mises en garde de la part d’un groupe de défense des libertés civiles.

La Fondation Morgane Oger, basée à Vancouver, a lancé un appel à des volontaires pour aider à bâtir l’Atlas canadien de l’extrémisme populiste, connu sous le nom de CAPE.

La fondatrice, Morgane Oger, a expliqué que l’outil permettrait de relier les groupes extrémistes et les personnes qui leur sont associées, tout en cartographiant les incidents liés à la haine au Canada.

L’idée est de faire la lumière sur la façon dont la haine se propage, a-t-elle déclaré, tout en étant consciente que des allégations ne peuvent être lancées à tout vent.

«Nous ne pouvons pas dire que quelqu’un est un meurtrier à moins que ce ne soit réellement un meurtrier, mais peut-être serait-il intéressant de voir que c’est toujours la même douzaine de personnes qui s’opposent aux droits des personnes trans (en Colombie-Britannique) ou que les groupes de suprématie blanche travaillent ensemble», a dit Mme Oger, une ancienne candidate provinciale du NPD dans la province et une membre de l’exécutif du parti.

Mme Oger a ajouté que le projet en est à ses balbutiements et que la fondation n’avait pas encore déterminé quels types d’actions, de groupes ou d’individus seraient documentés, mais elle estime que ces données pourraient être utiles aux universitaires, aux forces de l’ordre et autres.

Cela pourrait inclure un système de classement permettant de classer les incidents en fonction de leur gravité; par exemple, des meurtres motivés par la haine et des graffitis discriminatoires donneraient différents grades.

D’autres groupes ont abordé des projets similaires. Le Réseau canadien anti-haine, basé à Toronto, affirme que son mandat est de surveiller, étudier et combattre les groupes haineux en fournissant une éducation et des informations à leur sujet au public, aux médias, aux chercheurs, aux tribunaux, aux forces de l’ordre et aux groupes communautaires.

Aux États-Unis, le Southern Poverty Law Center dispose d’une «carte de la haine» qui répertorie 1020 groupes. Cela comprend 51 chapitres du Ku Klux Klan, 49 groupes anti-LGBT, 11 groupes catholiques traditionnels radicaux et 412 groupes nationalistes noirs et blancs.

Le centre ne répertorie pas les individus, mais uniquement les organisations, et utilise une définition semblable à celle du FBI. Le centre juridique définit un groupe de haine comme «une organisation qui — sur la base de ses déclarations ou principes officiels, des déclarations de ses dirigeants ou de ses activités — a des croyances ou des pratiques qui attaquent ou dénigrent une classe entière de personnes, généralement pour leurs caractéristiques immuables».

Micheal Vonn de l’Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique, croit que le projet CAPE pourrait être utile, légal et constituer un outil de recherche positif.

Mais elle a averti que la publication d’informations en ligne sur des personnes pourrait poser des problèmes de confidentialité et prévenu qu’il était important de faire la distinction entre la haine réelle et les opinions divergentes sur certains sujets.

«Toutes sortes de choses que les gens pensent haineuses constituent un véritable discours politique», a-t-elle déclaré, ajoutant que savoir que quelqu’un s’oppose à une politique d’immigration ne suffit pas pour en déduire qu’il est raciste, par exemple.

Tant que la fondation n’atteindra pas un modèle spécifique, il n’est pas clair qu’il y aurait des problèmes de droits, a-t-elle dit.

Mais elle a également déclaré qu’il vaut la peine de demander si une carte contribuerait à un discours politique sain et mis en garde contre une définition trop vague de «l’association». Dans une démocratie saine, les groupes ayant des points de vue opposés devraient pouvoir assister aux événements les uns des autres sans être catalogués, car cela pourrait aider à renforcer le dialogue et la compréhension.

Alors que les gouvernements et les acteurs gouvernementaux doivent être transparents, nous appliquons des normes différentes pour chaque citoyen, a-t-elle déclaré.

«Nous ne demandons pas aux citoyens d’être transparents parce que nous sommes souverains. C’est l’État qui est censé être transparent envers nous», a-t-elle dit.

Mme Oger a déclaré que le projet de cartographie en était encore à ses balbutiements et que l’organisation n’avait pas encore décidé quelle quantité d’informations rendre publique, mais elle ne veut pas encourager la violence sous quelque forme que ce soit.

Elle a cité les chiffres de Statistique Canada qui montrent une augmentation des crimes motivés par la haine déclarés par la police. Après des augmentations stables, mais relativement faibles depuis 2014, les crimes haineux déclarés par la police ont fortement augmenté en 2017 pour atteindre 2073, soit une hausse de 47 pour cent par rapport à l’année précédente, principalement en raison d’une augmentation des crimes contre la propriété liés à la haine, a déclaré l’agence fédérale.

Des chiffres plus élevés ont été observés dans la plupart des types de crimes motivés par la haine, les incidents ciblant les populations musulmanes, juives et noires étant à l’origine de la majeure partie de l’augmentation nationale. Les augmentations ont été observées principalement en Ontario et au Québec.

Les crimes haineux déclarés par la police font référence à des incidents criminels qui, selon les enquêtes policières, étaient motivés par la haine envers un groupe identifiable.

Selon un sondage mené en 2014 par Statistique Canada, les Canadiens se sont eux-mêmes déclarés victimes de plus de 330 000 affaires criminelles qu’ils ont perçues comme motivées par la haine, mais les deux tiers n’ont pas été signalées à la police.

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La définition d’actes motivés par la haine semble s’élargir énormément avec le temps, de façon assez dramatique. Poser une tête de porc emballée dans un sac de plastique devant une mosquée est vue comme de la haine, et non pas comme une critique de l’Islam, et toute critique de l’Islam est vue comme de l’islamophobie. De même les critiques contre le féminisme victimaire. Quand on voit des violences sexuelles dans des flirts qui ont été mal perçus, des sifflements ou des regards trop insistants, il y a exagération. http://mi.lapresse.ca/screens/7e0fc153-ee39-414d-b330-fa3847c08858__7C___0.html

Même un article scientifique qui mentionne l’effet social d’une certaine mode sur l’idée de changer de sexe a valu à son auteure des accusations de transphobie. https://quillette.com/2019/03/19/an-interview-with-lisa-littman-who-coined-the-term-rapid-onset-gender-dysphoria/

Alors, faut vraiment faire attention à la bienpensance qui tente de définir de nouveaux péchés, et qui accuse de haine des gens qui expriment des opinions critiques. C’est même la raison pour laquelle un livre intitulé « Délivrez-nous du bien » a été publié. http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2018/11/30/31001-20181130ARTFIG00354–les-minorites-et-leurs-dogmes-etouffent-nos-libertes.php

Ce type d’enquêtes sur les groupes sociaux supposément haineux devrait probablement être fait par la police, et surtout pas par des groupes provenant des sciences sociales, trop associés à une certaine bienpensance.

BRAVO pour votre analyse M. BELLY ! Je partage vos appréhensions sur les possibles dérapages d’une telle démarche. C’est en effet trop facile d’accuser sur une simple opinion émise mais non-partagée concernant la religion, la politique, le sexe !

J’abonde dans le même sens que Nancy. On ne peut même pas se demander pourquoi, en occident, les représailles se portent majoritairement sur l’islam (extrémiste, s’entend). Personne n’ose expliquer, les œufs sont trop fragiles pour penser marcher dessus. Alors, on reste dans un certain obscurantisme de la ¨bien-pensance¨ qui nous interdit ces interrogations. Quand on force ainsi un couvercle sur une marmite en ébullition, il faut s’assurer qu’il n’y ait pas de fuites; car ces fuites, elles portent maintenant, en France, des gilets jaunes.

La ligne est souvent mince entre défendre et protéger, entre promouvoir la liberté d’expressions et en même temps sous toutes sortes de prétextes y compris la défenses des droits le dicta de la pensée unique!
Ainsi imposer des cotas dans le but prétend-on de forcer l’égalité est difficile à appliquer avec justesse et d’autant plus avec justice par tout et chacun un peu à la merci et à la sauce de ce qu’ils en ont compris et surtout interprété. Il est certain que les cours de justice sont remplis de professionnels qui n’attendent que les causes à débattre, mais pour ce faire ça demande du temps et surtout de l’argent, souvent beaucoup d’argent.
Il est certain qu’en 2019, pour ne souligner que ce sujet qui implique toujours beaucoup de temps et d’argent, il serait certainement temps de songer à remettre en question des droits qui sont exercer en vertu des religions.
Je ne remet pas en question la liberté de croire en une religion et de la pratiquer mais tous les autres droits, privilèges et passe-droit qu’en son nom et à cause de leurs croyances des individus peuvent bénéficier. Pour n’en nommer que quelques-uns: nombreux congés, exemptions de taxes et d’impôts, des lieux et du temps de cultes au travail, se soustraire à des traitements médicaux même si certains sont vitaux, exclusion à porter des vêtements de sécurité, le port de signes religieux pour remplacer des parties de vêtements comme les autres doivent porter, l’acceptation de porter des signes religieux qui seraient autrement interdits parce que considérés dangereux et quoi d’autres… Et tout cela n’est pas encore assez pour plusieurs qui voudraient que la loi du Dieu auquel ils croient soit appliquée à la place de la justice des hommes. Et dans certains endroits de notre pays ça s’applique en partie au minimum.
Et tout ceci au nom d’une croyance, croyance, croyance, croyance, croyance…!!!!! Les religions sont basées sur des croyances, des histoires surnaturelles et des mythes.
Si je suis contre que l’on impose la pensée unique à tous, ce n’est certainement pas pour qu’on impose une voie unique dictée par ou pour des minorités. C’est l’esprit même de la liberté d’expression.
Imposer un dicta d’une pensée ou d’une action est aussi une forme de violence.
Ça s’arrête quand et où une fois lancée?
Et la violence elle doit être appréhendée, surveillée et condamnée il n’y a pas de doute.
Mais penser encadrer la liberté d’expression au point ou on pourrait conclure que tous le monde il est beau et il est fin sera toujours une utopie.
Peut-être certains pensent-ils pouvoir faire taire efficacement la parole dérangeante pour toutes sortes de raisons valables d’ailleurs mais jamais ça n’empêchera quiconque de penser, en toute liberté, ce qu’il veut, même le pire pour autant. La pensée démarre dans la tête. Ça ne se voit pas, ça ne se constate pas avant que des paroles les exposent ou que des actes soient accomplis.
Penser taire la pensée et surtout en 2019, avec toutes les disponibilités des divers médiums d’expressions y compris en plus avec l’existence du « dark web » ça relève des mêmes principes sur lesquelles sont basés les religions c’est-à-dire de croyances mais encore plus de la pensée magique.
D’autant plus que si mon voisin me déteste au point de penser à me tuer, je préfère le savoir avant qu’il passe aux actes…si jamais il voulait passer aux actes. Arriver véritablement et complètement à l’empêcher d’en donner des signes me conduit définitivement vers une mort certaine.
Dans toutes les guerres il va de soit que les renseignements sur les intentions et les avancées de l’ennemi sont cruciaux!
Il faut savoir ce que les gens pensent, y compris les pires atrocités pour les voir venir et agir en conséquences. Sans ses connaissances il n’y a pas de préventions possibles… Et la liberté d’expression passe aussi par là!
Un jour, il n’y a pas aussi longtemps, un dictateur ou de ses acolytes a ou ont pensé détruire les livres en imaginant ainsi détruire la connaissance acquise. Ils ont oublié que ça ne servira à rien sans au minimum détruire tous les livres de la terre, mais en plus que la mémoire et la créativité, elles n’en seraient pas détruite pour autant!
Gardons-nous des croyances gratuites et sans fondements scientifiques ainsi que de l’utopie de la pensée magique que laisse imaginer le contrôle inconsidéré et exagéré même et surtout si l’on est rassuré parce qu’on l’aurait imposée!