Un journal américain poursuivi en diffamation plaide la liberté de presse

JACKSON, Miss. — Un média local qui a mis au jour un vaste scandale de corruption publique a déposé sa défense dans un procès en diffamation intenté par l’ancien gouverneur du Mississippi, Phil Bryant. Le média fait valoir qu’il s’est engagé dans un discours protégé par la Constitution.

En déposant sa poursuite en juillet dernier, M. Bryant estimait que le journal Mississippi Today et sa directrice l’ont diffamé dans des commentaires publics après avoir fait état d’une mauvaise gestion de 77 millions $ de fonds sociaux fédéraux. 

La série de la journaliste Anna Wolfe a mis en lumière le stratagème de détournement de fonds, remportant un Pulitzer en mai. Un article publié sur le site Web de Mississippi Today annonçant cet honneur indique que le média a révélé comment M. Bryant «a utilisé son bureau pour orienter les dépenses de millions de dollars de l’aide sociale fédérale» afin de «privilégier sa famille et ses amis».

Cette annonce – et un rapport antérieur publié par Mississippi Today sur l’impact de sa couverture journalistique – sont les deux principales communications écrites que M. Bryant considère comme diffamatoires. Au centre de son procès se trouvent également les commentaires faits par Mary Margaret White, la directrice du journal, lors d’une conférence, selon lesquels M. Bryant avait «détourné» l’argent de l’aide sociale. 

Aucune accusation criminelle n’a été déposée contre M. Bryant, et il a déclaré avoir informé le commissaire aux comptes en 2019 d’une éventuelle mauvaise utilisation de l’argent du programme anti-pauvreté d’assistance temporaire aux familles nécessiteuses.

Mississippi Today a publié des excuses de Mme White en mai, une semaine après que M. Bryant a menacé de poursuivre en justice, mais ses avocats ont déclaré que les excuses n’étaient pas assez précises.

La défense mise sur la liberté de presse

L’avocat du journal, Henry Laird, a demandé que la plainte de l’ex-gouverneur soit rejetée. 

«Nous défendrons vigoureusement cette affaire et garantirons à la population du Mississippi que la presse ne sera pas intimidée, a déclaré Mary Margaret White, directrice du Mississippi Today, dans un communiqué. Nous défendons la liberté de la presse et maintiendrons toujours notre mission de contribuer à un Mississippi plus informé.»

En plus des protections de la liberté d’expression, la défense juridique de Mississippi Today s’appuie sur une décision de 1964 dans laquelle la Cour suprême des États-Unis a considérablement limité la capacité d’intenter des poursuites pour diffamation. Ce jugement a statué que les médias sont protégés contre un jugement en diffamation à moins qu’il puisse être prouvé hors de tout doute qu’ils ont publié ces informations avec une «véritable malveillance» – sachant que quelque chose était faux ou agissant avec un «mépris inconsidéré» quant à savoir si les renseignements étaient vrais ou non.

En tant que personnalité publique, M. Bryant doit prouver que Mississippi Today et Mme White ont agi avec une «véritable méchanceté» lorsqu’ils ont fait leurs déclarations prétendument diffamatoires.

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