Le tiers de la ville inondée: miracle qu’il n’y a pas de blessés, dit Legault

MONTRÉAL — Il pourrait se passer plusieurs jours, voire plusieurs semaines avant que les 6500 résidents évacués à Sainte-Marthe-sur-le-Lac, dans les Laurentides, puissent rentrer chez eux.

C’est ce qu’a indiqué la mairesse Sonia Paulus, en mêlée de presse, dimanche après-midi, au lendemain d’une inondation majeure qui a vu «le lac [des Deux Montagnes] entrer dans la ville, à la hauteur de la 27e avenue», selon les dires de la mairesse qui ne voyait pas comment la situation pourrait s’aggraver davantage.

Elle a toutefois reconnu que «le niveau de l’eau pourrait augmenter encore pour 24 à 48 heures».

Personne ne pourra réintégrer son domicile, tant que l’avis d’évacuation demeure en vigueur a indiqué Mme Paulus.

C’est une brèche de 50 à 75 pieds dans une digue naturelle qui est à l’origine de cette inondation survenue samedi soir sur l’heure du souper, forçant l’évacuation immédiate de 5000 personnes. L’état d’urgence a été décrété sur-le-champ à Sainte-Marthe-sur-le-Lac, entraînant des évacuations obligatoires à toute vitesse.

Le premier ministre du Québec François Legault et son épouse se sont rendus sur les lieux dimanche après-midi.

M. Legault a rencontré la mairesse Paulus, avec qui il a discuté du déroulement des opérations, lorsqu’un citoyen a interpellé le premier ministre. Ce dernier a demandé à M. Legault, quand les évacués pourront aller récupérer leurs effets personnels.  

«On est parti avec deux brosses à dents. On a couché à Saint-Jérôme et ça a coûté 228 $ à l’hôtel, mais là, on aimerait aller chercher nos affaires. On n’a pas de linge. On n’a rien», a-t-il dit poliment au premier ministre. Une brève conversation s’en est suivi devant les caméras et M. Legault a indiqué qu’il fallait s’assurer que l’eau se stabilise avant de «pouvoir envoyer avec des chaloupes des gens» récupérer certains effets personnels. 

Lorsque le premier ministre Legault a rencontré les journalistes, il a remercié tous les gens qui ont réussi à évacuer 5000 personnes en l’espace de quelques heures seulement. 

«C’est presque un miracle qu’on ait été capables, entre autres, d’évacuer des gens en chaise roulante dans des pick-up, et qu’il n’y a personne de blessé. C’est presque un miracle», a répété M. Legault qui s’est montré très fier de l’élan de solidarité observé entre les Québécois.    

Il a noté que seulement 50 personnes parmi les 5000 évacués ont eu recours aux mesures d’hébergement temporaire mises en places par les autorités municipales.

«Ça veut dire que la majorité est chez de la famille et des amis. Quelle belle solidarité! Habituellement, c’est environ 20 pour cent des évacués qui n’arrivent pas à se trouver un endroit [où loger]…ici c’est 1 pour cent.»

M. Legault a d’ailleurs invité les Québécois à être généreux, en faisant référence aux fonds de secours de la Croix-Rouge pour les inondations au Québec, pour pallier les besoins urgents des sinistrés pour des repas, des médicaments et des vêtements, entre autres pour les jeunes qui devront retourner à l’école.

À Québec, dans sa mêlée de presse quotidienne au Centre des opérations gouvernementales à Québec, la ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault a indiqué que les autorités avaient ordonné en matinée l’évacuation de 1500 autres résidents, à titre préventif.

Ce nouvel avis d’évacuation touchait cette fois les résidents d’une centaine de rues à l’ouest de la 26e avenue du Domaine jusqu’à la rue Louise qui se trouve plus au sud, selon le sergent Daniel Thibaudeau de la Sûreté du Québec (SQ). Plus de 200 policiers de la SQ étaient sur place depuis samedi soir pour assurer la sécurité des lieux et faire du porte-à-porte afin de s’assurer que tout le monde avait quitté leur résidence.

Au total, 2600 résidences ont été inondées à Sainte-Marthe-sur-le-Lac sur le tiers du territoire de la municipalité. Hydro-Québec a coupé l’électricité par endroits, par mesure préventive, et un avis d’ébullition de l’eau potable est en vigueur.

L’eau a monté si rapidement samedi soir dans un secteur d’une cinquantaine de rues qu’on pouvait apercevoir des voitures complètement submergées dimanche matin. L’eau a même atteint les fenêtres au rez-de-chaussée à certains endroits. Il y a eu des sauvetages in extremis, a reconnu le sergent Thibaudeau, sans rentrer dans les détails.

Les sinistrés ont été dirigés vers deux centres d’hébergement dans la municipalité voisine de Deux-Montagnes, l’un à l’aréna Olympia et l’autre à la Légion royale canadienne sur le Chemin du Grand-Moulin.

Des bénévoles de la Croix-Rouge ont été appelés aux deux endroits en renfort pour accueillir les sinistrés et leur venir en aide, notamment en guidant ceux qui ont besoin d’hébergement.

Quant à la digue naturelle, un terrain qui a été scindé en deux sous la force des eaux, celle-ci avait fait l’objet de travaux, selon la mairesse qui a laissé entendre que rien ne présageait un tel scénario.  

L’endroit avait été inspecté tout récemment, a affirmé Mme Paulus, puisque sa municipalité était en attente d’un certificat d’autorisation pour rehausser la digue.