MONTRÉAL — Une école «pour et par les dirigeants des Premières Nations» ouvrira ses portes en décembre, à HEC Montréal, ont annoncé jeudi les initiateurs du projet, en marge du Grand cercle économique des peuples autochtones et du Québec.
Ce sont deux diplômés autochtones d’un programme d’administration HEC-McGill, Manon Jeanotte et Ken Rock, qui ont fondé l’École des dirigeants des Premières Nations (ÉDPN).
Leur but est d’«outiller les leaders de nos communautés pour renforcer notre autodétermination», a expliqué Mme Jeanotte.
Les enseignements se feront «en cocréation», avec la moitié des professeurs provenant du milieu académique et l’autre moitié étant des Autochtones avec une grande connaissance du terrain, a-t-elle indiqué. «Nous voulons renforcer les compétences de nos leaders en combinant nos savoirs anciens aux meilleures pratiques contemporaines.»
Mais ce sont aussi les échanges entre participants «qui vont permettre aux Premières Nations de grandir», a ajouté M. Rock. Il a pris comme exemple le fait que «les Cris ont beaucoup d’expérience avec Hydro-Québec, alors que les Atikamekw ont plus d’expérience avec la foresterie».
Dans beaucoup de cas, «les Premières Nations vivent dans la pauvreté», alors, «avec une école comme celle-là, on va amener les gens à un autre niveau», selon lui. «Ces temps-ci, on parle beaucoup de réconciliation, mais il faut aussi parler de réconciliation économique.»
Gouvernance autochtone
Le chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador, Ghislain Picard, a ajouté que pendant trop longtemps, les Autochtones ont été «mis en marge du développement économique, mis dans des réserves et encarcanés par la Loi sur les Indiens», mais qu’il est heureux de voir «apparaître de plus en plus d’entreprises au sein de nos communautés».
Il fera lui-même partie des formateurs de l’ÉDPN, fort de sa longue expérience politique. Il s’est dit «emballé» par le projet, soulignant «l’importance de se doter des moyens nécessaires pour engager nos communautés, nos dirigeants et ceux et celles qui souhaiteraient l’être».
La première mouture du programme, qui débutera le 9 décembre prochain, ne sera offerte qu’aux chefs, grands chefs et présidents de conseils d’administration. Les quatre modules aborderont la gestion authentique, l’état d’esprit collaboratif, l’impact dans les communautés et la gouvernance. Ils seront donnés dans les locaux de HEC Montréal, mais aussi à Wendake et dans une autre communauté qui n’a pas encore été choisie.
«Une douzaine de participants ont déjà confirmé», s’est réjoui le directeur de l’école des dirigeants du HEC (le programme dont l’ÉDPN s’est inspiré), Serge Lafrance. Dans le futur, l’ÉDPN s’ouvrira progressivement aux «élus, aux administrateurs, aux dirigeants d’entreprises et aux entrepreneurs».
Interrogé sur le prix de telles classes, il a répondu que «c’est gratuit, comme on ne veut pas que des gens ne puissent pas venir dans le programme pour des raisons d’argent».
Il s’est engagé, au nom de son institution, «à poursuivre cette collaboration et à assurer la pérennité de l’ÉDPN».
Les participants à la formation recevront une certification universitaire en leadership.
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Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.