Une étude suggère que des médecins albertains sont biaisés contre les Autochtones

Des médecins albertains sont biaisés contre les patients autochtones, selon une étude réalisée à l’Université de Calgary.

Les auteures de l’étude ont envoyé un sondage en septembre 2020 à tous les médecins de la province pour déterminer leurs préjugés à la suite de décès très médiatisés de patients autochtones dans le système de santé canadien.

Les commentaires reçus «démontrent un manque fondamental de connaissances sur ce qu’est la race, ce qu’est le racisme, ce qu’est le pouvoir et ce qu’est le privilège, a déclaré l’une des chercheuses, Shannon Ruzycki, lors d’une entrevue. Je pense que c’est vraiment, vraiment inquiétant (…) les déterminants sociaux de la santé sont l’un des facteurs les plus importants dans la vie de nos patients et dans la façon dont ils guérissent.»

L’un des répondants au sondage – un médecin blanc – a affirmé qu’il ressentait du racisme de la part des Autochtones, et non l’inverse.

«Le type de racisme le plus courant que j’ai vu est celui d’une personne autochtone raciste dans ses paroles et ses actions contre les Blancs. C’est cent fois plus courant que l’inverse», a écrit le médecin.

Les chercheuses ont indiqué que dans certains cas, lorsque des personnes privilégiées disent être victimes de racisme, cela vient d’un manque de compréhension des structures de pouvoir.

Il existe déjà un déséquilibre de pouvoir dans la relation médecin-patient, selon elles, et cela peut créer un environnement dangereux pour les Autochtones qui demandent de l’aide médicale.

«Nous avons tellement d’exemples de la façon dont les peuples autochtones sont traités dans le système de santé avec les décès tragiques de personnes comme Joyce Echaquan et Brian Sinclair», a rappelé une autre chercheuse, Pamela Roach, qui est aussi membre de la Nation métisse de l’Alberta.

Joyce Echaquan, une Atikamekw de Manawan, est décédée en septembre 2020 à l’hôpital de Joliette, sous les insultes du personnel médical. Brian Sinclair est un homme autochtone décédé en 2008 dans la salle d’attente d’un hôpital de Winnipeg. Selon le rapport d’autopsie, cela a pris plusieurs heures avant que sa mort ait été remarquée par le personnel.

L’enquête compte 375 répondants, sur environ 12 000 auxquels elle a été envoyée.

À la question qui demandait aux médecins s’ils préféraient les Blancs ou les Autochtones, 25 % ont répondu qu’ils préféraient les Blancs et plus de 8 % ont dit qu’ils avaient des sentiments défavorables envers les Autochtones.

«(Les participants) ont auto-déclaré un biais explicite, a commenté Mme Ruzycki. Ça devrait être zéro.»

Mme Roach a expliqué que le faible taux de réponse au sondage était probablement dû au moment où il a été envoyé, pendant la deuxième vague de la pandémie de COVID-19, lorsque les hôpitaux étaient surchargés et que de nombreux travailleurs de la santé se sentaient épuisés.

Un bon taux de réponse pour la plupart des enquêtes est d’environ 20%, ont dit les chercheuses, ajoutant que poser des questions directes sur des questions raciales était également un facteur de dissuasion.

Mme Ruzycki a souligné que le taux de réponse à une question démographique au début du questionnaire était d’environ 10%, soit un peu moins de 1 100 médecins. «À la première question sur les préjugés anti-autochtones, ce nombre est tombé à 375. Dès que nous avons posé une question vraiment inconfortable et difficile, les gens se sont retirés.»

Mme Roach a fait valoir que s’il est important de signaler les cas de racisme, ce n’est que la première étape.

«Là où nous avons des problèmes, c’est dans les étapes qui suivent le signalement», a-t-elle affirmé, soulignant qu’il manque de structures de reddition de comptes.

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Cet article a été produit avec le soutien des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.

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