Une «exemption limitée» pour réunir les familles séparées par la frontière

OTTAWA — Le Canada assouplit certains critères à la frontière pour permettre aux membres de la famille immédiate de se retrouver, même en période de pandémie. Les voyageurs devront cependant s’isoler pendant 14 jours dès leur arrivée au pays.

L’Agence des services frontaliers du Canada a annoncé par voie de communiqué que ces assouplissements seraient en vigueur à compter de lundi, 23h59.

La frontière canado-américaine est fermée pour des voyages non essentiels depuis le 21 mars, ce qui a séparé certains parents de leurs enfants ou des conjoints de fait. Le premier ministre Justin Trudeau avait laissé entendre, il y a quelques jours, que cela pourrait changer.

«On veut évidemment que les familles soient ensemble, mais notre priorité demeure la sécurité des Canadiens», a-t-il déclaré lors de son point de presse quasi quotidien devant sa résidence, lundi matin.

«On va donc instaurer une exemption limitée qui va permettre aux membres de la famille immédiate des citoyens ou des résidents permanents d’entrer au Canada, principalement des conjoints, des enfants, et les parents d’enfants mineurs. Mais je veux être clair, toute personne qui entre au pays va devoir s’isoler complètement pendant 14 jours», a-t-il ajouté.

Le ministre fédéral de l’Immigration, Marco Mendicino, dit qu’il ne faut pas voir dans ces assouplissements une invitation à faire le voyage sur une base régulière.

«Cela ne signifie pas que les frontières seront ouvertes aux voyageurs, l’instant d’un week-end ou à ceux qui souhaitent entrer pour assister à un événement. Cette mesure est mise en place pour aider les familles canadiennes à se réunir et non pour permettre aux gens d’aller et de venir comme bon leur semble», a-t-il averti.

Une hausse de cas à venir?

L’Agence de la santé publique du Canada regardera «très attentivement» les conséquences des manifestations antiracisme des derniers jours sur le nombre de cas de COVID-19 au pays.

L’administratrice en chef de la santé publique, Dre Theresa Tam, conseille aux participants de surveiller s’ils ont des symptômes du virus dans les prochains jours et de se faire tester au besoin.

Nul besoin d’y aller tout de suite, vu la période d’incubation du virus qui est de quelques jours.

Dre Tam n’a pas porté de jugement sur la décision des manifestants de se réunir en grand nombre, sans respecter la distanciation sociale. À son avis, les Canadiens ont le droit de manifester contre le racisme.

«Je pense qu’il aurait été irréaliste pour la santé publique de penser que des manifestations n’auraient pas lieu», a-t-elle déclaré.

Le premier ministre Trudeau, qui était présent à la manifestation d’Ottawa vendredi, soutient qu’il a suivi les recommandations de la santé publique.

«Comme vous avez tous vu, j’ai pris les mesures nécessaires autant que possible. J’ai porté un masque. Je me suis gardé à distance le plus possible que ce que je pouvais», a-t-il dit.

M. Trudeau dit qu’il n’a pas de symptômes de la COVID-19, mais qu’il est «ouvert» à subir un test de dépistage.

Nombre de cas

Il y a eu plus de 1 896 000 tests administrés au Canada depuis le début de la pandémie. Environ 5 % d’entre eux ont détecté la maladie. On fait passer, dans la dernière semaine, en moyenne 33 000 tests par jour.

Jusqu’à maintenant, on a recensé 96 244 cas confirmés ou probables dans l’ensemble du pays. La COVID-19 a provoqué la mort de 7835 Canadiens.

Distribution des cas au pays, selon les plus récents bilans provinciaux et territoriaux: 53 047 cas au Québec, dont 4984 décès; 30 860 cas en Ontario, dont 2450 décès; 7202 cas en Alberta, dont 149 décès; 2659 cas en Colombie-Britannique, dont 167 décès; 1059 cas en Nouvelle-Écosse, dont 61 décès; 654 cas en Saskatchewan, dont 13 décès; 300 cas au Manitoba, dont sept décès; 261 cas à Terre-Neuve-et-Labrador, dont trois décès; 146 cas au Nouveau-Brunswick, dont un décès; 27 cas à l’Île-du-Prince-Édouard, tous guéris; 11 cas au Yukon, tous guéris; cinq cas dans les Territoires-du-Nord-Ouest, tous guéris; aucun cas au Nunavut.

À ces bilans provinciaux et territoriaux s’ajoutent les 13 cas, tous guéris, chez les passagers rapatriés du navire de croisière Grand Princess le 10 mars.