TORONTO — Une petite famille de Canadiens partie en voyage autour du monde a décidé de pratiquer l’isolement volontaire sur une petite île tropicale du Pacifique sud, malgré le risque de contracter là-bas la dengue, une autre maladie infectieuse virale.
Emmanuel Samoglou, son épouse Nicole Adoranti et leur fille de deux ans séjournent présentement dans l’idyllique Rarotonga, qui fait partie des Îles Cook, un petit État lié à la Nouvelle-Zélande.
«Il est plus logique de rester ici, a expliqué M. Samoglou, âgé de 41 ans. Nous voulons éviter les aéroports et nous estimons que ce pays a été très bienveillant avec nous, nous a ouvert son coeur et ses bras, alors si nous pouvons aider ici, on va le faire.»
L’archipel du Pacifique sud, qui compte environ 13 000 habitants, ne recense aucun cas confirmé de la COVID-19, mais le gouvernement a relevé ses niveaux d’urgence sanitaire et fonctionne en présumant que le coronavirus circule déjà dans les îles.
Les deux Canadiens ont vécu à l’étranger pendant des années, dont les cinq dernières aux Émirats arabes unis, avant d’avoir leur fille. Ils voulaient passer plus de temps avec leur bébé et ont économisé leurs sous avant d’amorcer un périple autour du monde en juin dernier. Ils ont d’abord rendu visite à des membres de leurs familles en Italie, en Grèce, en Corée du Sud et en Thaïlande, puis ont visité Bali et la Nouvelle-Zélande avant d’atterrir à Rarotonga à la mi-février, raconte M. Samoglou.
Lui avait déjà travaillé aux Îles Cook comme journaliste en 2013 et 2014: le couple a donc des amis là-bas, mais le micro-État, comme une grande partie de la planète, pratique maintenant la distanciation sociale. «Nous avons la plage à nous tout seuls, mais c’est la saison des pluies ici, alors nous sommes à l’intérieur la plupart du temps», a précisé M. Samoglou.
La dengue
Avant que le nouveau coronavirus ne commence à se propager dans le monde et à tuer des milliers de gens, la principale inquiétude de la famille à Rarotonga était la dengue, une autre maladie infectieuse virale, transmise celle-là par les moustiques, qui circule dans l’île.
Contrairement au Canada, la seule pénurie dans l’île semble être les serpentins anti-moustiques. «Il y a beaucoup de papier toilette ici», lance M. Samoglou en riant.
La petite famille a songé à revenir au Canada lorsque le premier ministre Justin Trudeau a appelé la semaine dernière les Canadiens à l’étranger à rentrer chez eux. Mais les Îles Cook ont commencé à interrompre leurs vols la semaine dernière.
Les seuls vols toujours offerts sont à destination et en provenance de la Nouvelle-Zélande, qui a elle aussi fermé ses frontières aux étrangers — bien que M. Samoglou croie que la Nouvelle-Zélande autoriserait sa famille à transiter si elle voulait partir.
«Nous avons sérieusement envisagé de retourner au Canada, mais dans quel genre de situation on serait?, demande-t-il. Nous serions en quarantaine pendant deux semaines et on aurait peur d’infecter la famille, ou vice versa. Même si on se sent bien seuls ici, nous avons décidé qu’il serait peut-être préférable de rester.»
Ils s’inquiètent par contre du système de soins de santé sur l’île, qui ne pourrait pas gérer une épidémie à grande échelle. Les Îles Cook prévoient d’envoyer en Nouvelle-Zélande toute personne atteinte qui aurait besoin de soins.
Sinon, la famille prévoit aller à la plage lorsque le soleil se pointera — la petite de deux ans apprend à nager. La nourriture est également abondante: «il y a des bananes et des papayes qui poussent dans notre cour. Et je peux décortiquer une noix de coco, même si ça me prend beaucoup de temps…». Les eaux environnantes fournissent également une abondance de poissons, du thon au mahi-mahi en passant par le marlin, a expliqué M. Samoglou.