MONTRÉAL — Mauvaise nouvelle alors que débute à peine la saison des barbecues: une nouvelle étude met de nouveau en lumière le lien entre la consommation de viande rouge et une hausse du risque de mortalité.
Des chercheurs de l’université Harvard ont constaté que les gens qui augmentaient leur consommation de viande rouge pendant une période de huit ans étaient ensuite plus susceptibles de mourir pendant les huit années suivantes, comparativement aux gens qui n’avaient pas augmenté leur consommation de viande rouge.
En revanche, une réduction de la consommation de viande rouge jumelée à une augmentation de la consommation d’aliments plus sains abaissait le risque de mortalité.
«Quand on diminue la viande rouge, habituellement on va la remplacer par quelque chose d’autre, a dit Emmanuelle Dubuc-Fortin, une nutritionniste d’Extenso, le centre de référence sur la nutrition de l’Université de Montréal. Et le choix de ce qu’on mange en remplacement peut avoir des effets bénéfiques et jouer sur la mortalité.»
Cette étude est loin d’être la première à associer la consommation de viande rouge, et surtout de viande rouge transformée, à des problèmes de santé — qu’il s’agisse du diabète de type 2, de la maladie cardiovasculaire ou de certains cancers (notamment ceux du colon et du rectum) — ou à un décès prématuré.
Les chercheurs américains ont étudié 53 553 participantes et 27 916 participants à la gigantesque Nurses’ Health Study. Ils ont découvert que l’ajout quotidien d’au moins une demi-portion de viande rouge transformée rehaussait de 13 pour cent le risque de mortalité. L’ajout de la même quantité de viande rouge non transformée gonflait le risque de mortalité de 9 pour cent.
Les chercheurs ont aussi mesuré des associations importantes entre la consommation de viande rouge et une hausse des décès causés par une maladie cardiovasculaire, une maladie respiratoire ou une maladie neurodégénérative.
Le lien entre la viande rouge et la mortalité prématuré n’était nullement influencé par l’âge des participants, leur niveau de sédentarité, la qualité de leur alimentation, leur tabagisme ou leur consommation d’alcool.
L’étude a aussi démontré qu’une réduction de la consommation de viande rouge jumelée à une augmentation de la consommation de noix, de volaille (sans la peau), de produits laitiers, d’oeufs, de grains entiers et de légumes pendant une période de huit ans réduisait le risque de mortalité pendant les huit années suivantes.
«On ne dit jamais d’éliminer complètement la viande, a ajouté Mme Dubuc-Fortin. Il s’agit d’avoir des portions raisonnables, de ne pas en manger tous les jours, de varier les sources de protéines. Il y a moyen de faire des barbecues sans viande, mais c’est aussi correct d’en intégrer.»
Il faudrait toutefois y réfléchir à deux fois avant de se tourner vers les galettes de protéines végétales qui font actuellement fureur.
«Ces produits-là ne sont pas tellement plus intéressants du point de vue de la santé qu’un burger de viande rouge, a prévenu Mme Dubuc-Fortin. C’est très riche en gras saturés, donc ce n’est pas plus intéressant pour la santé cardiovasculaire. C’est vraiment un produit qui est ultra-transformé, c’est rempli d’additifs, tandis qu’un burger de boeuf, c’est du boeuf et rien d’autre. Ce n’est pas en se tournant vers des produits comme ça qu’on va améliorer notre santé.»
Les chercheurs croient que le lien entre la viande rouge et la mortalité prématurée tient à différents facteurs qui entraînent des problèmes cardiométaboliques, comme le gras saturé, le fer héminique, le cholestérol et des substances cancérigènes créées par la cuisson à haute température. Le microbiome intestinal a aussi été mis en cause.
Les conclusions de cette étude ont été publiées par le BMJ.