SURREY, C.-B. — Une augmentation importante du nombre de crimes violents au premier trimestre de 2019 à Surrey, en Colombie-Britannique, est en partie attribuable à une modification du Programme de déclaration uniforme de la criminalité de Statistique Canada, affirme la Gendarmerie royale du Canada.
Le corps policier ajoute que ce changement affectera probablement les données sur la criminalité dans l’ensemble du pays.
L’agence fédérale a annoncé l’an dernier une révision de son Programme de déclaration uniforme de la criminalité, à la suite de la couverture médiatique nationale accordée en 2017 relativement à l’utilisation par les services de police du terme «affaire non fondée».
Statistique Canada a modifié son approche. Ainsi, depuis le 1er janvier, «on doit croire que le crime a eu lieu, sauf preuve concrète du contraire, même si aucun auteur présumé n’a été identifié». Auparavant, les crimes qui ne pouvaient pas être corroborés par des preuves n’étaient pas inclus dans les statistiques sur la criminalité d’une ville.
La GRC de Surrey dit qu’il est trop tôt pour évaluer pleinement l’impact des changements sur les statistiques de la criminalité, mais son analyse montre que certains types de crimes sont plus touchés que d’autres, notamment les agressions, les menaces et le vol à l’étalage.
Au premier trimestre de 2019, le nombre total d’infractions au Code criminel a augmenté de 4 pour cent à Surrey par rapport au premier trimestre de 2018, tandis que le nombre de crimes violents a augmenté de 43 pour cent en raison d’une hausse notable du nombre de vols qualifiés, d’infractions sexuelles et de voies de fait.
La grande municipalité métropolitaine de Vancouver semble être parmi les premières juridictions à publier des statistiques du premier trimestre de 2019. Les services de police ne publient pas tous des chiffres trimestriels détaillés, a déclaré la capitaine Elenore Sturko de la GRC.
L’officière souligne que la GRC examine de près ces données. Ces hausses ne sont pas toutes imputables au changement apporté à la présentation des données.
Certaines de ces pertes ne sont pas imputables au changement de la collecte des données. Par exemple, une augmentation de 48 pour cent des vols qualifiés reflète un véritable pic de vol survenu à Surrey plus tôt cette année.
«Nous ne voulons pas tout effacer et simplement dire: « ne vous inquiétez pas, c’est à cause des changements apportés par Statistique Canada, dit-elle. Les crimes violents à Surrey sont une priorité et le restent pour nous. Mais il est naturel que cela soit en partie imputable aux changements au Programme de déclaration uniforme de la criminalité.»
Les infractions sexuelles ont augmenté de 48 pour cent au premier trimestre de 2019 par rapport à la même période de l’année dernière, tandis que les voies de fait ont augmenté de 40 pour cent.
Il est difficile de dire exactement quelle part de l’augmentation du nombre de crimes violents a été causée par le changement. Il sera difficile de comparer directement les données de 2019 avec celles des années précédentes, ajoute la capitaine Sturko.
Selon un professeur de criminologie à l’Université Simon-Fraser en Colombie-Britannique, Robert Gordon, Statistique Canada ne publiera pas de données sur la criminalité à l’échelle nationale de 2019 avant le printemps de 2020. Il sera impossible de les comparer avec celles des données précédentes, dit-il.
«En gros, l’horloge s’est arrêtée le 31 décembre et a redémarré le 1er janvier.»
M. Gordon signale que les changements reflètent une révision majeure de la manière avec laquelle les corps policiers comptabilisent les crimes. Les agressions sexuelles et la violence familiale ont longtemps été sous-estimées; ce changement vise à remédier à ce problème, explique-t-il.
Ainsi, si un tiers signale un cas de maltraitance d’enfant et si celui-ci ne veut pas porter plainte, le présumé délit figurera dans les données statistiques.