MONTRÉAL – L’Iranienne Roghayeh Azizi Mirmahaleh, qui était menacée de déportation, pourra finalement rester au Canada.
La dame de 60 ans a appris, jeudi matin, que le gouvernement canadien lui avait délivré un permis de séjour valide pour deux ans.
Son avocate Stéphanie Valois a confirmé la nouvelle à La Presse canadienne. Me Valois a ajouté qu’elle allait lancer des procédures pour que sa cliente puisse rester au Canada de manière permanente.
Mme Azizi était détenue depuis mardi par l’Agence des services frontaliers du Canada. Des agents d’immigration, qui craignaient de perdre sa trace avant qu’elle ne soit déportée le 28 février, avaient décidé de l’incarcérer.
La sexagénaire — qui est arrivée au Canada en 2012 — était tout sourire, jeudi matin, lorsqu’elle a été autorisée à quitter les bureaux des services frontaliers en compagnie de sa fille, Sahar Brahimi.
Le député de Québec solidaire Amir Khadir avait alerté l’opinion publique, lundi, sur le cas de sa compatriote.
Jeudi matin, M. Khadir a accueilli avec soulagement la décision du gouvernement fédéral d’annuler sa déportation.
«Nous espérons que ce permis de séjour fasse réfléchir le gouvernement sur toute cette question du renvoi dans des pays qui, comme l’Iran ou l’Arabie saoudite, pratiquent la torture et les exécutions sommaires. Je pense qu’il y a là un problème qu’il faudra régler», a-t-il déclaré.
La ministre québécoise de l’Immigration, Kathleen Weil, s’est dite «très contente» de la tournure des événements.
«C’est le cumul des interventions, a-t-elle souligné. Mais c’est sûr qu’on a eu beaucoup d’échanges avec le cabinet du ministre (fédéral de l’Immigration). Il savait qu’on avait cette grande préoccupation.»
En plus de M. Khadir et Mme Weil, le maire de Montréal, Denis Coderre, et le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, s’étaient exprimés publiquement pour faire débloquer la cause de Mme Azizi.
Le gouvernement canadien avait précédemment refusé d’octroyer le statut de réfugié à Mme Azizi, en raison de ses liens avec l’Organisation des moudjahidines du peuple iranien, un regroupement critique du régime en place qui a déjà été considéré comme terroriste par le Canada. Ce groupe ne figure toutefois plus sur la liste noire du Canada depuis 2012.
Me Valois avait déclaré, plus tôt cette semaine, que sa cliente était apeurée à l’idée de retourner en Iran et qu’elle craignait pour sa vie.
Dans les années 1980, Mme Azizi a été emprisonnée en Iran pour ses activités politiques et son mari a été exécuté en 1988 alors qu’il était également en détention.
La délivrance du permis de séjour est survenue le jour même où la Cour fédérale devait entendre un appel d’urgence pour que Mme Azizi puisse demeurer en sol canadien.