MORLEY, Alb. — Une Première Nation en Alberta se tourne vers ses jeunes pour sensibiliser les aînés aux dangers de la COVID-19.
La Première Nation Stoney Nakoda est constituée de trois réserves à proximité des Rocheuses, où plusieurs éclosions du virus ont émergé depuis le début de la pandémie.
Le président-directeur général de l’administration de la collectivité, Ryan Robb, a affirmé que sa communauté, qui inclut la ville de Morley, à 70 kilomètres de Calgary, a fait face à un défi de taille. Le stoney demeure la principale langue parlée par la grande majorité de ses membres, peu importe leur âge.
«Ils ont une préservation exceptionnelle de leur langue, même si nous sommes très, très proches d’une grande ville, explique M. Robb en entrevue. Très rapidement, nous avons réalisé que nous devions diffuser notre message en stoney et en anglais. »
Selon M. Robb, des messages du chef et du conseil sont diffusés à la radio dans les deux langues et un grand panneau numérique présente l’information en anglais et en stoney le long de la route qui mène à la communauté.
Des fichiers audio ont aussi été créés pour pouvoir être téléchargés sur les téléphones intelligents.
«Nous avons créé un petit fichier téléchargeable très simple, indique M. Robb. Nous l’avons traduit en stoney, ce qui me permet d’aller voir ma grand-mère et de lui faire entendre le message dans sa langue natale pour qu’elle puisse comprendre.»
Il a ajouté que ces messages visaient particulièrement les écoles, pour convaincre les jeunes de se confiner pour protéger leurs grands-parents.
«Assurez-vous de protéger votre grand-père et votre grand-mère, conseille M. Robb. La valeur des aînés est très importante pour les Premières Nations.»
Des caractéristiques spécifiques
Au sein de la nation Stoney Nakoda comme dans bien d’autres communautés, plusieurs générations vivent ensemble dans de petites maisons sur les réserves. La limitation de la propagation du virus est donc d’autant plus essentielle.
«Nous avons 1100 ménages sur trois réserves, constate M. Robb. Comment est-il possible de limiter la propagation à seulement quatre ou cinq maisons?»
Le gouvernement albertain a reconnu que plusieurs lieux d’éclosion du virus dans la province avaient des caractéristiques communes à celles qui prévalent dans les collectivités autochtones. Des équipes de sensibilisation se rendent donc dans les communautés pour partager l’information.
«Les quartiers les plus touchés par le virus tendent à être des endroits où le revenu moyen est plus faible, où la population est plus dense, où les maisons multigénérationnelles sont populaires, ce qui peut rendre l’isolement difficile lorsque c’est nécessaire», a affirmé le premier ministre Jason Kenney plus tôt ce mois-ci.
«Plusieurs de ces familles ont aussi des barrières de langue, ce qui limite leur accès à l’information et aux ressources», a-t-il ajouté.
Le docteur John Conly, professeur à la faculté de médecine de l’Université de Calgary et expert en maladies infectieuses, a travaillé avec la nation Stoney Nakoda. Ayant soigné plus de 100 patients atteints de la COVID-19, il n’est pas surpris des mesures implantées pour partager l’information essentielle.
«Nous voyons aussi cela dans plusieurs nouvelles communautés immigrantes, souligne-t-il. Certaines informations liées à la COVID-19 doivent être traduites dans huit à dix langues. Plusieurs personnes comprennent bien l’anglais, mais lorsque l’information devient complexe, leur langue maternelle est toujours plus efficace.»