TORONTO — Aya Hammoud peine à surmonter la douloureuse épreuve de la mort de sept membres de sa famille dans le tremblement de terre qui a dévasté certaines parties de la Syrie et de la Turquie.
La résidente de Toronto a déclaré que son grand-père, sa femme, ses quatre cousins et leur mère sont morts lorsque le séisme a détruit leur immeuble à logements dans la ville syrienne de Harem, près de la frontière du pays avec la Turquie.
Mme Hammoud, qui est venue au Canada en tant que réfugiée en 2017, a confié que les derniers jours avaient été «vraiment, vraiment durs».
«Je ne sais pas ce qu’est de traverser une telle épreuve en ce moment, a déclaré la femme de 24 ans lors d’un entretien téléphonique. Je ressens tant de tristesse et de désespoir. La plupart des membres de ma famille sont morts.»
Mme Hammoud a affirmé que les équipes de secours avaient récupéré les corps de son grand-père et de sa conjointe mercredi, et que les corps de ses cousins – tous mineurs – et de leur mère avaient été retirés des décombres jeudi.
«L’aînée a 13 ans. Elle s’appelle Haya. C’est une fille très intelligente. Elle est spéciale. Elle ne méritait pas d’être sous les décombres pendant trois jours, a-t-elle affirmé. Et aussi ses frères et sœurs, Sarah, Qusay et Oday.»
Il y a plusieurs années, sa grand-mère et son oncle ont été tués dans un attentat à la bombe dans la guerre en cours en Syrie.
Lorsque le séisme a frappé, une autre tante et ses enfants qui vivaient à proximité ont réussi à s’échapper de chez eux, a déclaré Mme Hammoud, tout comme sa mère et ses frères et sœurs qui vivent dans une autre ville.
«Ma tante n’arrêtait pas de me dire à quel point c’était grave, a-t-elle confié. Elle a appelé ça la fin du monde. C’est une catastrophe.»
Des équipes de secours locales ont donné la priorité aux survivants des bâtiments détruits où elles pouvaient entendre des voix sous les décombres, a dit Mme Hammoud, une situation qui l’a amenée à se demander si davantage aurait pu être fait pour sauver sa famille.
«Ils ne cherchaient que les endroits où ils savaient à 100% qu’il y avait quelqu’un de vivant, a-t-elle déclaré. Je ne peux pas m’empêcher de penser que si (mes cousins) avaient été retirés plus tôt, ils auraient peut-être été en vie.»
Mme Hammoud a déclaré qu’elle essayait de canaliser son chagrin dans des efforts pour inciter les gens à faire des dons aux efforts de secours après le tremblement de terre.
«C’est ma seule façon de faire face pour l’instant», a-t-elle déclaré.
Le tremblement de terre de magnitude 7,8 de lundi, suivi de plusieurs répliques puissantes, a ravagé des parties du sud-est de la Turquie et du nord-ouest de la Syrie, tuant plus de 20 000 personnes et détruisant des milliers de bâtiments.
«Les répliques ne s’arrêtent pas»
Abdulfatah Sabouni, qui vit à Calgary avec sa femme et ses quatre enfants depuis l’arrivée de la famille en tant que réfugiés syriens en 2016, était en voyage d’affaires dans la ville turque de Gaziantep lorsque le séisme a frappé alors qu’il dormait dans son hôtel.
«Après environ une minute, j’ai pensé que je devais quitter le bâtiment, a-t-il déclaré lors d’un entretien téléphonique depuis la Turquie. Tout le monde était dehors, y compris les enfants. Il faisait extrêmement froid et il neigeait.»
M. Sabouni, âgé de 46 ans, a déclaré qu’un immeuble voisin s’était effondré et que son hôtel a été rapidement fermé, l’obligeant à se réfugier dans une voiture avec un ami ces derniers jours.
«Nous conduisons la voiture dans des zones dégagées où il n’y a pas de construction autour, a-t-il affirmé. Les répliques ne s’arrêtent pas. Elles provoquent la chute d’autres bâtiments depuis lundi.»
Sortir de la ville est difficile, a-t-il dit, car les gens se pressent dans l’aéroport et les centres de transit dans le but de fuir la région.
«Les gens vivent dans la rue. Beaucoup sont malades ou blessés, a-t-il déclaré. Beaucoup de gens ont perdu le contact avec les membres de leur famille.»
Les répercussions de la guerre
En Syrie, dans un secteur qui comprend des zones contrôlées par le gouvernement et des rebelles après plus d’une décennie de guerre, plus de 3100 morts et plus de 5000 blessés ont été signalés jeudi.
Les répercussions de la guerre ont rendu le pays plus fragile avec des infrastructures détruites et un manque d’accès aux éléments de base, notamment l’électricité, le carburant et les fournitures médicales.
Environ 6,9 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur de la Syrie avant le tremblement de terre et plus de 6,8 millions de Syriens ont été contraints de fuir leur pays depuis 2011, dont 3,6 millions en Turquie, selon les Nations unies.
Marwa Khobieh, directrice générale de la Syrian Canadian Foundation, a déclaré que bon nombre de ceux qui ont été tués, blessés ou déplacés en raison du tremblement de terre dans le sud-est de la Turquie sont des réfugiés syriens qui y vivaient.
«Ces gens vont d’une crise à l’autre, a-t-elle déclaré. Ils ont dû fuir leurs maisons pour des raisons de sécurité et à cause des bombardements.»
Elle a dit que les Canadiens d’origine syrienne s’inquiètent pour leurs proches en Syrie et en Turquie.
Les premiers camions d’aide humanitaire de l’ONU à entrer dans la zone contrôlée par les rebelles dans le nord-ouest de la Syrie depuis la Turquie sont arrivés jeudi, soulignant la difficulté d’apporter de l’aide aux habitants du pays.