CARACAS, Venezuela — Des véhicules blindés ont foncé dans des manifestants antigouvernementaux alors que les troupes fidèles au président vénézuélien Nicolas Maduro tentaient de rétablir l’ordre, mardi, après l’appel à la révolte militaire lancé plus tôt dans la journée par le chef de l’opposition, Juan Guaidó.
La rébellion surprise, baptisée «Opération liberté», semblait n’avoir recueilli qu’un soutien militaire limité.
Les événements ont commencé mardi matin lorsque M. Guaidó, qui s’est autoproclamé président par intérim avec le soutien des États-Unis et de dizaines d’autres pays, a diffusé une vidéo de trois minutes tournée près d’une base aérienne de Caracas, dans laquelle il exhorte les civils et les membres des forces armées à un dernier effort pour renverser le régime socialiste de M. Maduro.
À la surprise de tous, Leopoldo Lopez, son mentor politique et le plus influent militant de l’opposition vénézuélienne, se tenait à ses côtés. Arrêté en 2014 pour avoir dirigé une précédente vague de manifestations antigouvernementales, M. Lopez a déclaré qu’il avait été libéré de son assignation à domicile par les forces de sécurité ayant obéi à l’ordre de M. Guaidó.
«Je veux dire au peuple vénézuélien: c’est le moment de descendre dans la rue et d’accompagner ces soldats patriotiques», a lancé M. Lopez.
Tandis que les deux chefs de l’opposition coordonnaient les actions de véhicules garés sur un viaduc routier, les troupes fidèles au président Maduro tiraient sporadiquement des gaz lacrymogènes à partir de la base aérienne adjacente de Carlota.
Une foule qui a rapidement atteint quelques milliers de personnes s’est précipitée pour se mettre à l’abri, pour réapparaître plus tard avec Juan Guaidó sur une place à proximité, à l’écart des perturbations.
Un groupe plus restreint de jeunes gens masqués est resté sur l’autoroute, lançant des pierres et des cocktails Molotov vers la base aérienne et mettant le feu à un autobus gouvernemental. Au milieu du chaos, un véhicule blindé a foncé à toute vitesse dans la foule. Deux manifestants, la tête et les jambes ensanglantées, ont été emmenés sur une moto.
«C’est maintenant ou jamais», a déclaré l’un des jeunes soldats rebelles, le visage couvert du bandana bleu porté par les quelques dizaines de soldats insurgés.
Le ministre de la Défense, Vladimir Padrino López, a condamné le geste de M. Guaidó, qu’il a qualifié d’acte «terroriste» et de «tentative de coup d’État».
Au fil de la journée, les gouvernements de plusieurs pays ont exprimé leur soutien à Juan Guaidó, tout en réitérant leurs appels à éviter les affrontements violents.
Le groupe de Lima, une coalition de pays latino-américains dont fait aussi partie le Canada, a une fois de plus exhorté l’armée vénézuélienne à appuyer M. Guaidó et à cesser d’être «les instruments du régime illégitime» au Venezuela.
Le gouvernement espagnol a quant à lui appelé à la retenue, tandis que Cuba et la Bolivie ont réitéré leur appui à Nicolas Maduro.