Pannes: environ 700 000 abonnés d’Hydro-Québec toujours sans courant

MONTRÉAL — Hydro-Québec a pu rebrancher en près de 12 heures autour de 423 000 clients qui s’étaient retrouvés dans le noir à la suite du passage du cocktail météo qui a déversé de la pluie, du verglas et de la neige par endroits, de mercredi à jeudi matin. 

Un peu avant 23 h jeudi, 700 766 abonnés étaient toujours sans courant, alors que ce nombre s’élevait à 1 124 047 en fin de matinée. Les régions les plus touchées étaient celles de Montréal (369 998), de la Montérégie (93 758), de Laval (83 171), des Laurentides (61 659) et de l’Outaouais (56 158). 

«Je dirais que jusqu’à maintenant, c’est un peu au-delà de nos espérances. Depuis le début de la journée, on a dû rétablir environ 500 000 clients. (…) Cependant, il reste encore beaucoup de pain sur la planche», a indiqué un porte-parole chez Hydro-Québec, Francis Labbé, à La Presse Canadienne. 

Les efforts de rebranchement seront suspendus pour la nuit avant de reprendre tôt vendredi matin pour une autre journée de 16 heures. Il y aura toutefois des équipes de nuit pour répondre aux urgences et rétablir les cas prioriaires, a précisé M. Labbé. 

Celui-ci invite par ailleurs les résidants des secteurs affectés par les pannes et les bris de vérifier l’état du mât qui longe l’extérieur de leur résidence et permet d’être raccordé au réseau d’Hydro-Québec.

«Si le mât est endommagé, la correction doit être faite par un maître-électricien avant que nos services soient rétablis. C’est très important que les gens s’assurent que leur mât est en bon état et n’est pas endommagé pour qu’on puisse ramener le courant», a expliqué M. Labbé. 

Appel à la patience

Hydro-Québec s’attend à pouvoir rétablir le courant pour 70 à 80 % de ses abonnés d’ici vendredi soir, mais certains clients pourraient devoir attendre jusqu’au cours de la fin de semaine de Pâques.

Le premier ministre François Legault a d’ailleurs demandé au million de Québécois touchés par les pannes d’être patients en vue du rétablissement du courant, tout en indiquant que la situation n’était pas assez grave pour décréter l’état d’urgence ou réclamer l’aide de l’armée.

«C’est une urgence, on s’en occupe», a expliqué le premier ministre en point de presse au centre de contrôle du réseau d’Hydro-Québec, jeudi à Montréal, où il était accompagné notamment de la présidente-directrice générale sortante d’Hydro-Québec, Sophie Brochu. 

«Étant donné que c’est concentré dans le Grand Montréal et en Outaouais, on est même capables de demander à des équipes des autres régions de venir nous aider», a-t-il ajouté.

Il n’est donc pas question «pour l’instant» d’avoir recours à l’aide des militaires. Plus tôt jeudi, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, avait indiqué que l’armée serait disponible au besoin.

Mais la situation était devenue plus stable en fin de matinée jeudi, a indiqué Régis Tellier, vice-président, opérations et maintenance, chez Hydro-Québec.

Le portrait est beaucoup moins critique que lors des pannes importantes survenues pendant les Fêtes, ou encore lors de la crise du verglas en 1998.

«On est vraiment au niveau du réseau de distribution, donc c’est beaucoup de pannes, mais des petites pannes, moins d’envergure», a-t-il expliqué en point de presse au centre de contrôle du réseau d’Hydro-Québec. 

Sophie Brochu a assuré que les travailleurs «donneront leur 100 %» pour rétablir le courant le plus rapidement possible, malgré le congé de Pâques.

Mme Brochu a prévenu que ce genre d’événement serait plus fréquent et que la société devrait s’adapter au changement climatique. Hydro-Québec a fait des travaux de contrôle de la végétation, mais il y a une limite à ce qu’il est possible de faire pour éviter que des branches brisent des équipements lors d’un verglas. «On ne peut pas couper tous les arbres», a-t-elle dit. 

M. Legault exclut l’idée d’enfouir tous les fils d’Hydro-Québec, une solution trop coûteuse. «On parle de 100 milliards $. Il faut être réaliste.»

Comme Mme Brochu, le premier ministre mentionne qu’il faudra s’adapter à la plus grande fréquence d’événements climatiques. À titre de stratégie, il a évoqué la présence de centres où les Québécois pourraient se réfugier ou «prendre une douche», par exemple.

Plus de 1100 travailleurs étaient sur le terrain pour régler la situation. La priorité de la société d’État est d’abord d’assurer la sécurité du public, en enlevant les fils qui seraient dans le chemin, par exemple. Les travailleurs se concentreront ensuite à ramener l’électricité dans des endroits névralgiques, dont les hôpitaux et les résidences pour personnes âgées.

En conférence de presse plus tôt jeudi matin à Québec, les ministres de l’Énergie et de la Sécurité publique, Pierre Fitzgibbon et François Bonnardel, ont indiqué que la situation demeurait maîtrisée, malgré cette «crise». 

«La concentration des pannes au niveau des disjoncteurs, on pense que ça va être sous contrôle très rapidement. Tout le monde est à l’oeuvre pour pouvoir régler ça le plus rapidement possible», a soutenu M. Fitzgibbon.

Situation à Montréal

Le premier ministre Justin Trudeau était présent dans la métropole pour constater les dégâts. En mêlée de presse, M. Trudeau a assuré que le gouvernement fédéral serait là pour aider si besoin.

«On est là pour aider avec tout ce qu’on peut aider», a-t-il indiqué.

La mairesse Valérie Plante, qui était à ses côtés, a affirmé que des centres seraient établis pour permettre aux citoyens de se réchauffer et d’avoir accès à certains services. 

Elle a indiqué qu’aucune contravention ne serait distribuée jeudi en raison de la gravité de la situation. 

En conférence de presse, M. Legault a dit qu’il avait donné cette même directive aux policiers de la Sûreté du Québec. Il a aussi demandé aux policiers des autres municipalités de faire preuve de flexibilité auprès des citoyens.

La mairesse de Montréal a par ailleurs dissuadé les citoyens d’aller dans les parcs, car avec le redoux de la température, la glace fond et tombe au sol. 

«On le voit, ça peut tomber, c’est encore très instable. Malheureusement, c’est pas le moment d’aller prendre une marche dans nos magnifiques parcs», a-t-elle affirmé.

Elle n’a pas pu fournir d’échéancier précis pour la suite, étant donné que la Ville dépend beaucoup des travaux d’Hydro-Québec.

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