Baie-Saint-Paul: des sinistrés rentrent chez eux

BAIE-SAINT-PAUL — Des sinistrés de Baie-Saint-Paul, dans Charlevoix, retournent tranquillement chez eux. Le pont Leclerc a rouvert à la circulation mardi après-midi, ce qui a permis de reconnecter les deux parties de la municipalité qui avaient été séparées par les eaux au niveau de la rivière du Gouffre.   

Toutefois, des citoyens devront encore encore faire preuve de patience. «Les résidants qui ont été évacués, on vous demande de ne pas retourner à votre résidence avant que la Ville vous ait donné l’autorisation. Ce n’est pas une question de contrôle, c’est une question de sécurité», a expliqué le maire de Baie-Saint-Paul, Michaël Pilote, en point de presse mardi en fin de journée. 

Il est donc de nouveau possible de se rendre aux Éboulements et à La Malbaie par la route 362. Les véhicules lourds ne peuvent toutefois pas l’emprunter et doivent plutôt passer par les routes 175 et 172. 

Il y aura aussi des séances d’information sur les programmes d’aide du gouvernement pour les sinistrés jeudi. La brèche du réseau d’eau potable a été colmatée. L’avis d’ébullition est toutefois encore en vigueur. 

Le premier ministre François Legault se rendra à Baie-Saint-Paul mercredi matin. 

«Je vous dis que le pire serait passé»

Sur place mardi dans la journée, son ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, a dit croire que le pire serait passé après une violente crue de la rivière du Gouffre qui a forcé l’évacuation de près de 600 personnes. Il a toutefois fait preuve de prudence.  

«Je vous dis que le pire serait passé. (…) Malheureusement on attend encore quelques coups d’eau: entre 10 et 30 millimètres de pluie dans les prochaines heures. Donnons-nous encore un 24 à 48 heures pour faire le constat de tout ça», a-t-il expliqué en point de presse mardi matin à Baie-Saint-Paul avec ses collègues Jonatan Julien et Karianne Bourassa ainsi que le maire, Michaël Pilote.

Le ministre Bonnardel a affirmé qu’il était trop tôt pour évaluer les coûts des dégâts.

Il s’est ensuite envolé en hélicoptère vers Saint-Urbain, car la route qui y menait était encore fermée à ce moment. 

Bien qu’il ait été moins éprouvé que Baie-Saint-Paul en termes de dommages matériels, le village est éploré par la disparition de deux pompiers emportés par les eaux alors qu’ils portaient secours à des citoyens isolés. 

«Il faut garder espoir encore. Toutes les ressources sont sur le terrain. On fait tout, tout, tout en notre possible pour être capables de retrouver ces personnes disparues. On sait que ce n’est pas évident ce qui se passe dans la communauté, qui est tissée serré», a dit le ministre. 

À ses côtés, la mairesse Claudette Simard s’est dite impressionnée par le déploiement des ressources, hélicoptères, bateaux, drones et autres qui participent aux recherches. Elle a souligné la solidarité et l’entraide des citoyens qui avaient marqué les dernières heures.

Le premier ministre Legault, depuis Québec, a eu ces commentaires au sujet de la catastrophe naturelle: «C’est triste et puis si on parle de la disparition des deux pompiers, je dirais même que c’est affreux, c’est tragique, ça nous rappelle le rôle des premiers répondants. On l’oublie parfois là, mais ces gens-là prennent des risques pour nous.»

La Sûreté du Québec (SQ) poursuit sans relâche les recherches dans l’espoir de retrouver les deux hommes.

«Les changements climatiques nous frappent»

François Bonnardel a reconnu que l’adaptation aux changements climatiques représente un défi majeur pour les municipalités et que celles-ci sont souvent démunies pour faire face à la reconstruction à la suite d’une catastrophe naturelle comme celle qui secoue Charlevoix présentement.

«Les changements climatiques nous frappent et on doit réagir et mettre les sommes conséquentes pour sécuriser le Québec», a affirmé le ministre. 

La question de l’adaptation aux changements climatiques a d’ailleurs eu des échos à l’Assemblée nationale mardi. 

Le Parti québécois appelle le gouvernement Legault à l’action pour mieux outiller les municipalités du Québec à faire face à des événements météo extrêmes.

«Si ce genre d’événement climatique extrême devient la norme. Si également les îlots de chaleur en été deviennent invivables. Il faut verdir et adapter l’urbanisme. C’est une réalité et malheureusement non, on ne voit pas aucun signe d’un gouvernement qui prend ça réellement au sérieux», a affirmé le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon.

En point de presse, le chef libéral Marc Tanguay a suggéré que la renégociation du pacte fiscal pourrait être une occasion de tenir compte de l’adaptation aux changements climatiques. «C’est correct, lorsque la tragédie arrive, d’investir des fonds pour réparer, endiguer. Mais qu’est-ce qu’on peut faire en amont? Ça va prendre de l’argent», a-t-il lancé.

«François Legault doit envoyer un message aux municipalités et aux gens sur le terrain que le gouvernement du Québec sera au rendez-vous et qu’il va augmenter significativement ses investissements», a soutenu, pour sa part, le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.

Une annonce bientôt

En mêlée de presse, François Legault a soutenu qu’en additionnant «tous les programmes des différents ministères, il y a déjà 1,2 milliard $ qui est disponible pour les municipalités pour l’adaptation au changement climatique».

Il a ajouté que son ministre de l’Environnement, Benoit Charette, annoncera bientôt «des montants additionnels» provenant de l’enveloppe de 1,4 milliard $ que le dernier budget a prévu pour la réduction des GES et l’adaptation aux changements climatiques, sans toutefois préciser l’ampleur de la somme qui sera ajoutée spécifiquement aux changements climatiques ou si elle sera spécifiquement destinée aux municipalités. 

«Il y a des besoins pour l’adaptation aux changements climatiques. Déjà on en fait beaucoup. Il va falloir continuer à le faire parce qu’il va y avoir effectivement de plus en plus d’impacts», a-t-il reconnu.

Bataille de chiffres

L’Union des municipalités du Québec (UMQ) affirme toutefois que la somme réelle que Québec met à leur disposition s’élève plutôt à 547 millions $. Or, les municipalités ne demandent rien de moins que 2 milliards $ par année pour l’adaptation aux changements climatiques, un chiffre que François Legault a remis en question.

«D’abord, j’aimerais savoir d’où vient ce 2 milliards $. C’est une demande des municipalités, mais maintenant, nous, on a mis 1,2 milliard $ déjà. Puis c’est un coût qui doit être partagé entre les municipalités et le gouvernement du Québec», a dit le premier ministre. 

Malgré tout, ses propos laissaient entendre que l’on n’aura pas le choix, tant à Québec qu’au niveau municipal, que de prévoir des dépenses en hausse pour les situations de ce genre: «Ce qui arrive à Baie-Saint-Paul, c’est exceptionnel, mais ça risque de se répéter. Donc, on s’ajuste.»

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