Visite de Puigdemont: la SSJB demande à Scheer et Trudeau de «crever l’abcès»

MONTRÉAL — Alors que la décision de laisser entrer ou non au Canada le leader catalan Carles Puigdemont se fait toujours attendre, la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal presse les principaux aspirants au poste de premier ministre, Justin Trudeau et Andrew Scheer, de prendre position sur cette question.

Au cours d’une conférence de presse, jeudi, le président général de la SSJB de Montréal, Maxime Laporte, a invité les deux chefs en campagne électorale à «crever l’abcès», car selon lui, c’est une question de respect du droit des peuples à l’autodétermination — ce qui est prévu à la Charte des Nations unies.

M. Puigdemont n’a été reconnu coupable d’aucun acte criminel. Pourtant, sa venue au Québec fait l’objet d’une obstruction au Canada, a dénoncé M. Laporte. Et l’on ignore encore quel motif est invoqué pour la longueur du processus, puisqu’aucune raison n’a été donnée officiellement.

«Comme tout être humain sur la Terre, monsieur Puigdemont revendique son droit à la libre circulation et à pouvoir visiter les pays qu’il veut. Ce n’est pas, évidemment, un criminel; on veut le faire passer pour un criminel. C’est pour ça qu’on interpelle monsieur Scheer et monsieur Trudeau. Le Canada semble accréditer cette thèse tout à fait saugrenue que monsieur Puigdemont aurait posé des gestes criminels en organisant un référendum», a dénoncé M. Laporte.

Selon l’avocat spécialisé des questions d’immigration, Me Stéphane Handfield, qui représente M. Puigdemont, une telle demande est habituellement réglée dans un délai de trois jours. Or, cela fait près de six mois que M. Puigdemont attend une décision quant à sa venue au pays.

Une mise en demeure a d’ailleurs été adressée, mardi dernier, au ministère de l’Immigration. Le délai expirera vendredi. Me Handfield  s’entretiendra avec M. Puigdemont samedi pour faire les choix qui s’imposent pour la suite des choses.

«On attend de voir s’il y a une décision et s’il y a une décision: laquelle. Et s’il n’y a pas de décision, bien j’informerai monsieur Puigdemont et j’expliquerai ce qu’on pourrait faire. Et on prendra une décision tous les deux ensemble», a-t-il résumé.

Me Handfield a expliqué que plusieurs choix s’offrent à monsieur Puigdemont. Il n’a toutefois pas voulu dévoiler sa «stratégie» en la matière.

«Le fait est que le Canada en 2019 se comporte en fossoyeur du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes», a tonné M. Laporte, faisant référence aussi à la contestation de la Loi 99 du gouvernement du Québec, dans laquelle le gouvernement fédéral est intervenant.

Cette loi établit que le seuil de 50 pour cent plus une voix du suffrage permettrait de trancher la question d’un référendum sur la souveraineté du Québec.