OTTAWA — Un nouveau rapport sur l’écrasement d’un avion de ligne ukrainien abattu par l’armée iranienne en janvier faisant état d’une batterie de missiles mal alignée et d’autres erreurs humaines souligne la nécessité d’une enquête indépendante, affirme un représentant des proches des victimes canadiennes de la tragédie.
Le rapport publié samedi soir par l’Organisation de l’aviation civile iranienne est publié plusieurs mois après que le vol PS752 d’Ukraine International Airlines eut été abattu par les Gardiens de la révolution islamique.
Le drame a coûté la vie à 176 personnes, dont 55 citoyens canadiens, et 30 résidents permanents. Des dizaines d’autres avaient aussi des liens avec le Canada.
Les autorités iraniennes ont initialement nié toute responsabilité, ne reculant qu’après les pays occidentaux eurent des preuves de leur responsabilité. On leur reproche d’avoir fait des efforts pour nuire à l’enquête sur les circonstances de l’écrasement.
Hamed Esmaeilion, un dentiste de Toronto dont l’épouse Parisa et sa fille de neuf ans Reera, ont péri dans la tragédie, n’en démord pas sur la nécessité d’une enquête indépendante.
«Cela soulève plus de questions, a-t-il commenté au cours d’une entrevue à La Presse Canadienne. Il est très difficile de croire à cette histoire.»
Le drame s’est déroulé à l’aéroport principal de Téhéran. Cette nuit-là, les forces iraniennes avaient lancé une attaque aux missiles contre une base américaine en Irak en représailles à la mort d’un général iranien à Bagdad, le 3 janvier.
Le rapport détaille une série d’erreurs qui ont conduit à la destruction de l’appareil. Les responsables de la batterie ne pouvaient pas non plus communiquer avec leur centre de commandement. Ils ont également identifié le vol civil comme une menace et ont ouvert le feu à deux reprises sans obtenir l’approbation des hauts responsables.
Le rapport ne dit pas pourquoi les Gardiens de la Révolution ont déplacé le système de défense aérienne, mais a noté que le vol ukrainien n’avait rien fait hors de l’ordinaire jusqu’au lancement du missile.
«Au moment du tir du premier missile, l’avion volait à une altitude et une trajectoire normales», indique le rapport.
M. Esmaeilion se demande bien pourquoi c’est ce vol qui a été la cible des missiles et non les appareils qui avaient décollé peu de temps auparavant.
Il laisse entendre que le rapport était encore une autre tentative de l’Iran afin de détourner l’attention des vraies causes de la tragédie.
«Il est très difficile de croire cette histoire et c’est le seul scénario qui en fait un accident, déplore M. Esmaeilion. «Si la batterie a été mal calibrée à 107 degrés, mais pourquoi les huit autres avions étaient-ils en sécurité? Pourquoi? Elle n’a été mal calibrée que pour la PS752?»
Le rapport blâme entièrement le personnel de la batterie de missiles. Six personnes soupçonnées d’être impliquées dans le drame ont été arrêtées, a déclaré un porte-parole du gouvernement en juin. Il a dit qu’à l’époque trois avaient été libérés sous caution tandis que les trois autres étaient toujours détenus.
Le porte-parole d’Affaires mondiales Canada, Sylvain Leclerc, n’a pas répondu directement aux questions sur le rapport de l’aviation civile. Il a plutôt souligné les appels passés du ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, à l’Iran pour une enquête complète et transparente.
Dimanche soir, François-Philippe Champagne a écrit sur Twitter que «l’Iran que doit mener une enquête complète et transparente conformément aux normes internationales et fournir réparation aux familles des victimes.»
Il a ajouté que le Canada travaillait avec ses partenaires afin que «l’Iran respecte ses engagements, notamment en ce qui concerne l’analyse des boîtes noires en France le 20 juillet.»