10 vins effervescents pour les Fêtes

Dans la province de Trévise, en Vénétie, la méthode « col fondo » était utilisée avant l’arrivée des autoclaves en acier inoxydable dans lesquels fermentent aujourd’hui la plupart des proseccos. Christian Zago fait fermenter le sien dans des cuves en béton, puis le met en bouteille alors qu’il contient encore une petite quantité de sucre. Le vin termine donc sa fermentation en bouteille, laissant un résidu de levures qui lui donne un aspect trouble. Un prosecco atypique, nature, mais droit et savoureux, dont la bouche est tranchante, dépourvue de toute sucrosité et dotée d’une tenue et d’un volume remarquables pour l’appellation. Une curiosité à découvrir !

L’ensemble du vignoble de Stéphane Tissot, vigneron à Arbois, est certifié en biodynamie depuis 2004 et les vinifications sont conduites sans intrants. Au-delà de l’effervescence, ses crémants du Jura sont des vins de terroir. Ce rosé est le fruit d’un pressurage direct de pinot noir, de trousseau et de poulsard. L’amateur de vin rouge de Bourgogne dirait qu’il « pinote », c’est-à-dire que son bouquet de cerise rouge et de sous-bois rappelle celui d’un pinot noir. La bouche est aérienne et gracieuse, mais substantielle et encadrée d’une agréable structure. Un vin long, complexe et racé d’une superbe qualité !

Verdin est le nom du cru ; Bugey, celui de l’appellation, située aux limites de la Savoie et du Jura, dans la commune de… Bugey. Ce vin a peu d’égal pour accompagner un dessert aux fruits rouges ou pour constituer un dessert en soi. Les cépages gamay et poulsard sont vinifiés selon la méthode ancestrale et les fermentations cessent avant que la totalité des sucres aient été transformés en alcool. Résultat : un vin tout léger (8 % d’alcool) et moelleux (52 g/L), dont la douceur est équilibrée par une pointe acidulée. Une curiosité alpine qui donne l’impression de mordre à pleines dents dans le fruit.

En acquérant les 400 hectares de vignes du Marquis de Monistrol il y a une vingtaine d’années, Carlos Sumarroca est devenu le plus important producteur de cava dont les vins sont issus exclusivement de raisins en propriété. Le vignoble est certifié biologique depuis 2018. Bien qu’il soit un peu moins vibrant que le remarquable 2016 recommandé l’an dernier, le 2017 est un très bel exemple de brut nature et un excellent rapport qualité-prix.

En plus de son délicieux cava rosé, cette cave centenaire du Penedès signe un excellent brut nature (c’est-à-dire élaboré sans ajout de sucre après la seconde fermentation en bouteille), issu de xarel-lo, de macabeu et de parellada. Le 2017 déploie au nez des parfums rancio, signe d’un début d’évolution, qui n’enlèvent rien à la fraîcheur des arômes de pomme et d’écorce de citron. Sec, ample et harmonieux.

La famille Mestres a cessé sa production de mousseux d’entrée de gamme pour se consacrer exclusivement à l’élaboration de cavas « de terroir » dans son domaine de Sant Sadurní d’Anoia. Si vous êtes tombés sous le charme du 1312 depuis son apparition sur le marché, vous devriez en faire provision puisque cet arrivage sera le tout dernier à la SAQ. Un assemblage classique de macabeo, de xarel-lo et de parellada, élevé sur lies pendant 18 mois, et dont les saveurs évoquent les pâtisseries et l’abricot, le tout souligné par une finale saline. Un très bon cava à servir avec les huîtres.

Ce domaine resté familial jusqu’en 1987 appartient maintenant à la cave coopérative Union Auboise. Le nez expressif de ce blanc de noirs, assez typique de la Côte des Bar, met d’emblée en appétit. En bouche, le fruit rouge, la pomme verte et les notes de pâtisseries sont soulignés par une délicate amertume et une saine acidité. Un champagne assez substantiel pour la table. Très recommandable à ce prix.

La famille Fleury cultive son vignoble de la Côte des Bar en biodynamie depuis une trentaine d’années. Son blanc de noirs, composé à 100 % de pinot noir et fermenté avec les levures indigènes, est toujours aussi typé et vibrant de fraîcheur et d’énergie. La bouche offre de la tenue, de la longueur et laisse une délicieuse sensation de plénitude en finale. À moins de 60 dollars, c’est l’un des rapports qualité-prix-plaisir les plus avantageux au rayon des champagnes.

La famille Laherte est établie sur les coteaux sud d’Épernay, entre la Côte des Blancs et la vallée de la Marne. Ultradition est la cuvée porte-étendard du domaine. L’acidité caractéristique du pinot meunier (60 %) n’est pas étrangère à la grande sensation de fraîcheur qui émane de ce vin, auquel 40 % de vins de réserve apportent aussi un volume et une consistance appréciables. Les notes de fruits blancs et rouges sont portées en bouche par des bulles persistantes et par un cadre assez tendu. Un vin lumineux, vendu à bon prix.

Benoît Doussot a fait ses classes aux côtés de Bertrand Gautherot (Vouette & Sorbée). L’élève et le maître ont mis sur pied ensemble un commerce de négoce « haute couture ». Les raisins de pinot noir qui composent cette cuvée proviennent de la Côte des Bar et sont vinifiés sans intrants, puis élevés en fûts de chêne neutres. Les Semblables est ensuite vieilli sur lattes pendant 15 mois. Dès le premier nez, la présence de parfums rancio et d’une pointe d’acidité volatile nous indique qu’on a affaire à un champagne hors normes. L’attaque est vive et dépourvue de sucrosité (<1,2 g/L), mais le vin n’en est pas moins large en bouche et très complexe, entre les fruits blancs et rouges, les odeurs de sous-bois et l’accent umami. À apprécier à table, avec des pétoncles poêlés.