Boycotter le tourisme en République dominicaine ?

À l’occasion de la Journée des droits de l’homme, qui avait lieu le 10 décembre, une manifestation-éclair s’est déroulée à l’aéroport Trudeau pour dénoncer la décision de la République dominicaine de retirer leur nationalité à près de 250 000 Dominicains de descendance haïtienne, rapporte Le Devoir.

À l’occasion de la Journée des droits de l’homme, qui avait lieu le 10 décembre, une manifestation-éclair s’est déroulée à l’aéroport Trudeau pour dénoncer la décision de la République dominicaine, il y a quelques mois, de retirer leur nationalité à près de 250 000 Dominicains de descendance haïtienne, rapporte Le Devoir.

Déployé sur fond de décor tropical factice et mettant notamment en scène une touriste aux mains maculées de rouge (ainsi que le comédien d’origine haïtienne AngeLo Cadet), le coup d’éclat visait à inciter les voyageurs à éviter la République dominicaine, tant que cette décision ne sera pas renversée.

Pour ce faire, la quinzaine de militants présents sur place — et rapidement évacués par les agents de sécurité — exhibaient des pancartes portant des inscriptions comme «Boycottons la République dominicaine !» ou «Nés en République dominicaine = Citoyens dominicains», comme en fait foi cette galerie de photos.

«Si vous pleurez la mort de Nelson Mandela […], vous devez dénoncer la décision raciste, xénophobe et inique des autorités dominicaines», a eu le temps de lancer aux passagers Robert Ismaël, coordonnateur du Comité d’actions contre la décision 168.13 de la Cour Constitutionnelle de la République dominicaine, cité par Le Nouvelliste d’Haïti.

Rendue en septembre dernier et presque passée sous silence, la décision en question a déchu de leur nationalité des dizaines de milliers de citoyens dominicains de descendance haïtienne, et ce, de façon rétroactive, jusqu’en 1929…

Comble du ridicule : le gouvernement dominicain pourrait bientôt permettre à ces nouveaux apatrides de demander la naturalisation, comme s’ils venaient de débarquer au pays, souligne Le Devoir.

Dénoncée par l’ONU et par plusieurs instances internationales, cette «dénationalisation» n’a pas encore ébranlé outre mesure le gouvernement canadien. Une pétition présentement en ligne vise à le sensibiliser à cette réalité, parallèlement à l’appel des Québécois et des Canadiens au boycott touristique de la «RepDom».

Rappelons que récemment, le tollé international soulevé par une histoire abracadabrante de condamnation injuste a rapidement porté ses fruits, à Dubaï, un pays qui tire (lui aussi) d’énormes revenus de l’industrie du tourisme. L’été dernier, un appel massif au boycott des Maldives avait aussi permis qu’une adolescente violée et abusée évite la flagellation.

Comment les Québécois, fraternellement proches des Haïtiens, répondront-ils aux pressions du Comité d’actions ? Peut-être que certains d’entre eux choisiront de voyager en Haïti, cette année: le tourisme y est justement en essor et le pays partage la même île que la République dominicaine. Dans les circonstances, l’impact symbolique serait d’autant plus percutant.

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