Avant le spectaculaire atterrissage d’urgence d’un Airbus piloté par le commandant Piché, en août 2001, peu de Québécois avaient entendu parler des Açores. Dix-sept ans plus tard, il est plus que surprenant qu’il en soit presque toujours ainsi.
D’abord, ce petit archipel situé à 1 400 km des côtes portugaises est relié chaque été par vol direct à Montréal, et ce, depuis des années : une partie des Portugais de la métropole québécoise sont d’origine açorienne, ceci expliquant cela.
Ensuite, les neuf îles de cette région autonome du Portugal sont si ravissantes, inaltérées et singulières qu’on se demande bien comment elles ont pu demeurer dans l’ombre si longtemps.
Mais en cette époque où tout un chacun recherche des destinations méconnues qui se démarquent — des destinations sûres, de surcroît —, les choses sont en train de changer.

Ancienne escale obligée sur les routes maritimes de l’Atlantique, les Açores ont longtemps servi de point de ravitaillement et de site de transbordement pour tout ce qu’on ramenait des Amériques. Ainsi s’est enrichie Angra do Heroísmo, capitale historique de l’archipel et splendide ville fortifiée, inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

Éminemment champêtres, les îles des Açores sont peuplées d’à peine 250 000 âmes, contre un million dans la diaspora — très présente au Canada et aux États-Unis.

Difficile de rester de marbre en arrivant au sommet de la caldeira de Sete Cidades, dans l’île de São Miguel. En contrebas, quatre lacs de cratère se côtoient, dont deux inséparables nés d’un même ensemble volcanique : le Lagoa Verde et le Lagoa Azul (ici couvert d’une brume matinale).

Située dans les hauteurs de Vila Franca do Campo, la chapelle de l’Ermida da Nossa Senhora da Paz s’élève depuis 1764 au sommet d’une volée d’escaliers, là où on raconte que la Vierge serait un jour apparue. L’endroit n’est pas sans rappeler le sanctuaire Bom Jesus do Monte, à Braga, au Portugal.

Très pieux, les Açoriens organisent régulièrement de grandes fêtes religieuses, surtout au printemps. À cette occasion, ces petites chapelles votives que sont les impérios (à droite sur la photo) s’animent dans chaque ville et village.

L’architecture coloniale traditionnelle est omniprésente aux Açores : églises, résidences privées, bâtiments administratifs… et même certaines stations-services, comme celle-ci, à Ribeira Grande, dans São Miguel.

Le soir, parcs et places centrales deviennent le théâtre de paisibles rassemblements — ici devant l’hôtel de ville de Ribeira Grande.

Flâner dans les villes et villages açoriens (ici à Povoação) est un ravissement de tous les instants : l’architecture y est splendide, homogène et variée, et tant les pavés de basalte que les rues mosaïquées abondent sous les balcons ouvragés.

On dit qu’aux Açores on a souvent droit à quatre saisons dans une même journée ; si tel n’est pas nécessairement le cas en été, les maelstroms de nuages plombés demeurent fort impressionnants.

En 1834, un certain vicomte Praia racheta la demeure du consul britannique en poste aux Açores, et son épouse se mit à aménager un vaste jardin romantique tout autour — une œuvre que son fils poursuivit par la suite. De nos jours, le parc botanique Terra Nostra, à Furnas, s’étend sur 12,5 hectares de pure beauté verte.

Tous ceux qui adorent avaler des bornes sont plus que servis aux Açores : les routes à l’impeccable bitume de Terceira et de São Miguel, pour ne nommer que ces îles, sont ponctuées de nombreux virages longeant la mer et de grandioses points de vue panoramiques.

Il y a une trentaine d’années, aux Açores, on chassait encore la baleine au harpon. Près de Capelas, dans l’île de São Miguel, la cheminée d’une fonderie rappelle le passé baleinier de l’archipel, tout comme c’est le cas du Musée de la baleine de Lajes, dans l’île de Pico.

Seul endroit d’Europe où on cultive le thé, les Açores comptent deux plantations, toutes deux situées à Maia, dans São Miguel. Importé par les Portugais en Europe continentale et introduit dans l’archipel dans les années 1820, le thé apprécie le climat humide et chaud de ces îles ainsi que ses sols acides et argileux. Ce sont deux Chinois venus de Macao (ex-colonie portugaise) qui auraient enseigné les techniques de traitement du thé aux Açoriens.

Dans l’île de Terceira, on a créé une sorte de « village açorien d’antan », dans une ferme familiale vieille de deux siècles. Baptisé Quinta do Martelo, l’endroit permet de découvrir la vie rurale açorienne par l’intermédiaire d’expositions, d’objets traditionnels, d’une table gastronomique bio et même de petites habitations en pierre où il est possible de dormir à la dure ou en tout confort, au choix. Un vignoble attenant produit un vin rustique qu’on sert mélangé à de l’orangeade pour en atténuer l’acidité et créer une sorte de sangria locale.

Plat typique du Portugal, le cuzido est ici enfoui sous terre pour être cuit à l’étouffée grâce à la chaleur tellurique et à la vapeur issues de l’activité volcanique. De la sorte, les saveurs s’imprègnent profondément dans toutes les composantes du plat (bœuf, poulet, ventrèche, oreilles de porc, chorizo, boudin, chou, carotte, igname…).

Même si elles ont été assez épargnées par le tourisme de masse, les Açores vivent désormais d’embarrassantes périodes d’engorgement, par endroits, en haute saison. La proximité du continent européen et les vols à prix ultramodiques qui en partent n’y sont pas étrangers. À Biscoitos, dans l’île de Terceira, ces bassins naturels sont souvent envahis par d’innombrables touristes, qui débarquent par autocars entiers, troublant la quiétude des baigneurs.

Peu réputées pour leurs plages — ce qui les a longtemps préservées du tourisme de masse —, les Açores comptent quelques jolis liserés sablonneux dignes de mention. À Mosteiros, les sables volcaniques sont encombrés de cailloux qui roulent sous les vagues et irritent les pieds, mais les eaux peuvent se maintenir à 20 degrés jusqu’en octobre.

Dans chaque île açorienne, les origines volcaniques se font bien sentir, que ce soit par des fumerolles, des sources d’eau chaude ou le relief déchiqueté de basalte noir. Comme l’île de la Réunion ou Hawaï, les Açores forment un territoire vivant qui grandit au gré des éruptions. En 1957 et 1958, l’île de Faial a ainsi gagné 2,4 km2 grâce au rejet de coulées de lave du Capelinhos, petit volcan nouvellement né. À quand la prochaine expansion naturelle de l’archipel ?
À savoir
De juin à septembre, le transporteur açorien SATA relie Montréal à Ponta Delgada une fois par semaine, en vol direct et sans escale. De Toronto, la liaison est offerte toute l’année.
Si la meilleure saison pour fréquenter les Açores s’étend de mai à septembre, juillet et août sont très courus, et octobre peut s’avérer fort agréable.
Admirablement situé au sommet d’une falaise dominant la mer, à 15 minutes de l’aéroport de Ponta Delgada, le Caloura Resort forme une base de choix pour explorer l’île de São Miguel.
À Angra Do Heroísmo, près du centre historique, on peut séjourner dans une ancienne forteresse réaménagée en hôtel de luxe, la pousada São Sebastião.
L’entreprise de location de voitures Letsrent.pt n’a pas de comptoir à l’aéroport de Ponta Delgada, mais c’est ce qui lui permet d’offrir des tarifs modiques. Pour ce faire, on réserve à l’avance, on téléphone en descendant de l’avion et la voiture est livrée dans les 10 minutes qui suivent.
Le Petit Futé publie un miniguide de poche et un ouvrage plus étoffé sur les Açores, alors que chez Gallimard, le guide Portugal, Madère et Açores dispose d’une petite section sur l’archipel. Pour planifier ses randonnées pédestres, le guide Rother Açores présente 77 itinéraires très détaillés (offert à la librairie Ulysse).
Info : visitazores.com
L’auteur était l’invité de SATA et de Visit Azores.
Beaucoup de Portugais montréalais sont originaires de cet archipel
Nous avons visité Ponta Delgada et son île magnifique perdue au milieu de l’Atlantique. Il y a un véritable lien avec le Canada – ses gens sont affables et sympathiques, ses vaches laitières des coopératives locales sont originaires du Québec et de l’est ontarien , ses retraités luso-canadiens qui sont retournés dans les îles pour y trouver la paix ( près de 20,000), vous verrez le drapeau canadien flotté fièrement au vent du large et des petites routes de la campagne bordée de clôtures de pierres des champs, la beauté naturelle du paysage dont ce magnifique parc horticole et spa naturel : Terra Nostra . Et, pour la tranquillité des lieux et ses gourmandises locales – Nous avons adoré ce petit Éden ! je le recommande aux amateurs de paysages , de trekking et de gastronomie à base de poisson et de l’agriculture locale. L’endroit est sécuritaire et les prix sont encore à la portée de tous.
Nous avons visité l’ile de São Miguel, en septembre dernier. Ce fut une très belle découverte. Nous avions un appartement en banlieue de Ponta Delgada et avec une location de voiture nous avons pu explorer de long en large cette magnifique île. On a maintenant le goût d’aller explorer les îles de Terceira, Flores, Pico, Faia etc.
Pour y être aller 2 fois, le reportage traduit très bien l’esprit de ces îles!
Merci M. Lawrence pour ce beau reportage sur les Açores. Je souhaite que Sata vous invite à decouvrir les autres iles de l’archipelago afin de partager la beauté des iles avec les
voyageurs qui veulent découvrir
des merveilles de la nature!
Une québecoise née à Flores, Açores!
Je connais bien les Açores. Vous avez bien réussi à rendre images et émotions
Merci l’Actualité.
Comme vous le dîtes, peu de personnes les connaissent mais c’est certes un endroit à visiter – leur cuzido semble sublime.
Vous devriez nous en faire connaître d’autres beaux endroits comme les Açores
Ce genre d’article me dégoûte! Un supposé journaliste nous présente les avantages de visiter une région du monde, et toutes ses dépenses sont payées par l’industrie touristique du pays concerné. Un magazine honnête aurait intitulé ce genre de papier de publi-reportage. Ça fait pitié et je n’irai jamais aux Açores, croyez-moi.