Des îles paradisiaques perdues au milieu du Saint-Laurent

Situées à 20 minutes de traversier de Rivière-du-Loup, l’île aux Lièvres et les îles du Pot à l’Eau-de-vie accueillent une riche faune aviaire… ainsi qu’un grand nombre de touristes, charmés par ce cadre naturel sans pareil.

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L’île du Gros Pot (à l’Eau-de-Vie), vue de la rive sud de l’île aux Lièvres. – Photo : Diane Laberge

Longue de 13 km (1,6 km dans sa partie la plus large), l’île aux Lièvres appartient à la grande famille de la Société Duvetnor, qui protège aussi l’archipel des Pèlerins et les îles du Pot à l’Eau-de-vie. Seules ces dernières, ainsi que l’île aux Lièvres, sont toutefois accessibles aux campeurs et randonneurs, qui devront parcourir 20 minutes à bord d’un traversier au départ de Rivière-du-Loup pour y accéder.
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Dès qu’il y a mis les pieds, Jean Bédard, fondateur de la Société Duvetnor, est tombé amoureux de ce paradis marin. Dans le but de protéger ces îlots sauvages, le biologiste a donc fondé, en 1989, un organisme sans but lucratif qui se finance… à même le poil de la bête.

«En période de nidification, la femelle eider [un canard migrateur] arrache son duvet pour en faire une couette afin de protéger ses petits. Lorsque ceux-ci ont quitté le nid, nous procédons à l’inventaire des nouveaux arrivants et profitons de l’occasion pour ramasser ce duvet, que nous revendons pour en faire des oreillers de plume. C’est notre façon de financer en partie nos actions de protection des îles de l’archipel», explique Olivier, guide naturaliste, tout au long de la traversée vers ces îles perdues au milieu du fleuve.

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À bord du traversier Saint-Siméon—Rivière-du-Loup, vue de l’île aux Lièvres, avec Charlevoix en fond de scène. – Photo : Diane Laberge

Les îles du Pot à l’Eau-de-vie

En route vers l’île aux Lièvres, on longe lentement les rives rocheuses des îles du Pot à l’Eau-de-vie. Cet archipel est abondamment fréquenté par l’eider à duvet, le cormoran à aigrette et le petit pingouin.

Longtemps appelées «Brandy Pot» (en raison de la multitude de petits trous d’eau saumâtre qui s’accumule entre les rochers), les îles du Pot à l’Eau-de-vie sont surtout réputées pour leur phare, où les vacanciers pourront manger divinement et passer la nuit dans l’une des trois pittoresques chambres. Ici, pas besoin de cadran : le chant des oiseaux agit comme le meilleur réveille-matin qui soit.

L’île aux Lièvres

Tandis que le gouvernement du Québec a mis la main sur 93 % de l’île aux Lièvres pour en faire une réserve de la biodiversité, 7 % de l’île est exploitée — lire protégée — par la Société Duvetnor.

Cette étendue de terre fonctionne en quasi-autonomie : panneaux solaires et éoliennes voient à la fabrication de l’électricité. L’île aux Lièvres possède aussi son propre système d’aqueduc et puise son eau potable dans le seul ruisseau permanent qui coule sur ce territoire. Elle est filtrée et chlorée dans une installation moderne qui respecte toutes les normes gouvernementales en matière d’eau potable.

Axée sur la conservation et l’éducation, la Société Duvetnor a installé à quelques endroits des panneaux d’interprétation qui informent le visiteur sur l’état des milieux naturels, ainsi que sur les espèces menacées ou en voie d’extinction. On apprend ainsi qu’en une seule journée, de 40 à 250 espèces vivantes (animaux, insectes, végétaux) disparaissent à tout jamais dans le monde. Aussi bien informé, impossible de ne pas se lancer à l’aventure avec le plus grand des respects.

Plus de 40 km de sentiers, accessibles à tout type de marcheur, serpentent l’île aux Lièvres. Traversant l’île du nord au sud, le Sentier du jardin, par exemple, est parsemé de lichens et de sabots de la vierge. Ici, les épinettes prennent des allures de bonsaïs sculptés par les lièvres. Le Sentier de la Corniche et le Sentier de la Petite Forêt, quant à eux, mettent à la disposition des randonneurs une «corde à Tarzan», laquelle permet de prendre d’assaut un escarpement de 40 m de hauteur, sur l’échine centrale de l’île.

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Clément, petit randonneur de deux ans, en camping à l’île aux Lièvres avec ses parents. – Photo : Diane Laberge

Hébergement et gastronomie

L’île aux Lièvres compte six chalets, ainsi qu’une vingtaine de sites de camping à proximité du littoral. Les campeurs qui ne voyagent pas léger pourront emprunter une brouette pour transporter leur équipement sur des distances qui atteignent jusqu’à 12 km — l’équivalent de trois heures de marche !

Un exemple de camping : Les Bélugas, situé sur la pointe ouest de l’île (joliment nommée le Bout-d’en-Haut). Les cétacés y viennent nombreux pour s’amuser le long des rivages, surtout sur la rive nord de l’île, où se découpent en fond de scène les fières montagnes de Charlevoix et le phare du Cap de la Tête au Chien. Juché sur un promontoire rocheux, dans les hauteurs de Saint-Siméon, et accessible seulement par hélicoptère ou par bateau, ce phare éclaire le fleuve depuis 1909.

Sur la rive sud de l’île — où, chaque matin, un brouillard se dissipe lentement et laisse filtrer le chant des nombreux oiseaux marins du secteur —, les voyageurs peuvent loger à l’Auberge du Lièvre, qui comprend neuf chambres (dont trois nouvelles). Ils profiteront d’un petit-déjeuner robuste, servi dès 7 h 30 dans la salle à manger : omelette aux poireaux, fruits frais, yogourt à l’érable, bacon, fromage, pain multigrains…

Le soir venu, l’établissement propose une table gastronomique composée de quatre services. Un exemple de menu ? Verrine de crevettes au cari avec salade de pommes et de fenouil ; potage aux tomates, au basilic et au sésame ; chaudrée de fruits de mer ; dessert décadent.

Ici, pas de pourboires : si vous avez envie de donner, sachez que tout l’argent est réinvesti dans la protection de cet environnement sans pareil, situé à quatre heures de route de Montréal (et à une heure trente de Québec).

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L’Actualité est un autre des nombreux médias qui relaie le récit que Duvetnor tient sur elle-même. La réalité n’est pas aussi édifiante.