J’ai mis fin à une relation de laquelle j’aurais dû sortir il y a longtemps. Comment vivre avec l’impression que j’ai gaspillé plusieurs années ?

Je m’appelle Mathieu Charlebois et chaque mois, je réponds à vos grands questionnements existentiels.

Illustration : Stéphanie Aubin

Récemment, j’ai regardé en rafale les cinq films de la série Transformers. Alors que défilait le dernier générique de fin, j’ai fait le dur constat que je n’allais jamais pouvoir récupérer ces 13 heures de ma vie.

Certes, la vie est une voie à sens unique qui nous rapproche toujours plus d’une mort inévitable, qu’on essaie d’oublier en regardant des robots se tapocher sur un écran. Mais les détours trop longs qu’on regrette quand on revient sur la bonne voie, c’est aussi ça, la vie.

Ce temps est-il vraiment « gaspillé » ? Je crois que le passé n’est gaspillé que s’il ne permet pas d’améliorer le présent ou l’avenir.

Bien sûr, j’aurais adoré ne pas passer deux années en dépression, ma vie aurait été moins compliquée si je n’avais pas eu un enfant à 19 ans, et mes suggestions sur Netflix seraient meilleures sans cinq Transformers dans l’algorithme. Mais si on enlevait ces morceaux, que resterait-il de ce que je suis aujourd’hui ? On en apprend plus durant ces détours que dans les lignes droites de notre vie.

Plus le temps passe, plus nos longs détours deviennent une partie intégrante de notre être, des chapitres impossibles à supprimer sans rendre le récit incompréhensible. Si vous avez pu sortir de votre triste situation, c’est que vous n’êtes déjà plus la personne qui y est entrée. Qui est cette nouvelle personne ? C’est ce que vous allez découvrir dans les mois et les années à venir.

Vous n’avez pas perdu votre temps. Vous ne pouvez rien faire pour changer le passé, mais vous avez le plein pouvoir sur ce que vous allez en retirer. Avec un peu de travail d’introspection, la meilleure version de vous-même est à portée de main. La version qui ne retombera plus dans les mêmes pièges. Et, si vous apprenez de mes erreurs en plus des vôtres, la version qui se tiendra loin des films de Michael Bay.

J’ai récemment écouté les 764 épisodes de Doctor Who, mais je ne trouve jamais le temps pour lire un livre. Comment renverser la tendance ?

Il n’y a que deux choses qui soient vraiment efficaces pour motiver l’humain : la pression des pairs et se faire dire « je te gage que t’es pas capable ! ». Ça vaut pour le parapente autant que pour la lecture.

Il vous faut des pairs pour avoir la pression qui vient avec. Joignez-vous donc à un club de lecture, quitte à lancer le vôtre. Deux personnes suffisent : vous et votre conjoint, vous et un ami, vous et la réceptionniste de votre dentiste. L’idée, c’est que le rendez-vous vous oblige mutuellement à finir le livre.

Ensuite, il vous faut un défi. Fixez-vous un objectif de livres à lire durant l’année et essayez de l’atteindre. Soyez généreux : oui, les bandes dessinées lues en une heure comptent. (Mais pas cette chronique. Faut pas exagérer.)

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Merci pour la suggestion quant à la lecture! Ça fait des mois que je remet au lendemain l’achat d’une lampe de lecture, eh bien je vais la commander aujourd’hui!