Vue de l’extérieur, on dirait une colossale carafe postmoderne, ou un ovni surmonté d’une trompe. À l’intérieur, on se croirait plutôt dans le ventre d’une créature gigantesque, quand on circule sous l’ossature de bois de ce qui pourrait être sa cage thoracique.
En fait, c’est à la fois un cep de vigne noueux et le mouvement du vin qu’on fait tourner dans un verre qui ont inspiré Anouk Legendre et Nicolas Desmazières quand ils ont conçu cet impressionnant bâtiment ultramoderne recouvert de 4 000 panneaux de verre et d’aluminium. Mais au-delà du contenant, il y a le contenu.

Inaugurée en juin 2016, la Cité du vin n’est pas seulement le plus grand musée à être consacré au vin et à sa culture dans le monde, elle forme aussi un ensemble de parcours et d’expériences interactives passionnantes sur tout ce qui touche la dive bouteille.
Muni d’un audioguide qui permet de sauter de l’un des 19 îlots thématiques à l’autre, on visite ce musée expérientiel à sa guise, au gré de ses envies, sans parcours préétabli. L’audioguide s’active de lui-même en pénétrant dans certaines zones, ou au besoin en l’orientant vers une station ou une installation en particulier.

Sur les deux étages où est déployée l’exposition permanente, la scénographie et les mises en scène muséales sont vraiment réussies, et tous les aspects du vin qui sont décrits (origines anciennes, cycle de production, mutations, histoire, terroir, présence dans les civilisations…) comportent un côté ludique qui permet à quiconque — même aux enfants — d’y trouver son compte. « Ce musée se veut un espace d’initiation et de découverte du vin, tant pour les novices que pour les connaisseurs », assure Solène Jaboulet, directrice marketing.
Sur une grande table, on peut ainsi humer des arômes liés au vin qu’on a emprisonnés sous cloche, en activant une petite poire ; dans une grande salle, on projette un film d’animation à 180º sur les voyages du vin dans le monde ; dans un îlot, on rencontre virtuellement 50 viticulteurs du globe en regardant des vidéos où ils présentent leurs techniques de vinification.

Le labyrinthe qui dévoile l’histoire du vin au fil des âges est particulièrement réussi, avec ses petites stations théâtrales où sont projetées des images 3D sur fond de décors miniaturisés. Et pour marquer une pause, on passe s’étendre dans un grand canapé circulaire en regardant les images aériennes d’un film sur les plaisirs du vin, qui défile en continu, accompagné d’un fondu enchaîné de musiques planantes.
En prime, on peut enfin assister à des échanges chauvins entre Voltaire, Napoléon, Churchill et d’autres personnages historiques, qui discourent sur leurs nectars vinifiés favoris.

Aux étages inférieurs, des expositions temporaires sont présentées en alternance, comme celle, qui a présentement cours, sur la musique et le vin (un peu décevante quand on vient de passer trois heures à s’amuser dans le reste du musée).
Il est également possible de s’inscrire à des activités thématiques dans un « espace immersif et multisensoriel de dégustation », en réservant à l’avance.

À la fin de la visite, un ascenseur mène au belvédère du huitième étage, où on a droit à une dégustation d’un vin du monde (rosé slovaque ou petit blanc de Macédoine, par exemple), avec vue sur la Garonne et le gracieux pont Jacques-Chaban-Delmas.
On peut poursuivre la dégustation (payante, cette fois) au resto-bar du septième étage ou à celui du rez-de-chaussée, avant de passer à la boutique, où sont proposées 14 000 bouteilles de partout dans le monde, Russie, Irlande, Chine et Polynésie comprises… Universel, le vin ? Plus que jamais.

La Cité du vin est ouverte toute l’année, tous les jours de 10 h à 19 h (avril à août). Tarif : 20 € ; 9 € pour les 6-17 ans ; gratuit pour les moins de 6 ans. Billets coupe-file offerts.
Jusqu’en octobre, Air Transat relie Montréal à Bordeaux en vol direct et sans escale, trois fois par semaine.
Le quartier de Bacalan, où est située la Cité du vin, est en pleine mutation, et en y séjournant, on a parfois l’impression d’être en plein cœur d’un chantier. Quelques pôles d’intérêt émergent cependant çà et là, comme les Halles de Bacalan, un splendide marché doublé d’une aire de restauration et de petits bars à vin, tant pour faire ses emplettes que pour déguster des huîtres ou un rosé frais.

La Cité du vin est aussi rapidement accessible depuis la vieille ville grâce à l’excellent réseau bordelais de tramways (à 10 minutes de la place des Quinconces, très centrale).
À ne pas manquer dans les environs : l’excellente exposition Légendes urbaines, consacrée à l’art muralier urbain, et qui comporte d’étonnantes installations contemporaines. Le tout est présenté dans une ancienne base sous-marine désaffectée, construite par les nazis durant la Deuxième Guerre mondiale. Un cadre de béton brut aussi inattendu qu’extraordinaire pour déployer des œuvres d’art urbain (jusqu’au 16 septembre, à 30 minutes à pied de la Cité du vin).
Quelques bons guides pour investir Bordeaux : Un grand week-end à Bordeaux (Hachette) ; Cartoville Bordeaux (avec cartes dépliables, chez Gallimard) ; Guide de voyage Bordeaux (Lonely Planet, en français).
L’auteur était l’invité du Comité régional du tourisme de Nouvelle-Aquitaine et de l’Office de tourisme de Bordeaux.