Cet été, notre collaborateur, spécialiste du plein air, propose une sortie par semaine pour s’éloigner des sentiers battus tout en découvrant les splendeurs de la nature du Québec.
Il y a 12 000 ans, la calotte glaciaire qui recouvrait le Québec en entier et une grande partie de l’Amérique du Nord, l’inlandsis laurentidien, a commencé à fondre. En Abitibi, la déglaciation a engendré le lac glaciaire Barlow-Ojibway, qui allait subsister pendant 2 000 ans avant de se vidanger dans les océans. Ce passé explique le sol argileux et relativement plat de l’Abitibi ainsi que ses vastes étendues lacustres, reliques de ce lac glaciaire.
Cette longue histoire géomorphologique se dévoile à partir des points de vue des sentiers Opasatica, qui totalisent une douzaine de kilomètres sur une langue de terre s’enfonçant dans le lac Opasatica. Les gens du coin appellent ce petit réseau « les sentiers à José », car ils ont été défrichés sur des terres publiques par José Mediavilla, un Espagnol d’origine qui a débarqué au pays de Richard Desjardins dans les années 1960. Le but de cet exilé de la dictature franquiste : tout simplement découvrir la butte qui faisait face à son chalet.
Peu à peu, ce professeur de physique aujourd’hui à la retraite a ouvert les pistes discrètement, avant de les faire reconnaître par les autorités dans les années 2000 en vue de les protéger d’éventuelles coupes forestières. La réserve de biodiversité Opasatica, d’une superficie de 334,4 km2, qui englobe maintenant le réseau de sentiers et la totalité du lac du même nom, en assure la protection intégrale.
Pourquoi y aller ? Ces sentiers, traités aux petits oignons par leur créateur, regorgent de promontoires d’où l’on observe à loisir le lac Opasatica, long de 33 km, qui occupe une faille dans la croûte terrestre, ainsi que les monts Chaudron et Kanasuta, deux reliefs emblématiques de l’Abitibi. Les chemins traversent un écosystème forestier exceptionnel, la forêt ancienne de la Baie-à-Beaupré, qui n’a pas subi de perturbations majeures depuis au moins 265 ans.
Un coup de fatigue ? Un sentier secondaire mène à une plage formée de blocs de roc lissés par les vagues. Il est tentant de s’y étendre pour une sieste plus ou moins longue, en prenant soin de mettre son téléphone en mode silencieux : aucun risque à prendre. Ces sentiers se trouvent dans le secteur Montbeillard, hameau qui fait partie de la municipalité de Rouyn-Noranda. Leur accès est gratuit. Plusieurs stationnements et points d’entrée facilitent leur découverte. Toutes les infos sont sur le site Accès Plein Air.