La vie est trop courte pour fréquenter l’ennui, surtout dans son verre. Chaque semaine, Nadia Fournier vous fait découvrir les vins qui l’emballent.
Le gamay noir — cépage rouge officiel du Beaujolais — est un descendant direct du pinot noir. Autrefois largement répandu sur la Côte d’Or, en Bourgogne, il a été banni par le duc Philippe le Hardi, en 1395, en raison de sa nature vigoureuse. Longtemps non grata, le gamay traîne encore aujourd’hui cette mauvaise réputation acquise au fil des siècles.
Pourtant, s’il était trop vigoureux dans les sols argilo-calcaires de Bourgogne, le gamay est parfaitement adapté à la nature pauvre des sols de granite du Beaujolais. La magie des vins de Morgon et autres crus du Beaujolais réside d’ailleurs dans cette rencontre entre le gamay noir et les sols granitiques. Ailleurs dans le monde, ce cépage peut donner de bons vins fruités et faciles à boire, sans toutefois avoir l’étoffe des fleuries, brouillys ou morgons.
Jean Foillard appartient au fameux «groupe des cinq», composé de vignerons du Beaujolais formés aux côtés de Jules Chauvet, pionnier du vin sans soufre. Arrivé à la SAQ tout récemment, son Morgon 2014 est l’une des belles réussites des cinq dernières années.
Il suffit de plonger le nez dans le verre pour comprendre qu’on a affaire à un gamay hors norme. Des parfums d’une pureté exemplaire, doublée de finesse et d’élégance. Même sensation en bouche, où le vin coule, plein de vitalité et de fraîcheur, mais aussi riche d’une foule de détails aromatiques, entre le fruit noir, le poivre, les herbes séchées. Ample, complexe, juste assez charnu pour rassasier le palais, gorgé de fruit et titrant à peine 12,5 % d’alcool. Je vous mets au défi de trouver un meilleur compagnon de table pour le brunch de la fête des Mères!
