C’est fait. J’ai péché. Ça a commencé dans l’herbe tendre. Ça s’est poursuivi dans la cuisine. Ça s’est terminé à table.
J’ai mangé hier ma première salade tiède de pissenlits aux lardons !
La salade de pissenlits aux lardons, c’est d’abord le plaisir de la première récolte de l’année, au moment où la nature prend ses premiers atours printaniers. Dans la région de Montréal, c’était il y a une dizaine de jours peut-être. Dans la région de Québec, où j’ai mon coin de campagne, c’était en fin de semaine. Plus au nord ou à l’est, ce sera dans quelques jours seulement.
C’est aussi le plaisir de la grande simplicité. Vous coupez de jeunes pissenlits par la racine, en plantant votre couteau sous la terre. Vous les lavez patiemment. Puis vous les mettez dans une vinaigrette base (huile, vinaigre, moutarde de Dijon, sel et poivre). Au moment de servir, vous versez sur la salade une belle quantité de petits lardons très chauds, avec un peu de la graisse qu’ils ont rendue dans le beurre de la poêle. Le pissenlit, un peu ferme, devient tout tendre. Et son goût, légèrement amer, devient tout délicat.
Règle absolue : on ne peut faire ce plat magnifique qu’avec de très jeunes pissenlits, quand ils sont encore en boutons. Dès que leurs magnifiques fleurs jaunes ont éclos, il est trop tard pour la salade. Les feuilles sont trop grosses, trop dures, trop âcres. Il faudra attendre l’an prochain pour se régaler.
Et c’est cela aussi le plaisir de la salade de pissenlits aux lardons : comme pour beaucoup de produits de saison, on n’a que quelques jours pour en profiter. S’il ne fait pas trop chaud dans la région de Québec, mes pissenlits ne pousseront pas trop et je vais pouvoir en cueillir encore un panier ou deux en fin de semaine.
Je vous souhaite d’en faire autant. Et si c’est la première fois que vous commettez ce péché-là, je suis persuadé que ce ne sera pas la dernière.
M. Villedieu,
Ici à Matagami, ça sera dans deux mois si nous sommes chanceux!