
Tribulations géopolitiques, festivités commémoratives, faiblesse de la monnaie locale, inauguration de musées, d’hôtels et de restaurants ou, plus simplement, attrait de la nouveauté: voilà autant de raisons qui expliquent qu’on ait envie (ou pas) de mettre le cap sur telle ou telle destination, bon an, mal an. Et pour mieux aiguiller le lecteur, bon nombre de journaux, de magazines et de guides de voyage y vont de leurs propositions, au tournant de chaque année.
Toujours très attendue, la liste des 52 places to go du New York Times vient tout juste d’être dévoilée. À l’instar du Best of 2017 de Lonely Planet, publié l’automne dernier, le grand quotidien new-yorkais place le Canada au sommet de son palmarès annuel, en soulignant le 150e anniversaire de la Confédération, mais aussi le 375e de Montréal – ce qu’avait omis de faire le Best of.
Les 51 autres destinations proposées par le New York Times vont du très connu (Agra, Inde; Zermatt, Suisse; Chiang Mai, Thaïlande; Dubrovnik, Croatie…) à l’inconnu (Greenville, Caroline du Sud; Pedregal, Équateur; Penzance, Angleterre; Sanya, Chine; Comporta, Portugal; Ketchum, Idaho…) en passant par le surprenant (Tijuana, au Mexique, encore associée à la violence, ou Bozcaada, en Turquie, malgré tous les tourments qui minent le pays d’Erdogan, particulièrement depuis plus d’un an).

Tout aussi surprenants sont certains choix arrêtés des experts de National Geographic Traveller, qui suggèrent notamment d’aller à Banff en 2017: déjà le plus fréquenté des parcs nationaux canadiens, il le sera encore plus cette année alors que l’entrée y sera gratuite (comme dans tous les autres parcs nationaux fédéraux). En revanche, la Papouasie–Nouvelle-Guinée, Malte, l’observation des tigres en Inde ou la nouvelle Via Dinarica, un sentier reliant d’ex-républiques yougoslaves, s’avèrent des suggestions éclairées.
Autre liste très prisée, celle du magazine Travel & Leisure présente ses 50 meilleurs endroits où voyager en 2017. Entre autres trouvailles inconnues ou méconnues, citons Angra dos Reis, une station balnéaire brésilienne; Belgrade, capitale de la Serbie; Cincinnati, qui a récemment eu droit à une cure de jeunesse; ou Hampi, capitale du royaume indien de Vijayanagara. Mais la liste inclut aussi Montréal et Nashville, l’île grecque de Paros, la province péruvienne de Pisco, le Rwanda et Rotterdam, aux Pays-Bas.
Dans sa liste des 10 endroits les plus cool à voir, Forbes navigue pour sa part entre le traditionnel (Tokyo, Lisbonne…), l’extravagant (safari au Botswana, yachting aux îles Andaman…) et le surprenant (observation des gorilles au Congo, Oman, Iran…).

De son côté, le magazine Condé Nast Traveller repousse les limites de la patience de ses lecteurs en leur offrant un balado de près d’une heure de discussions sur les lieux du globe à fréquenter, cette année. Mieux vaut se rabattre sur sa liste (écrite) des «meilleurs endroits où voyager en 2017», où le Canada figure (encore une fois) en tête, mais où on trouve également Cuba, le Midwest états-unien, le Portugal et ses Açores, l’Écosse, Jérusalem et le Zimbabwe, vu le récent aménagement d’un aéroport aux chutes Victoria.
Parmi ses 20 suggestions, le Telegraph de Londres souligne quant à lui le 30e anniversaire de l’inscription du mur d’Hadrien sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Mais le quotidien britannique suggère aussi de suivre les traces de l’architecte Le Corbusier à Chandigarh (Punjab indien), d’aller voir l’amphithéâtre romain de Pula (Croatie) – en bien meilleur état que le colisée de Rome –, et de faire un saut à Arras, en France, où on soulignera le centenaire de l’offensive des Britanniques, Néo-Zélandais et Canadiens contre les troupes allemandes, en 1917.
Pour se démarquer du lot, Business Insider utilise l’approche inverse des palmarès traditionnels en publiant une liste d’endroits à éviter (parce qu’ils sont truffés de chantiers de construction, surfréquentés ou autrement menacés), tout en proposant des destinations autres. Au lieu d’aller subir le chaos de nouveaux chantiers à Dubaï, on suggère ainsi Hongkong; plutôt que d’étouffer sous le smog de Delhi, on propose la verte Bangalore; et en lieu et place d’une Islande victime de son succès, on recommande la Nouvelle-Zélande.

De son côté, le Guide du Routard puise dans la section Où partir de son site Web, et y sélectionne 36 destinatons à voir en 2017, mois après mois: le Kerala en janvier, le Costa Rica en février, le Japon en mars, Salzbourg en avril… Pour sa part, Le Figaro y va de 12 suggestions de destinations triées sur le volet, comme le Kirghizistan, la Colombie ou le Havre, qui célèbre ses 500 ans en 2017.
Pour Le Monde, le premier pays à visiter en 2017 est le sultanat d’Oman, pour «ses forteresses médiévales, sa culture bédouine unique, des montagnes à couper le souffle et des plages encore sauvages», mais il est suivi de près par le Canada, sans mention toutefois du 375e anniversaire de Montréal — décidément, c’est une manie. Comme d’autres médias, le quotidien français recommande également Oulan-Bator (Mongolie), le Zimbabwe et les Açores, mais aussi Marrakech, notamment en raison de l’ouverture du Musée Yves Saint-Laurent, en octobre. Paris figure également au nombre des suggestions retenues, tout comme Paphos (Chypre), capitale européenne de la culture cette année, ainsi que les îles du Kvarner, au nord de la Croatie. Quant à la section Grandes destinations du quotidien français Libération, elle regorge de chouettes trouvailles, avec ou sans présentation en palmarès.

Du reste, en découvrant que le magazine Afar considère l’Île-du-Prince-Édouard comme la «capitale gastronomique du Canada», on peut se demander jusqu’à quel point les 99 autres suggestions de sa liste sont crédibles. Il n’en demeure pas moins que bon nombre d’entre elles valent la peine d’être envisagées, et qu’elles sont agréables à consulter, section par section (aventure, gastronomie, croisères, séjours urbains, etc.) Des exemples? Cinq incursions personnalisées à Paris, une visite de Taipei en compagnie d’un photographe professionnel, un périple en train en Iran, un séjour de 14 jours entre Géorgie, Azerbaïdjan et Arménie…
Plus près de chez nous, les Éditions Ulysse ont récemment dévoilé leurs 30 destinations préférées des Québécois. Comme d’habitude, il faut ici savoir en prendre et en laisser, car cette liste n’est basée que sur les statistiques de ventes des guides de voyage et cartes de l’éditeur québécois.
Enfin, soulignons que 2017 a été proclamée Année internationale du tourisme durable pour le développement par l’ONU, afin de «favoriser la compréhension entre tous les peuples, de faire mieux connaître le riche héritage des différentes civilisations et de faire davantage apprécier les valeurs inhérentes aux différentes cultures, contribuant ainsi à renforcer la paix dans le monde».
Pelletage de nuages et vœux pieux, ou noble intention qui portera ses fruits? En attendant de connaître quelles actions concrètes seront prises pour mettre en œuvre l’esprit de cette année thématique, plusieurs festivités et conférences sont prévues au cours de 2017.