Quatre livres pour voyager par procuration

À l’approche de la belle saison, notre chroniqueur voyages a parcouru quatre beaux livres récents qui donnent des fourmis dans les jambes, rien qu’en les feuilletant. 

 

Un Québec nationalement géographique

Depuis près de 20 ans, le photographe Mathieu Dupuis saisit le Québec par petites bribes imagées, à la recherche de la lumière juste, du visage finement buriné, du maelstrom d’éléments, beau temps, mauvais temps. Ces deux dernières années, il a redoublé d’ardeur en sillonnant la Belle Province à bord de sa fourgonnette aménagée, de la Basse-Côte-Nord à Montréal en passant par le Nunavik, le Bas-Saint-Laurent ou la Baie-James. Le but? Alimenter en textes et photos son splendide ouvrage Québec – Un parcours photographique au cœur de cette province unique du Canada, frappé du prestigieux logo National Geographic.

Dans ce lumineux recueil de 272 pages, disponible dans sa version française dès le 1er mai, l’as photographe nous emmène voir un Québec qui se dévoile dans sa grandiose majesté, ses petits riens sublimes, ses modestes lieux communs et ses personnages atypiques. Le tout se retrouve magnifié à travers l’objectif de cet Abitibien d’origine, premier photographe québécois à publier chez National Geographic. Un livre à se procurer sans faute, pour (re)découvrir le Québec comme on l’a rarement vu.

Québec – Un parcours photographique au cœur de cette province unique du Canada, par Mathieu Dupuis, National Geographic, 2018, 272 p., 40 $.

 

 

300 raisons d’aimer La Havane 

Après New York, San Francisco, Paris, Montréal et Londres, la très photogénique Havane a désormais droit à un ouvrage où on donne 300 bonnes raisons d’aller voir si on y est.

Cette fois, c’est la photographe-bourlingueuse professionnelle Heidi Hollinger qui signe le dernier opus de cette chouette collection. Bien plus qu’un simple carnet d’adresses richement illustré, ce livre permet de dégoter d’inestimables trouvailles ponctuées de photos justes et saisissantes, d’où transparaît la vieille âme évanescente de la perle décatie de Cuba.

On y navigue entre l’archiconnu (la sacro-sainte Bodeguita del Medio, les vieilles bagnoles, la maison d’Hemingway…) et le moins connu (un resto iranien, une huilerie devenue complexe culturel avant-gardiste, La Havane juive…), mais on y rencontre aussi des Havanais en train de transformer leur ville ou, au contraire, de la maintenir bien vivante dans son étonnante capsule – de moins en moins étanche – coupée de l’espace-temps.

300 bonnes raisons d’aimer La Havane, par Heidi Hollinger, Éditions de l’Homme, 2018, 288 p., 30 $

 

 

L’Asie Live

En parcourant ce premier ouvrage de Patrick Bélanger, je m’attendais à feuilleter un beau livre rempli de ravissantes photos : j’étais déjà au fait des talents de photographe et de documentariste de celui qui a récemment présenté un fort beau film sur le Bhoutan, aux Aventuriers voyageurs.

Mais ce « travailleur social de profession et voyageur par passion » se fait ici avare de clichés et se veut plutôt prodigue d’images. Des images qui se bousculaient dans sa tête en voyageant, et qu’il a couchées sur papier en deux centaines de pages de récits bien vivants, souvent poétiques, toujours ancrés dans la réalité du quotidien, que ce soit à Varanasi (Inde), Luang Prabang (Laos), Chau Doc (Vietnam) ou Bali.

 

L’Asie Live, de l’Inde à l’Indonésie en passant par l’Indochine, par Patrick Bélanger, Éditions Véritas Québec, 2018, 224 p, 15 $ (version numérique), 30 $ (version papier).

 

 

Le Travel Book

C’est un ouvrage comme on n’en fait presque plus : 448 pages, une demi-tonne de photos, un nombre incalculable d’arbres consacrés à l’imprimer et un poids assez imposant pour développer la masse musculaire de quiconque le manipule. Mais là n’est pas le but du monumental Travel Book, qui est plutôt d’offrir de rapides clins d’œil sur tous les pays du monde (à l’exception des territoires contestés, comme les îles Paracel ou Spratly). Chacun des 193 États membres des Nations Unies ainsi que plusieurs de leurs dépendances ont droit à une impressionnante (quoique courte) vitrine photographique et à des détails pratiques (quand y aller, les incontournables…), le tout présenté de façon fort succinte, sur deux pages à chaque pays. Paru en français en début d’année au Québec, ce « simulateur de voyages », comme on le décrit, permet aussi d’effectuer un saut de puce virtuel en territoire difficilement accessible (Yémen, Syrie, Irak, Afghanistan, Libye…), en attendant de pouvoir y retourner en toute quiétude, un de ces jours.

Le Travel Book, collectif, Éditions Lonely Planet, 2017, 448 p., 85 $