Une furieuse intransigeance envers les salauds

La terre tremble sous les pieds de l’homme blanc hétéro, le nouveau et nécessaire partage du pouvoir le déstabilise. La fin des clichés toxiques et la main tendue à ceux qui ont besoin d’aide permettront peut-être de mieux vivre cette poussée tectonique. 

Photo : Daphné Caron

Est-ce un mouvement passager de l’histoire ou s’agit-il vraiment (et enfin !) d’une poussée tectonique des identités et du pouvoir ?

Chose certaine, dans la réécriture des étiquettes qui s’opère en ce moment, celle de l’homme blanc hétéro pâlit. Nombre de mes semblables n’en reviennent juste pas : le monde change et, pour une fois, ce n’est pas à leur avantage. La terre tremble sous leurs pieds. 

Et ce sont les femmes et les minorités, principales sources de cette crise d’identité, qui en font les frais.

Féminicides en série et enfilades de dénonciations révèlent l’ampleur du délire de nos sociétés où le pouvoir, la colère, la tristesse, la violence et la détresse forment un cocktail dévastateur. On peut réduire le type qui tue sa blonde au statut de monstre, cela ne fait que lui donner une sorte d’aura d’irréalité. Les statistiques sur la violence faite aux femmes disent l’inverse : son geste participe à un genre de trame de fond silencieuse, d’une insoutenable banalité.

La fiction nous permet de faire émerger un peu de sens lorsque le réel nous plonge ainsi dans le brouillard de l’absurde. Jean-Philippe Baril Guérard a le don, dans ses romans, de nous faire pénétrer derrière la façade pour mieux nous montrer comment notre société fabrique des personnages comme les salauds qui peuplent ses récits. Dans Haute démolition, son tout dernier, il propose une incursion dans le milieu de l’humour. Un milieu où, d’après ce qu’on a pu comprendre au fil de l’actualité, le pouvoir de certains acteurs impose le silence et décourage les victimes de dénoncer leur agresseur.

Au cœur de cette histoire, le sujet, « c’est beaucoup le rejet comme moteur de la violence », me dit l’auteur. « C’est une sorte de running gag dans le monde de l’humour : tous ces gens qui n’étaient vraiment pas cool au secondaire veulent désormais voler toute l’attention parce qu’on leur en donne. Mais je l’ai également observé dans mon milieu, celui du théâtre, des littéraires : des gars qui étaient des geeks se retrouvent en position de pouvoir et ont un prestige auquel ils n’ont jamais eu accès. »

Un pouvoir enivrant, qui rend parfois, souvent, très con. Il faudrait qu’on parle de cela aussi : comment l’intimidation contribue à la fabrication d’autres bourreaux.

Dans le discours du personnage principal de Haute démolition, un humoriste en route vers le mégasuccès, il y a l’incapacité à accepter l’idée que la femme qu’il aime puisse décider de son destin en rompant avec lui. Mêlées au jeu de pouvoir accompagnant la notoriété qui déboule sur lui du jour au lendemain, ses émotions ingérables deviennent une bombe dont les détonations se multiplient.

Abonné au flou moral qui explique sans excuser, Baril Guérard a chaque fois le génie de nous faire détester ses personnages tout en nous donnant accès aux racines du mal : une culture partagée par nous tous, ou presque. Ce que recèle la société et qui contribue à forger des individus méprisables.

De quoi parle-t-on ? De cet imaginaire que dénoncent tour à tour India Desjardins et Liz Plank dans leurs récents ouvrages (respectivement Mister Big et Pour l’amour des hommes). Des modèles caducs, mais qui survivent aux changements qui s’opèrent dans la tectonique des genres. L’homme fort et silencieux. La femme qui rêve d’un mâle alpha après lequel il faut courir, allant de frustrations en déceptions.

Des clichés qui, encore aujourd’hui, manufacturent le malheur en série à force de colporter des stéréotypes toxiques.

Quelques chroniques et des bouquins bien foutus ne révolutionneront pas le portrait du jour au lendemain. D’autant que la polarisation entretenue par les défenseurs comme par les détracteurs les plus radicaux de ces modèles nous place dans un cul-de-sac. Chaque demande de changement est perçue par les premiers comme une rupture de contrat biologico-historique. Pour les seconds, même la main tendue le plus humblement n’est jamais assez pure.

En fait, je ne vois qu’une seule posture valable en ce moment : une ardente patience, qui stimule une multiplication des initiatives pour faire sortir les hommes blessés de leur colère, les faire parler, les aider. Une perche tendue, au cœur du tremblement de terre.

Il nous faut du recul pour saisir qu’on ne changera pas des comportements datant du pléistocène en un claquement de doigts, et en même temps une furieuse intransigeance envers tous ceux qui exagèrent.

Finalement, le plus compliqué, sans doute, c’est de cesser de répondre à l’appel des sirènes qui nous répètent que nous devons revenir en arrière, que les nouveaux modèles que l’on nous propose sont une monstruosité, que tout était si simple avant.

Or, rien ne l’est jamais. La simplicité est un mensonge proféré par ceux qui s’ennuient d’un monde où le pouvoir leur était dévolu, sans que personne, jamais, leur demande de rendre des comptes.

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Votre texte nous emmène dans les complexités parfois inextricables qui participent de l’évolution de l’humanité. Complexités qui composent la trame d’une chorégraphie qui nous propulse dans tous les sens, par devant comme par derrière. On suppose que l’Homme et la Femme de raison visent de se rendre à bon port devant sur une mer calme, mais les nuages, la houle et la foudre, en décident parfois tout autant.

L’homme blanc hétérosexuel toxique. Il fait un excellent souffre-douleur cet homme. Je ne dis pas qu’il est parfait, loin s’en faut. Mais l’homme blanc hétérosexuel toxique, c’est aussi la démocratie dans la plus grande partie de l’occident, des progrès scientifiques et technologiques qui nous rendent la vie plus douce, les soins de santé gratuits à peu près partout (sauf aux États-Unis), l’éducation pratiquement gratuite. Peut-être est-il temps d’avoir un discours un chouïa plus nuancé sur cet homme blanc hétérosexuel toxique. Je le répète, il a ses torts et il peut faire mieux, mais cessons de l’accabler pour tout ce qu’il a fait et n’a pas fait. Et surtout, reconnaissons que de temps à autres il a bien fait les choses.

Votre discours va dans le sens de ce qui est populaire aujourd’hui.

Je n’ai rien contre le fait de devoir faire de la place aux autres – en autant que le mérite reste critère de base. Quand un homme blanc a du succès on va faire état de ses exploits passés, et son potentiel. Quand c’est une femme, ou une personne racisée, ou un membre du groupe LGBTQ+, on fait état du fait que c’est une victoire pour la représentativité. Le message véhiculé est que la mesure de l’excellence diffère en fonction de son identité. C’est un message puissant … avec conséquences.

J’aime bien comprendre le concept de pouvoir comme étant la capacité à mobiliser de l’énergie et de l’orienter vers un but.  À la base, il y a l’énergie physique et mentale qu’un individu possède et qu’il peut mobiliser pour atteindre un objectif qu’il détermine.  En fonction du rôle qu’une personne joue dans la société elle peut avoir accès à un plus grand réservoir d’énergie.  Ainsi, un (une) propriétaire d’entreprise a dans son réservoir l’énergie de ses employés qu’il (elle) oriente en fonction de ses propres intérêts.  L’argent possède également cette grande capacité à concentrer de l’énergie et à la déployer dans une direction.  Dans ce sens, si vous êtes richissime le potentiel de votre réservoir est immensément supérieur à celui dont peut avoir accès une personne sur l’aide sociale.  Ultimement, lorsque vous avez accès à des armées, à tout un arsenal d’armes dont des bombes nucléaires, l’énergie que vous pouvez mobiliser est tellement énorme qu’il vous est possible de détruire, en quelques instants, la plus grande partie de la vie sur cette planète.  

Sans être un grand mathématicien, j’imagine bien que si l’on additionnait la quantité d’énergie que les hommes ont pu mobiliser et orienter sur cette terre depuis deux mille ans, le compte ne serait pas tout à fait égal à celle à laquelle les femmes ont eu accès au cours du même épisode de temps.  Dans tous les pays une moitié de l’humanité ne peut plus être ainsi ignorée dans ses rêves, son intégrité, sa capacité à contribuer pleinement à construire ce monde qui est notre seul refuge et c’est profondément juste que le pouvoir se déplace ainsi.

Ma seule réserve est représentée par ce concept de « masculinité toxique ». Dans ce mouvement du déplacement du pouvoir, j’ai souvent l’impression que ce qui est associé à une certaine forme de masculinité ou à des valeurs plus traditionnelles est connoté d’emblée négativement. J’imagine que le qualificatif « toxique » pourrait s’appliquer également à certaines formes de féminité, ou d’idées dites progressives, etc. Finalement, tout ce qui concerne l’humain peut devenir toxique.

Ne devrait-on pas se poser la question de savoir comment il se fait que le patriarcat se soit imposé dans nos sociétés depuis des millénaires, surtout dans le cadre des religions monothéistes où dieu est mâle? Pourquoi le «Blanc» s’est juxtaposé à ce patriarcat dans le cadre d’un colonialisme européen quasi universel?

La réponse se retrouve dans la supériorité physique du mâle par rapport à la femelle de l’espèce Sapiens, donc fondé sur une forme de violence. Alors, celui qui détient ce pouvoir va-t-il l’abandonner sans regimber? Oh que non, d’où la violence familiale et les féminicides. En fait ouvrez les yeux: notre société est fondamentalement violente. Violence envers les femmes, envers des minorités, envers les peuples autochtones et j’en passe.

Or, quand on évolue et qu’on qualifie de criminel le crime dit d’honneur ou le féminicide, la réaction de la société en est encore une de violence. C’est un système judiciaire très violent qui exige une confrontation entre l’accusé, la société et, le cas échéant, quand elle survit, la victime. Puis, qu’arrive-t-il si une personne est coupable de ce crime qu’on lui impute? Une autre forme de violence, le châtiment, la peine de prison où on ramasse tous les criminels dans un lieu qui leur est dédié et où la violence règne en maîtresse.

Comment une société qui se dit évoluée peut en être arrivée là?

Intransigeance vis-à-vis « salauds » ?

Lorsque tout va ou ira pour le mieux…

Une amie m’informe qu’un savant doc (Sean Brooks) viendrait de révéler que les vaccinés Pfizer ou Moderna vont mourir d’ici trois à six mois ou, sinon, d’ici six ans au maximum. Bon à savoir, n’est-ce pas, pour ceux et celles qui n’auraient encore effectué leurs préarrangements funéraires ou pas fait leur testament.

« Qui voudra sauver sa vie la perdra et qui s’exposera à la perdre la sauvera » ? Ah, le « petit troupeau » n’est pas loin…

À Montréal, ça se passera[it] en l’air – les tout nouveaux imminents grands transports centre – est ? Quid d’esthétique ou d’enlaidissement, encore!, de la métropole ? Ce seul aspect ne disqualifierait-il pas a priori tel projet ?

À Québec, inverse. Y voudrait-on passer en dessous. Sous l’eau. Alors que le plus logique, écolo et moins coûteux en appellerait à un simple téléphérique… Au dessus. Ah, rétorquera-t-on, l’économie, elle, voudrait autrement. Eh oui! Économie… Asbestos, c’en était de l’« économie »! Or, voyez, on en a tellement honte aujourd’hui là-bas que ses résidents ont abrogé jusqu’au nom même de leur cité…

AU Québec, PM/Q, lui, aime les petits enfants sans bon sens. Il n’est rien qu’il ne ferait pour eux. Or… Il y a deux ans, ces petits manquaient déjà dramatiquement d’enseignantes. Et, comme première priorité (chronologique), aura-t-il choisi d’en priver de certaines d’elles davantage encore, au secteur public, au lieu de s’attaquer d’abord à ce manque même si suréminemment déjà plus que criant. Enfin, à moins que « tout se joue avant six ans »…, on voit mal comment son obstination à multiplier, prioritairement, les maternelles quatre ans, en devant pour ce priver nombre d’autres petits de ressources plus essentielles encore, réponde au meilleur sensé possible.

Comme si ce n’était assez, tout le monde, ou presque, se félicite, n’est-ce pas, de ce que, sous peu, des « indésirables » (?) se verront « tassés dans l’coin ». Les non vaccinés étant exclus ou n’étant plus « invités » ici et là. Fort bien en un sens. Fort mal en l’autre. Car OÙ, dorénavant, pourront se rencontrer «bons» et «méchants», afin de se parler, de s’en parler de leurs différends ou différences?

Ne siérait-il pas qu’il y ait des aires autres que la seule rue — e.g. quelques restos « spéciaux » ouverts à tout le monde ? — où s’avéreraient possibles, aussi, des rencontres hybrides, i.e. vaccinés-non vaccinés, désireux d’échanger, plus positivement, relativement à leurs savoirs ou… croyances, concernant covidixneuf notamment ? Sinon, quel type de société serions-nous en voie de mettre en place ou privilégier ?