Sur notre planète, peu d’endroits permettent de contempler le cœur liquide de la Terre, de s’approcher de ces fenêtres ouvertes sur le magma qui dort sous la croûte terrestre et qui jaillit de temps en temps, au gré de ses humeurs.
Il y a le Kilauea, à Hawaii ; les cratères d’Ambrym, au Vanuatu ; le Nyiragongo, au Congo ; le Masaya, au Nicaragua. Mais les lacs de lave de l’Erta Ale, dans le surréaliste désert du Danakil, en Éthiopie, sont aussi spectaculaires que constants, en plus d’être relativement accessibles. Pourquoi diable n’y suis-je pas allé, lors de mon séjour en février dernier, même si j’en bave depuis des années ?
D’abord parce qu’en décembre 2017, la triste nouvelle d’un touriste assassiné a refroidi mes ardeurs. Situé à deux heures de marche de la frontière avec l’Érythrée, en plein pays Afar – une ethnie réputée peu accueillante – l’Erta Ale a aussi fait les manchettes en 2012, quand quatre autres voyageurs étrangers y ont perdu la vie. Ensuite, se rendre là-bas nécessite plusieurs jours d’équipée, ce qui n’est pas à la portée de toutes les bourses.
« C’est toute une expédition, explique Kamel Ameha, guide éthiopien. On doit rouler sur du basalte si chaud que le chauffeur doit porter des gants tant le volant du 4X4 devient brûlant. Forcément, les crevaisons sont aussi fréquentes… Puis, on doit marcher 16 km en fin de journée pour se rendre au cratère, en étant toujours accompagné de gardes armés jusqu’aux dents, sécurité oblige. Une fois sur place, il y a de nombreux évents qui laissent s’échapper les gaz volcaniques et préviennent les éruptions brutales, et une odeur de soufre règne partout. Mais le spectacle est splendide et il change à chaque fois. »
Bref, j’avais presque oublié l’Erta Ale (« la montagne qui fume », en afar) quand une vidéo du voyagiste Aventure et Volcans, tournée en 2016, s’est remise à circuler la semaine dernière. On y voit l’un des trois lacs de lave de ce volcan, véritable piscine de roche en fusion, en train de bouillonner comme si un immense réchaud était placé sous cette grande marmite naturelle.
Et moi, après un énième rendez-vous manqué avec la lave, je me suis remis à rêver d’y aller.
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À lire, pour attiser l’envie de jouer au touriste volcanique
L’odeur du soufre. Expédition en Afar, par Haroun Tazieff, Stock, Paris, 1975, 227 p
D’un volcan à l’autre. Les aventures d’un chasseur de lave, par Guy de Saint-Cyr et Jamy Gourmaud, Éditions de la Martinière, Paris, 2014, 336 p.
Qu’est ce que tu attends? On a bien été au Niger, tu souviens?