Le silence existe encore à Venise, où rentrer chez soi de nuit, accompagné du seul bruit de ses propres pas, reste une expérience quasi mystique dont on ressort en paix avec le monde et, parfois, avec soi-même.
La Fenice rouvre ses portes et Arièle Butaux traverse le miroir pour entrer dans un autre monde, une autre époque, un autre rêve. Au-dessus des masques, les yeux sourient.
En perdant Aldo, son cordonnier, la Sérénissime a aussi perdu un de ses repères. Mais elle a trouvé dans la réouverture de La Fenice, l’un des temples de l’opéra italien, une nouvelle raison d’espérer.
Dans le dédale des rues de la Sérénissime, ce n’est pas ce qui bouge, ce qui change qui crée le sentiment d’évasion, mais, au contraire, la permanence des choses.
Dans le grand silence des jours suspendus, chacun de nous a pu percevoir ce que le vacarme abrutissant du monde lui masquait : ses propres désirs, ses doutes, sa voix intérieure. Faites que cette voix ne se taise pas.
Troublante coïncidence que cet avertissement, cet incendie dans une usine chimique, le jour même où les touristes peuvent de nouveau envisager une visite à Venise !
Quitter Venise ? Vous viendrait-il à l’idée de quitter le chevet d’une personne aimée, surtout lorsque l’espoir de la voir se relever n’a pas entièrement disparu ?