Réalisation et musique : Antoine Bordeleau
L’automne politique, revu et corrigé
Alec Castonguay, Salomé Corbo, Philippe J. Fournier et Léa Stréliski reviennent sur les moments forts de l’automne politique. Bonnes et mauvaises surprises, déclarations marquantes, révélations et maillons faibles, Prix citron et médailles d’or… rien n’échappe au radar de notre équipe de feu.

Toutes mes félicitations pour ce balado que j’écoute religieusement.
Je vous souhaite de passer un très beau temps des fêtes et ce sera un plaisir de vous écouter l’an prochain!
N’ayant reçu qu’hier seulement l’email de L’actualité informant de votre dernier balado, ce n’est qu’hier, tard en soirée, que je l’ai écouté. Tout’.
J’ai apprécié, plus particulièrement, l’invitation-recommandation de Léa à lire son « La vie n’est pas une course ». Fort ‘indiqué’ ! J’ai d’ailleurs réagi ici, début novembre, sous son billet ‘La société du plus haut, plus fort’, ultra-laconiquement (différentissimement, donc, d’à mon habitude…), comme suit à ce propos: « On ne peut plus d’accord. Le « race-ism » est le pire fléau contemporain. » La question du « race-ism » étant en effet mon dada, depuis des lustres, voire des décennies. Voir e.g. https://www.pressreader.com/canada/metro-montreal/20171019/281745564623538
Autres moments ‘forts’ de votre balado, m’ayant interpellé plus que d’autres, lorsque vous, Alec, décernez votre orange au PM. En raison de sa haute place, Inédite, inégalée, en sondages; alors qu’une… collègue vôtre venait incidemment de souligner au début qu’elle se serait attendu d’un PM qu’il ait autre chose à énoncer qu’une constatation de la seule approbation populaire — (qqch comme une ‘raison supérieure’) — pour justifier sa loi laïcité requérant l’abrogation de Droits, etc. (J’y reviens tantôt).
Votre citron, lui, s’avère vachement plus indiqué. Moi aussi m’étais comme ‘fait prendre’, l’an dernier, en attribuant à la v.-PM l’orange (éloge quasi dithyrambique in Le Devoir du 10 décembre). Mais cette année, oh la la, ou (W)oh – là!… Incroyable. Ça n’arrêtait pas. D’abord, sa loi 1, au départ, ç’a été épouvantable. Jamais n’aura-t-elle voulu, en effet, accepter de faire mettre autre chose que sa règle des deux tiers requis pour hautes nominations. Bête au possible. Car en 1973, on le sait, il y avait eu plus de 90% de la députation du parti au pouvoir parmi les élu.e.s… Et au coeur de cette dernière année-ci même, la CAQ même a été si populaire, qu’avoir refait d’autres élections, eux aussi les auraient eus, à nouveau, les plus de 66,6%… Loi tout à fait inutile et « niaiseuse », donc; quand même adoptée comme telle, en raison d’opiniâtreté ou — (comme disait l’autre – l’une de celles ‘congédié.e.s’… par elle) — d’inégalable « mauvais jugement » de la v.-PM. Et ça continue…
Il y aura eu, en effet, en même temps, de sa part, démarche militante interne afin qu’il n’y en ait point de clause grand-père associée à la loi 21. Mais quelle exemplaire sensibilité, hein! Quelle édifiante humanité! Elle était prête, elle, donc, à (faire) renvoyer à la maison, de force s’il l’eut fallu, des dizaines, vingtaines, trentaines d’enseignantes, éventuellement « ‘récalcitrantes’ », et ce alors qu’on sait des enfants manquer déjà dramatiquement d’enseignante(s) présentement. À la seule CS Marguerite-Bourgeoys, il y aurait des dizaines de classes ‘avec-pas’ d’enseignante(s) en ce moment. Quelle « sanscoeurrie », bref, d’avoir été ainsi disposée à faire fi de cette détresse d’enfants ainsi abandonnés, méprisés, ignorés délibérément. Malignement. (À noter que c’est au public, et aux enfants mêmes, donc, que c’eût fait le plus mal; les [aspirantes] enseignantes pouvant, elles, se ‘réacheminer’ au privé; les enfants-‘problèmes’, eux, non). Puis…
Comme si ce n’était assez… Elle était prête, elle, également à envoyer la police à l’école!… Pour faire dûment respecter la loi… Assez « fort » ? A-t-on déjà vu, entendu « ça » ?….
Consternant.
Je vous dirai, bref, monsieur Alec, que, moi, ce n’est pas de la ‘fierté’ que j’éprouve, sociopolitiquement, au terme de cette année, eu égard à ce genre de gouvernance, à ce genre de gouvernement, ou vis-à-vis, surtout, ce genre de PM…; mais bien de la honte. Et voici pourquoi.
C’est qu’il n’y aura pas eu que l’incroyable épisode du PEQ. À la ‘faveur’ duquel, aussi invraisemblable que cela puisse sembler, on aura pu voir un PM d’une insensibilité ou/et d’une inintelligence peut-être jamais vue(s) à la tête du gouvernement du Québec; et ce pas juste au cours d’une dizaine de minutes, d’une heure ou deux, d’une journée ou deux durant; mais bien pendant toute une semaine, s.v.p. Passe, en effet, que l’inexpérimenté jeunot, jeune trentenaire, s’y soit à ce point fait prendre ou fourvoyé; mais carrément inacceptable et inexcusable qu’un sexagénaire aussi l o n g u e m e n t expérimenté que ce PM ait fait de même. Or… il n’y aura pas eu que « ça », ayant émané de ce PM, en fait d’incroyable insensibilité, inhumanité ou/et inintelligence inqualifiable. Ç’avait été préfiguré, cela, dès le jour de la fête des Pères, via l’adoption ce jour-là de sa désormais-et-pour-toujours célébrissime loi sur la laïcité; pour laquelle il a refusé, net, que fût allongée à tout le moins aux finissantes en Éducation la clause… grand-père. Montrant clairement ainsi s’en ficher complètement, lui-même également – comme à sa droite et à sa gauche (v.-PM & SJB), que des enfants se voient ainsi aussi inconsidérément qu’injustifiablement privés d’enseignante(s); (et, ‘ça’, c’est le même qui ânonne encore que lui ne pardonnera jamais à son prédécesseur d’avoir agi ainsi à l’égard d’enfants…). Illustrant en même temps à quel point il s’avère inégalable ou inégalé en comptabilité éconologique (du monde formé à grands frais par l’État jeté comme ça en vrac aux rebuts).
Comme on voit, donc, cette attitude de SJB et de la v.-PM, consistant à être toujours prêt.e.s à sacrifier ceci, cela, ceux-ci, celles-là, tout de go, impitoyablement; à jeter par-dessus bord femmes et enfants d’abord, comme pour s’amuser…; se trouve a priori, implicitement, le plus souvent approuvée sinon commandée par le PM même. Tout un trio, donc. Épeurant. À faire frémir.
J’en aurais pour des pages et des pages à dire encore là-dessus. Mais à quoi bon? Je dirai seulement qu’à la ‘faveur’ de ce qu’on a pu voir cette année, ce PM non seulement ne serait pas l’allégué second ‘plus meilleur’ du dernier demi-siècle, mais probablement plutôt le pire de tout le dernier siècle.
Enfin, l’une de vous s’est félicitée au début du balado de ce qu’enfin on ait daigné enlevé le crucifix de là. Or, erreur ici, ç’a été lâcheté, plutôt, de faire ça. Considérant qu’ayant été en année de laïcité+, et que celle-ci avait pour finalité première, in concreto, d’aplanir tout premièrement toutes inégalités sexuelles perdurant; eh bien, comme c’est le Christ — (qui heureusement n’était pas un « christ de péquiste montréalais ») — qui a inauguré la laïcité (« Rendez à César… »); de même que comme c’est lui qui aura[it] été le tout premier féministe de l’Histoire; ce ne pouvait être de plus mauvais aloi de (faire) retirer de là où elle était, cette année, cette figure emblématique, de toutes la plus inspirante, à nulle autre pareille.
Quant au ‘citron’ décerné par Philippe, il ne pouvait l’être plus à propos.
La ‘marque’… remarquable de ce gouvernement, cette année, se sera en effet vue incarnée, plus qu’en qu[o]i que ce soit d’autre, en son leader parlementaire. En qui aura sévi toute l’outrecuidance (condescendante), assortie d’insensibilité*, possible. (On avait cru, hein, qu’on ne pourrait jamais voir pire, à cet égard, que ce qui nous avait été «servi» par l’insigne tandem Barrette-Couillard. Or, erreur, en moins d’un an, le tout nouveau premier trio [PM, v.-PM et, surtout, SJB] du nouveau gouvernement, aura ‘défoncé’ tous records en cette aire ou matière).
L’outrecuidance, empreinte au départ, en sus d’insigne inhumanité*, d’illégalité… (imaginez), s’était manifestée d’abord par une qualification de « saugrenue » – (de) toute tentative, suggestion ou prétention d’incongruité – en le fait d’avoir projeté de jeter* en vrac aux poubelles une vingtaine de milliers de dossiers -, de la part des deux principaux meneurs-promoteurs gouvernementaux au sommet de cette assez scabreuse ‘entreprise’.
Puis y aura-t-il eu, sait-on, comme le remarque à raison ici monsieur Philippe, cette fameuse loi sur la laïcité, sujette à toutes sortes de recours judiciaires, dont on pourrait n’entrevoir la fin que dans une décennie ou deux. (Et l’on ne r’évoquera pas, bien sûr, l’affaire* *PEQ).
Bref, tant en aval qu’en amont, d’où appert que c’est une cuisante inhumanité, principalement à l’égard de femmes et d’enfants, qui aura le plus caractérisé ce premier temps du gouvernement, (à l’exception, bien sûr, de la mise sur pied de la commission Laurent); se trouve, lancinamment, comme en apposition-juxtaposition, cette outrecuidance accompagnatrice de la plupart des gestes ou dits de ce gouvernement. Lesquels se seront d’ailleurs vus qualifiés (‘ramassés’) on ne peut mieux, on ne peut plus heureusement par l’énoncé, génial, en toute fin d’année, au parlement, émanant du leader parlementaire de QS, au moyen de ce « J’en ai une plus grosse que la tienne ».
Ah, ça alors! Quel bonheur de tomber à nouveau ce soir, et ici même en plus, sur qqn d’autre marchant aux côtés de Léa…, nous ayant rappelé encore en ce balado-ci que ‘la vie n’est pas une course’; David, donc, qui, avant-hier, lâchait: « Ici, il sera question, littéralement, de cesser de courir. » ! Rien de moins. Et pas de plus.
Comme cela ne pouvait mieux tomber!
Je viens en effet d’envoyer un mot à Vélina* ce matin, intitulé: « Haïti – là où le temps est l o n g. Au coeur duquel se trouvait ce passage: « On fréquente l’université, des universitaires, des champs disciplinaires, puis un jour se rend-on compte, lors d’une rare heureuse rencontre, unique, qu’on n’avait guère autant appris en des années qu’on aura pu le faire en une minute, grâce à la sagesse d’une mamie (ta grand-mère, Ghislaine Rey Charlier), qui nous avait dit qu’« il faut leur laisser le temps ! », aux Haïtien.ne.s… »
(*Vélina, il s’agit de Vélina Élysée Charlier, qu’on a pu entendre abondamment hier soir in ‘Enquête’ à R.-C.)
À l’instar du titre du billet de D. D., on peut dire avec certitude que l’haïtienneté-en-Haïti s’avère être une l o n g u e l o n g u e marche. Et une marche en marge aussi…
Mais il y a p’t’être mieux ou ‘pire’ encore que la marche. C’est l’arrêt. Stop.
Pourquoi?
Pour penser. Également. Si, si.
C’est ce qu’auraient dit, en tout cas, maint.e.s et maint.e.s écrivain.e.s, entre autres, et autres scribouilleur.e.s.
À commencer par Anne Hébert et Dany Laferrière, par exemple. Celui-ci disant que l’exigence première inhérente à l’écriture, c’est d’« avoir de bonnes fesses » (= pouvoir demeurer longtemps à ne ‘rien’ faire). Celle-là ayant dit tout semblablement qu’écrire, c’est attendre, attendre, attendre; un moment donné, ç’arrive, ça vient. Sans compter qu’un Luc Dionne, plus proche, aura dit l’exacte même chose. Ainsi que, plus encore, Frédéric Beigbeder, qui, il y a longtemps déjà, disait que l’essence/caractéristique de l’écrivain.e-type ou que LA Condition première pour pouvoir s’adonner pleinement et fécondement à l’écriture, c’est la paresse intégrale, être capable de ne rien faire ou avoir ce vouloir (non) faire…
Retour sur le commentaire ayant trait à la fameuse « loi 1 » de l’inénarrable ministre au prix citron…
Philippe J. Fournier nous arrivant aujourd’hui, de ce pas, avec LA Projection que je voyais venir…
Ce que j’avais vu et anticipé, déjà l’an passé, i.e. que le critère d’un vote des deux tiers requis à l’ANQ pour certaines nominations afin d’éviter toute possibilité de partisanerie en leur accomplissement; eh bien, il n’y aura pas eu qu’entre 1973 et 1976 que ç’eût été sans intelligence, mais en ce moment-ci même l’est-ce encore. Car, comme le montrent les projections du nombre de député.e.s caquistes qui seraient actuellement élu.e.s, à eux et elles seul.e.s compteraient-ils/elles, elles/eux aussi, pour les deux tiers ou plus des membres du parlement. Si bien qu’avec ce genre de portrait, pas d’un autre siècle mais on ne peut plus actuel, on peut constater l’insigne « ‘bon jugement’ » de la ministre qui a fait consacrer des dizaines et dizaines d’heures de dizaines et dizaines de personnes en niaisage face à son inconséquente obstination à refuser catégoriquement jusqu’à la fin que fût retenu plutôt un critère véritablement transpartisan a priori, soit que ce ne puisse plus n’être qu’UN PARTI qui, à lui seul, suffise pour effectuer des nominations ou congédiements pour lesdits postes requérant non-partisanerie. Si bien (bis) que cette loi 1, à l’égard de laquelle le PM le premier aime bien se péter les bretelles, ne vaut rigoureusement rien ultimement, et s’avère aussi inutile que futile et stérile. « Saugrenue », diraient ses deux… saugrenu.e.s larron.ne.s, à sa droite et à sa gauche immédiates.