360 nuances de Louis-José

On croyait que la scène n’avait plus de secret pour lui. Voilà que Louis-José Houde sort de sa zone de confort en montant sur la scène circulaire de la Tohu, une première dans l’histoire de l’humour au Québec.

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Photo : Jean-François Lemire

L’homme de scène

Le jour de notre rencontre, Louis-José Houde s’apprêtait à livrer la 347e représentation des Heures verticales, son troisième spectacle, en tournée depuis près de deux ans et vu par 300 000 personnes. Un enchaînement tellement rodé que la coqueluche de l’humour québécois doit ruser pour ne pas jouer comme un automate.

« Quand on donne un spectacle aussi souvent, il faut trouver des trucs pour ne pas tomber dans la routine. La scène circulaire, c’est la façon suprême de me mettre en danger ! Je travaille déjà un peu des mouvements scéniques adaptés, des rotations, mais je ne sais pas exactement comment ça va se passer, c’est la beauté de la chose. Je vais être tellement sur le qui-vive que ça va probablement donner un bon spectacle. C’est dans ces moments-là que je suis le meilleur, je le sais. »

Va-t-il changer son interprétation de sketchs qui ont fait et refait leurs preuves ? « Ça va être un peu différent, mais je ne veux pas tomber dans le piège d’en faire trop. D’ailleurs, actuellement, dans ma pratique, je travaille surtout à épurer. Je m’intéresse aux silences, qui sont très efficaces en humour », confie cet éternel élève des maîtres du genre.

« Jerry Seinfeld, on le connaît surtout pour son sens de l’observation, mais quand on s’y attarde, on voit que sa technique est très précise, il y a une mélodie dans son débit, un calcul de fait quant au poids des mots. Chez Yvon Deschamps aussi il y a de ça. Peu importe le type de scène, on a d’abord envie de les écouter. »

L’homme de lettres

Ce titre des Heures verticales, il est tiré de Voyage au bout de la nuit, le chef-d’œuvre de Louis-Ferdinand Céline. Étonnant ? Oui et non, quand on sait à quel point Louis-José Houde est un mordu de lecture.

Celui qui vient d’être nommé parrain du Prix littéraire des collégiens 2015 publie d’ailleurs toutes les deux semaines une chronique Livres dans La Presse. Une initiative qui en a d’abord fait sourciller quelques-uns, alors que l’espace pour une critique véritable se rétrécit comme une peau de chagrin, mais qui a rapidement séduit par sa tonalité rafraîchissante. D’autant plus que le chroniqueur en herbe est loin de ne s’intéresser qu’aux best-sellers du moment. Entre Philip Roth et de jeunes auteurs québécois tels Stéphane Achille ou Michel-Olivier Gasse, les recommandations de Louis-José ratissent large.

« Ce sont moins des critiques que des billets humoristiques, précise-t-il. Je fais ça sans la moindre prétention, mon but n’est que de donner envie aux gens de lire un peu plus », affirme celui qui, dans un emploi du temps réglé au quart de tour, pré­serve jalousement ses moments de lecture. « Après mes specta­cles, je suis complètement high. Parfois, je ne m’endors pas avant trois heures du matin. La lecture contrebalance, me calme. Lire un bon livre me procure un bonheur trois fois plus intense que de voir un bon film. »

La musique dans la peau

Louis-José Houde, c’est aussi l’incontournable visage du Gala de l’ADISQ, qu’il anime depuis 2006 et dont la préparation avale la moitié de son année. L’occasion pour lui de dire que l’avenir de l’industrie musicale n’est pas si sombre qu’il y paraît : « La musique ne disparaîtra pas, tout le monde en écoute. C’est le chemin qu’elle prend pour se rendre au consommateur qui change. Je n’amène pas de solutions, mais je rappelle ce qui va bien », ajoute celui qui a étudié en musique au cégep, et qui admet qu’on a plus de chances de le croiser dans une salle de concert qu’au spectacle d’un autre humoriste.

Louis-José est d’ailleurs très ouvert aux invitations de ses amis du milieu. Il y a peu, on l’a vu s’asseoir à la batterie, le temps de quatre chansons, durant un spectacle des Cowboys Fringants au Centre Bell. « J’ai tellement aimé ça… Faut pas le dire, mais mon rêve, ce serait de faire un show complet avec un groupe dont le batteur s’est cassé le bras ! »

(Les 20 et 21 janvier à la Tohu)