En librairie ce mois-ci

Numéro deux
de David Foenkinos
Attention, on entre dans une fiction ! Pour jouer Harry Potter au cinéma, des centaines de jeunes ont été reçus en audition. Au final, deux garçons, Daniel Radcliffe et Martin Hill, étaient à égalité. Qu’est-il arrivé à celui qui n’a pas été choisi pour incarner ce personnage phare ? Quels remous un tel non-choix peut-il engendrer ? Que deviendra le petit Martin après ce non qui lui reviendra en plein visage à toutes les sorties de films du célèbre sorcier ? Un roman solide sur les effets du rejet. (Gallimard, 240 p.)

De l’or dans les collines
de C Pam Zhang
Ce roman, campé au cœur de la ruée vers l’or, trace l’impossible trajectoire de deux jeunes sœurs américaines d’origine chinoise devenues orphelines. Dans une nature hostile, Lucy et Sam devront se montrer combatives pour survivre. Au fil de plusieurs allers-retours dans le temps, on découvre également l’histoire de leurs parents, qui ont dû affronter, eux aussi, la vie rude de l’Ouest. Ce premier roman, encensé par Barack Obama, est porté par une plume à la fois pudique et sensible. (Traduction de Clément Baude, Seuil, 336 p.)

Rouge avril
de Sylvain Lemay et André St-Georges
Cette bande dessinée nous ramène 10 ans en arrière, alors que le printemps érable battait son plein. Au même moment, Réal tente de publier son premier roman, qu’il décide de transformer en BD, avec le soutien d’un étudiant en bande dessinée. Or, rien ne semble fonctionner pour ce prof de littérature au cégep : des lettres anonymes l’accusent à tort d’avoir eu des aventures avec ses élèves, l’établissement où il travaille tarde à se joindre au mouvement de grève, bref, tout paraît tourner au ralenti. Un roman graphique tout humain où les rivalités scolaires voisinent la crise de la quarantaine. (Mécanique générale, 272 p.)

L’amour aux temps d’après
sous la direction de Joshua Whitehead
Il est pratiquement impossible de résumer succinctement ce recueil de neuf nouvelles postapocalyptiques où la science-fiction, la culture queer et la tradition autochtone se croisent dans un heureux mélange d’espoir et de solidarité. Ce livre est en quelque sorte un territoire inexploré qui bouleverse nos repères littéraires, notamment grâce à des textes empreints de sagesse et parsemés d’expressions autochtones dont le sens est expliqué dans un lexique à la fin. Si vous avez envie de découvertes, c’est par ici ! (Traduction de Sophie Voillot, Alto, 204 p.)

Novice
de Stéphane Dompierre
Une dizaine de personnes accros aux technos s’inscrivent à un camp de débranchement. Isolées dans le bois, il leur est défendu de publier des stories et de prendre en photo leur café — ou celui de leur voisine ! Le tout serait fort bucolique si ce n’était qu’un détraqué rôde autour du camp, bien déterminé à devenir un sanglant tueur en série. Dans ce huis clos meurtrier, tout le monde semble coupable ! On se réjouit du retour de Dompierre dans cette comédie d’horreur qui souligne avec brio nos dépendances technologiques. (Québec Amérique, 296 p.)

Les enfants de chienne
de Nicolas Delisle-L’Heureux
Dans les années 1990, Louise, Marco et Laurence, un trio aussi inséparable qu’improbable, font les quatre cents coups dans la région de la Haute-Côte-Nord. À la fin de l’adolescence, le groupe se disloque, des gens disparaissent, des vies se refont. Lorsque Louise revient dans le coin, des années plus tard, elle y croise le frère et la sœur de Laurence, installés dans un hôtel abandonné. Son retour permettra-t-il de déterrer les secrets du passé et de panser les anciennes blessures toujours vives ? Un roman choral au texte riche en poésie, même dans ses recoins les plus sombres. (Boréal, 320 p.)
Cet article a été publié dans le numéro d’avril 2022 de L’actualité.