
Quand elle a commencé les répétitions de la pièce Des arbres, qui traite notamment des enjeux de la procréation, Sophie Cadieux ne pensait pas avoir d’enfant dans un proche avenir. Et pourtant ! « J’ai fait une étape du travail préparatoire enceinte jusqu’aux yeux, puis j’ai joué neuf semaines, à raison de six fois par semaine, avec un bébé de 10 mois ! » Elle s’apprête à défendre de nouveau sur scène le texte du Britannique Duncan Macmillan, aux côtés de Maxime Denommée.
La pièce Des arbres a connu un vif succès au printemps 2016, le bouche-à-oreille a été très fort. Comment l’expliquez-vous ?
Je crois que la thématique du couple a interpellé le public, qui s’est reconnu dans les questionnements que pose l’engagement dans une vie à deux, avec ou sans bébé. C’était émouvant de voir l’âge des spectateurs, de 16 à 80 ans ; de voir que la pièce entrait en résonance, pour eux, avec la vie à venir ou celle qui s’écoule. En explorant certains stéréotypes, Des arbres conforte et bouscule simultanément. Je pense aussi que le dénuement de la proposition scénique et de la mise en scène (pas de décor, pas d’accessoires) provoque une participation accrue du spectateur, qui doit imaginer les lieux, les objets, et ainsi dessine avec nous l’histoire de cette femme et de cet homme.
Cette thématique de la procréation, quel écho a-t-elle trouvé en vous ?
Il est évident que je me suis posé des questions similaires à celles que comporte la pièce, tout comme Maxime d’ailleurs, qui a de jeunes garçons. En particulier en ce qui a trait à notre responsabilité d’amener un enfant dans ce monde surpeuplé, où la gestion des ressources est devenue un enjeu criant. Toutefois, je ne sais pas si c’est dû aux hormones, mais un espoir nous a traversés, celui de faire naître une vie remplie de possibles et d’inconnu. Je ne crois pas que ce soit égocentrique de penser ainsi, il s’agit plutôt d’une nature inhérente à l’homme et à la femme que de vouloir perpétuer l’humanité malgré ses défaites constantes, son absurdité et sa violence, en lui insufflant une bonne dose d’innocence.
Quelle influence la maternité a-t-elle sur votre manière d’exercer votre métier ?
Je n’éprouve aucune gêne à parler de ma maternité, mais je m’étonne qu’on tente aussi souvent de savoir ce qu’elle a changé dans mon rapport à mon métier. On aborde peu ou pas la question de la paternité chez les hommes créateurs, qui doivent pourtant composer avec les mêmes aléas d’organisation que les mères. D’ailleurs, pour être honnête, l’influence de la maternité sur mon métier réside plus dans un apprentissage de la gestion quotidienne que dans une métamorphose de ma perception du monde et de mon travail !
Dans la populaire télésérie Lâcher prise, dont Radio-Canada vient d’annoncer une deuxième saison pour l’hiver et où vous tenez le rôle principal, il est justement question des rapports entre vie professionnelle et vie familiale…
En effet. Valérie Danault, mon personnage, a le profil de la superwoman, celle qui tient les morceaux ensemble en se reléguant au deuxième plan et qui n’a même pas le temps de se demander si elle s’oublie. Elle incorpore le sport dans sa vie, comme une soupape, mais encore là, elle le fait dans une perspective de performance, de dépassement, comme si l’ensemble de ses activités parentales et professionnelles ne la comblaient pas. C’est un personnage complexe, dont je n’ai pas encore fait le tour.
Qu’est-ce qui vous a interpellée dans ce rôle ?
On parle depuis peu de la notion de « travail invisible » chez les mères professionnelles, et plus généralement chez les femmes. Ça désigne tout ce qui est accompli au quotidien comme tâches non rémunérées, notamment dans le contexte familial, et dont la valeur, bien souvent, n’est aucunement reconnue. Je crois que c’est cet aspect qui m’interpelle d’abord chez Valérie Danault, son entêtement à gérer la longue liste invisible de tâches et de préoccupations qui ronge de l’intérieur parce que sans fin, toujours à recommencer. Ça me semble éminemment contemporain comme thématique.
(Des arbres sera présentée du 25 septembre au 20 octobre à La Licorne, à Montréal ; du 31 octobre au 11 novembre au Périscope, à Québec ; puis en tournée dans la province.)
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Chants du pays
Passionné par l’histoire du Québec et les personnalités qui l’ont façonnée, l’auteur-compositeur-interprète Alexandre Belliard élabore depuis 2012 un concept de relecture du passé québécois qui mêle chanson, récit et poésie. Sous le titre Légendes d’un peuple sont parus à ce jour cinq livres-disques, une BD et un beau livre, notamment, sans compter deux spectacles offerts par des collectifs différents qui ont donné au total quelque 500 représentations. Le dernier en date, mis en scène par Yann Perreau et qui réunit sur scène Jorane, Salomé Leclerc, Daran et Belliard lui-même, en plus de Jean-Martin Aussant, qui s’exécute au piano avec autant de passion qu’il le faisait dans l’arène politique, sera en représentations supplémentaires les 7 et 8 août ainsi que les 6 et 7 septembre au cabaret Lion d’Or. Après quoi, l’idéateur rentrera dans ses terres pour préparer une trousse techno-pédagogique destinée aux élèves québécois.
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Abracadabrant
« C’est quoi son truc ? » (Le Parisien), « Bluffant ! » (Le Figaro Magazine), « Du jamais vu ! » (Télérama). C’est ce genre de commentaires qu’ont suscités les quelque 500 représentations qu’a données en France Alain Choquette au cours des trois dernières années. Le magicien québécois, reconnu pour ses tours inventifs — au point que la star de l’illusion David Copperfield lui en a chipé quelques-uns —, présente enfin de ce côté-ci de l’Atlantique son spectacle Drôlement magique, qui fait une large place au public. À voir les 13, 15 et 16 septembre au Théâtre Saint-Denis, là où sa carrière a pris son envol en 1993 avec le spectacle Première apparition, puis en tournée dans 24 villes du Québec.
Cet article a été publié dans le numéro de septembre 2017 de L’actualité.