
Elle rêvait de devenir psychologue, mais elle a fait des études en sociologie avant d’entrer, à 25 ans, à l’École de théâtre du cégep de Saint-Hyacinthe, pour en ressortir avant la fin et s’inscrire à l’École du show-business, côté production et gestion d’artistes. Elle fut quelque temps assistante de l’agent de la comédienne Jacynthe René. « N’étant pas encore maman moi-même, je n’avais pas le goût de materner quelqu’un à ce point-là. »
Sans rapport avec ce qui précède, elle s’enfonce dans une dépression qui l’ensommeille pendant deux ans. Elle émerge en fondant une compagnie, La Brigade des Hurluberlus, qui joue sur deux volets : l’animation théâtrale dans les services de garde et les écoles primaires de Montréal, et des ateliers d’apprentissage du français à l’intention d’immigrants en classe d’intégration linguistique. « Par le théâtre, je désinhibe ceux qui ont peur de parler en public dans leur langue d’adoption. Quand on s’abrite derrière un personnage, tout est plus facile. » En tout cas, les ados l’adorent, eux qui, cette année, pour le spectacle final, ont élaboré une création collective autour de la question « Comment vous sentez-vous dans la société ? »
L’animatrice-comédienne s’y sent de mieux en mieux. Elle passe des auditions, mais ne se fait pas d’illusions. « Des brunes frisées comme moi, il y en a des tas. Il faut faire preuve d’imagination. » Elle s’est donc inventé un personnage, Pâquerette Ouellette, « la plus grande chanteuse au monde », qui plaît beaucoup à ses élèves quand elle vient les voir. C’est la première fois que Pâquerette monte sur scène pour un spectacle entier (coécrit avec Gilles Cormier) : Mon amie la névrose, « conférence chantée » sur un thème qu’elle connaît de l’intérieur, présentée au Festival St-Ambroise Fringe, à Montréal.
Née à Saint-Fabien-de-Panet de parents épris, à l’instar de bien des Québécois, de chanson western – « le spectacle est une sorte d’exorcisme » -, Connie répand, en roulant les « r » comme des cigarettes, des paroles improbables et drôles. « Pâquerette, c’est mon clown. » On la croit sur démonstration : au milieu du café, elle extirpe d’un sac polochon la panoplie vestimentaire de son double et commence même à l’endosser. Sur scène, elle s’accompagne au mirliton et à la guitare, enveloppée pour l’occasion d’une robe assortie aux couleurs du costume de l’artiste. Le solo ne dure même pas une heure, juste assez pour savoir si on en reprendra plus tard.
Mon amie la névrose, salle Hour Stage (4247, rue Saint-Dominique), à Montréal, du 11 au 13, le 16 et du 18 au 20 juin, 514 849-3378. Au festival Fringe Montréal