Ce qui se cache derrière Dessiner dans les marges et autres activités de fantôme

Le livre Dessiner dans les marges et autres activités de fantôme, de Carolanne Foucher, est en lice pour les Prix littéraires du Gouverneur général 2022 dans la catégorie Littérature jeunesse – texte.

montage : L’actualité

Carolanne Foucher est dramaturge, poétesse et comédienne. Elle a publié trois recueils de poésie : Deux et demie, Submersible, et Dessiner dans les marges et autres activités de fantôme, ainsi qu’une pièce de théâtre, Manipuler avec soin. Elle injecte une bonne dose de pivots dramatiques et d’humour dans tout ce qu’elle écrit. Son écriture se classe quelque part entre le naufrage du Titanic et une limonade pétillante bien fraîche, l’été.

Comment s’est déroulée la création de ce livre ?

Extrêmement – et je pèse mes mots – bien. Ça a vraiment été une joie d’écrire un livre… doux. Le processus s’est fait doucement, et un moment donné sans que je m’en rende compte, j’avais écrit un livre. 

J’ai puisé dans ma propre expérience d’adolescente (qui s’éloigne tellement vite!) pour écrire, bien sûr, mais j’ai aussi essayé de parler au nom du plus grand nombre, parce que les expériences à cet âge-là sont vraiment diverses et puissantes. Écrire pour les ados, c’est une grande responsabilité parce que c’est un groupe qui en a beaucoup à dire et qui a la capacité de créer et de parler pour soi, et qui ne reçoit pas encore toute l’attention qu’il mérite. Quand on place entre les mains d’adultes comme moi le mandat de parler pour une génération qui n’est pas la nôtre, on a le devoir de bien la représenter, sans que ce soit cliché, ou exagéré. 

Que souhaitez-vous que les lecteurs retiennent de votre livre ?

Une chose qui était, et est encore, très importante pour moi et qui a guidé mon écriture tout au long du processus, c’est le fait que le genre du personnage principal et de son kick ne soit pas précisé. Comme ça, tout le monde peut se reconnaître, on évite le piège hétéronormatif et on inclut tout le monde: filles, personnes non binaires, garçons. L’écriture épicène traverse mon recueil, même si ce n’est jamais mis de l’avant frontalement, et je suis plutôt fière du résultat. Ce que je souhaitais, surtout, c’est de dire et de faire comprendre aux ados que tout le monde a droit de rêver à l’amour, peu importe sa forme, mais aussi que la période de l’adolescence et son sentiment de solitude ou d’étrangeté, même si on a parfois l’impression d’être la seule personne à vivre ça, et bien… on est beaucoup à le vivre, en fait. 

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Un extrait de Dessiner dans les marges et autres activités de fantôme

En maths
q. passe sa main dans ses cheveux
je voyage à Hawaï
il y a du sable
des fleurs comestibles
de la noix de coco
on surfe pour se rendre en algèbre

q. passe sa main dans ses cheveux
jette un coup d’oeil vers moi
un pas de côté
un échange de regards et nos corps en entier
se connectent
on se prend dans nos bras
on se dit bonjour d’une nouvelle manière

j’ai hâte de partager ma peau avec une autre personne
soulever un pan de mon drap de fantôme
échanger mon corps comme une carte Pokémon

q. passe sa main dans ses cheveux
jette un coup d’oeil vers moi
et je suis comme
aloha