Sylvie Laliberté est une artiste qui écrit. En 2007, paraît son premier livre : Je suis formidable mais cela ne dure jamais très longtemps, aux éditions Les 400 coups. Les éditions Somme toute ont publié Quand j’étais italienne en 2013 et Je ne tiens qu’à un fil mais c’est un très bon fil en 2015. Les travaux en arts visuels de Sylvie Laliberté ont été présentés dans différentes galeries et musées au Québec et à l’étranger.
Comment s’est déroulée la création de ce livre ?
J’étais effarée. Je me suis couchée dans mon lit et j’ai écrit pour tenir le coup. Mon frère était mort. J’étais en colère, assez pour dire enfin la vérité, celle qu’on avait toujours cachée. Je devais lui rendre hommage en écrivant notre enfance avec un père merveilleux et souffrant d’une maladie mentale.
C’était une entreprise désespérée : je voulais sauver mon frère de la mort.
Je voulais aussi en finir avec la honte de la maladie mentale. La honte, ça détruit les personnes.
Que souhaitez-vous que les lecteurs retiennent de votre livre ?
Je souhaite que les gens qui lisent se servent ; qu’ils prennent ce dont ils ont besoin. Je ne peux pas tout contrôler et je ne le veux pas. À la fin, je crois que le message, c’est que tout peut entrer dans un livre, même la mort, même la maladie mentale. J’aurais envie de dire que l’écriture comprend mieux que personne, mais ce n’est pas poli !
Bien sûr, je voudrais que la vie soit plus jolie, mais c’est déjà pas mal de découvrir que la mort, ça produit de la vie. Grâce au deuil justement.
Écrire, c’est penser, et penser son histoire, c’est la panser aussi.
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Un extrait de J’ai montré toutes mes pattes blanches je n’en ai plus
Jʼentends le mot « signalement » aux actualités. Le signalement est lʼaction dʼindiquer aux autorités quʼun enfant est en détresse. Dans une fine famille subtile et de bon goût, bungalow avec fenêtres en aluminium et tapis mur à mur, le signalement est impossible. On rajoute une couche de bon goût par-dessus la détresse. Les enfants bien vêtus : vont bien.