Ce qui se cache derrière La reconstruction du paradis

Le livre La reconstruction du paradis, de Robert Lalonde, est en lice pour les Prix littéraires du Gouverneur général 2021 dans la catégorie Essais.

Montage L'actualité

Artiste d’exception, Robert Lalonde poursuit avec succès une double carrière d’acteur sensible et généreux et d’écrivain accompli. On le retrouve dans plusieurs créations marquantes – Les oranges sont vertes de Claude Gauvreau, Le syndrome de Cézanne de Normand Canac-Marquis, Les Feluettes de Michel-Marc Bouchard.

Il assura la direction artistique du Quat’Sous (1996-97) et du Théâtre d’Aujourd’hui (1987-88) et enseigne le théâtre et l’écriture dans plusieurs institutions. On l’a vu dans de nombreuses téléséries, de Quelle famille ! à Au secours de Béatrice, et dans les films Mémoires affectives, Alys en cinémascope, Elles étaient cinq, J’ai serré la main du diable, Émilie

Il signe trois pièces, dont Monsieur Bovary, mise en scène par Lorraine Pintal, des adaptations, des traductions et plus d’une trentaine d’ouvrages littéraires (romans, nouvelles, poèmes), dont plusieurs primés et toujours salués par la critique. Plusieurs sont traduits en anglais et certains en italien. C’est le cœur qui meurt en dernier, finaliste Prix du gouverneur général 2014 a été produit au cinéma. 

Comment s’est déroulée la création de ce livre ?

La reconstruction du paradis est en fait un carnet témoignant de ma survivance à l’incendie qui a détruit entièrement notre maison, il y a trois ans.

Il s’agissait pour moi de faire, jour après jour, la narration d’un deuil qui s’est métamorphosé en renaissance.

Au fil des semaines, il est apparu que la métamorphose allait beaucoup plus loin que le simple compte rendu d’un sinistre. Il s’agissait en réalité de la découverte de raisons de vivre jusque-là insoupçonnées.

Je me suis laissé dire que le petit bouquin autorisait ses lecteurs à ne pas considérer comme fatale et définitive une tragédie qui fracasse mais n’enlève pas la vie. Que, contrairement à ce qu’on peut imaginer, dans l’œil du cyclone apparaît une accalmie qui permet non pas de recommencer, mais de commencer à vivre pour vrai.

C’est ce que j’ai aperçu derrière les flammes qui ont calciné ma maison, mais aussi, surtout, chauffé mon désir d’exister à fond.

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Un extrait du livre La reconstruction du paradis

Ce nulle part de la fin de mes nuits, c’est le no man’s land de l’exilé qui n’en croit pas ses yeux. Toujours il y aura l’ailleurs quitté, palpitant sous ses paupières. Il est forcé de vivre ici et là-bas, dans un même jour incertain, désormais sa seule et unique saison. Et si ma réelle identité était ce vagabondage entre l’incendie et la reconstruction du paradis? 

De passage nous sommes tous, arrivés nous ne sommes jamais: nous transitons, emplis à égale mesure de confiance et d’effroi.